Covid : le variant anglais n'engendrerait pas plus de formes graves du virus selon deux études

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 13 avril 2021 à 10h53
Selon deux nouvelles études publiées lundi 12 avril dans The Lancet Infectious Diseases, le variant anglais de la Covid n'entraînerait pas plus de formes graves du virus, mais confirme une plus grande transmissibilité. Deux études qui qui vont à l'encontre d'une autre publication parue le 10 mars 2021 dans le British Medical Journal, indiquant que le variant anglais était 64% plus mortel que la Covid classique.

Le variant anglais de la Covid continue de susciter les interrogations... Selon deux nouvelles études publiées dans la revue The Lancet Infectious Diseases lundi 12 avril, la souche britannique du virus n'entraînerait pas plus de formes graves et d'hospitalisation que le coronavirus classique, mais aurait bel et bien une transmissibilité plus importante.

En quoi ont consisté ces études ? La première a ainsi analysé les données de 341 patients hospitalisés à Londres, entre le 9 novembre et le 20 décembre, au moment où ce nouveau variant commençait à prendre de l'ampleur sur le sol britannique. Sur ces 341 patients, 58% avaient été contaminés par cette souche du virus tandis que les 42% restants avaient été infectés par d'autres variants. Sur les 58% ayant contracté le variant anglais, 36% ont fait une forme grave de la maladie ou sont morts, contre 38% dans le groupe ayant été contaminé par une autre souche. Des données qui restent tout de même légères pour arriver à cette conclusion, l'étude n'ayant concerné que trop peu de personnes.

La seconde publication, parue cette fois-ci dans The Lancet Public Health, a quant à elle analysé les données d'un groupe bien plus important, comprenant 37 000 utilisateurs d'une application smartphone imaginée dans le but de signaler l'apparition de symptômes (un peu comme TousAntiCovid en France), entre le 28 septembre et le 27 décembre 2020. En tenant compte du nombre de personnes ayant signalé des symptômes chaque semaine, l'étude conclut que le taux de reproduction de la souche britannique était 1,35 plus élevé, mais n'avait pas engendré plus d'hospitalisation pour des formes graves.

Des résultats qui contrastent avec celles de la précédente étude sur le sujet, publiée le 10 mars dernier dans le British Medical Journal. Celle-ci indiquait que le variant anglais était bien plus mortel que sa forme classique, à hauteur de 64%. Une étude qui confirmait donc les premières observations observées fin janvier dernier et relayé par le Premier ministre britannique Boris JohnsonUne mortalité plus forte qui toucherait en particulier les hommes âgés.

"Il y a une haute probabilité que le risque de mortalité soit augmenté par une infection", ont ainsi expliqué des chercheurs des universités d'Exeter et de Bristol, responsables de cette étude. En quoi celle-ci a-t-elle consisté ? Les chercheurs se sont appuyés sur les données déjà existantes, comprenant 110 000 personnes testées positives à la Covid, entre octobre 2020 et janvier 2021. Des patients qu'ils ont ensuite suivis pendant 28 jours.

Parmi ces 110 000 personnes, la moitié a été infectée par le virus classique, l'autre moitié par le variant en question. Comme nous l'expliquent nos confrères du Point, les chercheurs ont par la suite comparé "la mortalité dans l'un et l'autre des deux groupes (141 décès contre 227), en prenant en compte certains facteurs comme l'âge, le sexe ou l'origine ethnique". C'est ainsi qu'ils ont constaté que le variant anglais était 64 % plus mortel.

En janvier dernier, le Premier ministre exprimait déjà lors d'une conférence de presse au 10, Downing Street des inquiétudes quant à la létalité de cette souche : "Il semble également, maintenant qu'il existe des preuves que le nouveau variant, qui a été identifié pour la première fois à Londres, et le sud-est (de l'Angleterre), peut être lié à un degré plus élevé de mortalité", avait-il indiqué. Et de s'appuyer sur les chiffres de son conseiller scientifique, Patrick Vallance, qui explique que le taux de mortalité avec ce nouveau variant est de 13 à 14 sur 1000, soit quelques points de plus que pour le virus "classique" (de 10 sur 1000).

Mais Patrick Vallance a tout de même tenu à ce moment-là à modérer ces affirmations : "je tiens à souligner qu'il y a beaucoup d'incertitude autour de ces chiffres", précisait-il, tout en indiquant une certaine"inquiétude qu'il y ait eu une augmentation de la mortalité ainsi qu'une augmentation de la transmissibilité". En attendant, cette nouvelle mutation du virus se propage partout dans le monde et touche désormais une soixantaine de pays

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