Variante de la Covid : une baisse des contaminations en France peu probable selon un infectiologue

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 27 décembre 2020 à 16h09
Alors qu'un premier cas de contamination à la variante de la Covid a été confirmé ce samedi 26 décembre 2020 par la Direction générale de la Santé, le risque de ne pas voir rapidement une baisse du nombre de contaminations s'agrandit. C'est en tout cas l'estimation que fait Dr Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.

La France vient-elle de signer la fin de la baisse des cas de Covid sur son territoire pour cette fin d'année ? Alors que la variante du virus détectée au Royaume-Uni circule désormais en France, avec un cas confirmé à Tours par la DGS, la Direction générale de la Santé, le doute est bel et bien permis quant à une baisse logique - dû aux restrictions sanitaires en place et aux efforts faits jusqu'à présent - du nombre de cas. "Les estimations montrent que l'augmentation de l'accrochage par la protéine spicule du virus aux cellules permet probablement au virus d'être plus contagieux", explique ainsi le docteur Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, à nos confrères de Franceinfo.

Cette nouvelle souche "risque d'empêcher d'avoir un nombre de contaminations qui va descendre", poursuit-il. Quant à savoir s'il y aura d'autres cas de cette variante en France, "C'est une certitude", estime l'infectiologue. "On est dans le scénario qui ressemble fortement à février dernier où on avait une sorte de frontière morale avec des dépistages des gens qui revenaient de zones spécifiques, d'Asie, puis d'Italie, et on a vu que cet affichage dans le temps ne permettait pas de contrôler la circulation du virus", ajoute-t-il. Et de continuer : "C'est une maladie qui est souvent silencieuse, asymptomatique et donc on ne va pas réussir à traquer un virus asymptomatique dont le code génétique est différent".

Une mutation du virus qui risque de provoquer, en cas de contamination à grande échelle, une tension hospitalière. "On voit bien que si ce variant commençait à devenir prépondérant, nous serions très embêtés pour avoir un contrôle durable du virus", explique Benjamin Davido, tout en ajoutant qu'en Angleterre, "ils réfléchissent à accélérer la campagne de propagation du vaccin pour prendre le pas sur le virus.

Et en France ? Pourrait-on constater une accélération de la campagne de vaccination ? L'infectiologue répond par l'affirmative : "Cela peut permettre d'avoir une prise de conscience individuelle du fait que notre susceptibilité à ce virus est grande et que nos marges de manœuvre sont relativement faibles. Il a toujours un coup d'avance", indique-t-il. Il continue : "Est-ce qu'on veut que le virus prenne le pas avec un risque des augmentations des hospitalisations et des décès et peut-être un reconfinement ou est-ce qu'on veut accélérer le calendrier vaccinal pour que cet été on puisse espérer venir à bout de ce virus ?"... La question est posée.

Quant à savoir si cette variante de la Covid peut avoir un impact sur l'efficacité du vaccin, peu de chance selon Benjamin Davido : "Je n'ai pas particulièrement d'inquiétude. Mais si on a un ou plusieurs vaccins et qu'on ne se vaccine pas en France, on n'obtiendra pas cette immunité collective", explique-t-il. Et de conclure : "Si on veut qu'au bout il y ait un bénéfice de vaccination, il faut qu'on ait un nombre suffisant de Français, mais aussi dans le monde de gens vaccinés pour que cette épidémie s'arrête. On a un véritable match et il faut être présent dès le premier janvier".

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