Covid : 50 000 cas quotidiens à la mi-mars en France ? Les projections du CHU de Lille

Par Caroline de Sortiraparis, Rizhlaine de Sortiraparis · Publié le 1er mars 2021 à 22h06
Le variant anglais du Covid-19 poursuit sa progression en France. Selon le Pr Fontanet, membre du Conseil scientifique, "si on continue sur cette trajectoire", alors le variant britannique "deviendra majoritaire autour du 1er mars" dans le pays. Par ailleurs, les hôpitaux sont appelés à passer en "organisation de crise". Les experts du CHU de Lille prévoient une éventuelle explosion du nombre de nouveaux cas d'ici à la mi-mars dans leurs projections pour les prochaines semaines. D'ici le 20 mars, il pourrait y avoir jusqu'au 50 000 nouveaux cas positifs par jour.

A quelle vitesse se diffuse le variant anglais en France ? C’est la question que se posent de nombreux scientifiques, alors que cette nouvelle souche, baptisée « VOC 202012/01», circule désormais activement dans le pays, au point de devenir majoritaire parmi les personnes infectées.  

Dans le Journal du dimanche de ce 28 février 2021, deux experts du CHU de Lille publient leurs projections concernant l'évolution de l'épidémie du Covid-19 en France dans les prochaines semaines. D'ici le 20 mars, les spécialistes Philippe Amouyel et Luc Dauchet, professeur et maître de conférences en santé publique au CHU de Lille, prédisent une moyenne de 50 000 nouveaux cas quotidiens positifs au Covid-19 et à ses nouveaux variants. Au 26 février, Santé publique France comptabilise environ 30 000 nouveaux cas par jour.

En ce sens, les deux spécialistes du CHU de Lille estiment que le confinement est nécessaire. "On a gagné du temps sur le moment où on n'aura pas d'autre choix que le confinement", confie Luc Dauchet à Ouest France. D'ailleurs, par rapport aux prévisions de la semaine dernière contredites dans les faits par la relative baisse des contaminations, le professeur avertit des dangers de l'effet "yo-yo". "Au 15 février, on pouvait penser que ça passerait et on n'a d'ailleurs pas bien compris pourquoi ça a baissé. Mais il n'y a finalement pas tant de différence entre ce qui s'est passé et ce qu'on avait projeté. Il y a eu le même effet au mois de septembre avant la deuxième vague : une baisse puis une augmentation", souligne Philippe Amouyel au JDD. 

Selon l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, « si on continue sur cette trajectoire (...), on atteindra 30-35% à la mi-février et le nombre d'admissions à l'hôpital sera alors autour de 2000 par jour. Le variant deviendra majoritaire autour du 1er mars ». C’est ce qu’a confié ce membre du Conseil Scientifique dans un entretien accordé au Journal du Dimanche le 7 février dernier. Selon lui, « le couvre-feu et les vacances vont avoir un impact sur la circulation du virus en France, mais il ne faudra pas se contenter des chiffres globaux pour juger de l'évolution de la situation » a-t-il indiqué, précisant que « tout se jouera sur notre capacité à contrôler la progression du variant anglais. C'est désormais lui qui donne le La ; et qui imposera de nouvelles restrictions le cas échéant ».

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Invité de BFMTV ce 8 février 2021, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, également membre du Conseil Scientifique, a confié que les mois de mars et d’avril seront « difficiles ». [Lire la suite]

Selon une étude publiée le 16 janvier, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale estimait pour sa part que le variant anglais du Coronavirus pourrait devenir "dominant" en France, entre la fin du mois de février et la mi-mars 2021.

Pour arriver à telles conclusions, l’Insem s’est basé sur l'hypothèse d'une diffusion plus rapide de l'ordre de 70%, par rapport au SARS-CoV-2. Dans ce cas précis, alors le variant britannique serait majoritaire aux alentours de la fin février. Avec une contagion d’environ 50% plus rapide, le variant anglais serait alors "dominant" en France d’ici à la mi-mars.

Arnaud Fontanet, professeur à l'Institut Pasteur et au Cnam, ne cache donc pas son inquiétude et redoute une dégradation de la situation sanitaire, alors que le gouvernement a fait le choix de ne pas reconfiner. « Le gouvernement a choisi de laisser une dernière chance au non-reconfinement, au risque de voir la situation sanitaire se dégrader encore et d'être contraint plus tardivement au reconfinement », expliquait-il dans les colonnes du JDD. Lors de cette interview, le professeur a également évoqué les différents lieux de contamination.

Le 11 février, le ministre de la Santé affirmait pour sa part : "la pression reste forte mais elle n'augmente pas". "Les prochaines semaines nous diront si les mesures actuelles suffisent ou s'il faut se résigner à prendre des mesures de type confinement. Nous ne faisons pas de pari sur l'avenir, mais nous constatons que nous avons déjà gagné du temps et nous espérons en gagner suffisamment pour l'éviter", avait-il ajouté.

Mais l’inquiétude grandit, notamment à Dunkerque où le nombre de cas pour 100 000 habitants est désormais de 658, soit 3,5 fois plus élevé que dans le reste de la France. Mêmes préoccupations en Moselle qui fait face à une hausse du nombre de cas liés aux variants du Coronavirus.

Pour le moment, le gouvernement n’a pas annoncé de confinement national ou local, mais le ministère de la Santé a toutefois demandé aux hôpitaux de passer en « organisation de crise ». 

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