Cézanne et Paris : Itinéraire d’un avant-gardiste

Par · Publié le 25 octobre 2011 à 17h10
Du 12 octobre 2011 au 26 février 2012, l’intimiste Musée du Luxembourg vous invite à l’exposition « Cézanne et Paris », qui revient sur le parcours de l’artiste dans sa quête de reconnaissance dans la Ville Lumière.
Au programme de « Cézanne et Paris », pas moins de 80 œuvres qui se proposent, à travers un parcours délimité, de voyager en partant d’Aix-en-Provence (région native de Cézanne) et Paris, capitale et centre névralgique pour la création artistique au XIXème siècle.

C’est à 21 ans que Paul Cézanne ( 1839-1906), décide de monter à Paris pour rejoindre son ami d’enfance, Émile Zola. C’est donc ardant et décidé que le jeune Cézanne débute son apprentissage dans les rues et sur les toits de Paris. S’éloignant de la perception de Zola, pour Cézanne, la capitale est une ville « d’intérieur ». Il n’est pas question pour lui de peindre de la figuration narrative et s’oppose radicalement aux traitements que son ami Zola fait lui-même dans ses œuvres. Ce sont des lieux évidés et sombres, où aucune forme de vie ne subsiste qui marquent les débuts des toiles peintes à Paris.

Très vite, il construira ses paysages en dépassant les codes de l’impressionnisme ambiant. Notamment avec une reproduction de la toile La Seine à Bercy, de Guillaumin, sur laquelle il apposera des touches très colorées déjà constructivistes.

Cette entrée en matière dans la capitale et dans l’exposition, nous ramène très vite à la relation qu’entretenait Cézanne et Zola. Ce dernier n’aura eu de cesse de prendre partie envers des artistes réalistes comme Coubet ; naturaliste comme Daubigny ; ou encore impressionniste comme Pissarro et Manet.

La deuxième salle de l’exposition rassemble bon nombre d’œuvres émanant de la collection de Zola, à noter un portrait de l’écrivain qui n’avait été exposé depuis 1936 et qui fût nouvellement une acquisition du Musée Courbet. Une salle sombre où éclairs de couleurs et de références tapissent les murs. Cézanne est en effet très réceptif au travail de ses contemporain et rendra à de nombreuses reprises hommages à des artistes qu’il reconnaît comme maîtres : Bethsabé, œuvre inédite jamais exposée (d’après Rembrandt) ou Apothéose de Delacroix (d’après le Dante et Virgil de Delacroix), et Leda II, qui rend hommage au roman Nana de Zola, ce avant que leur relation ne se détériore.

Dans ses réécriture de grand maîtres, Cézanne exprime une relation très forte avec le passé. Il fera du Louvre son « Ecole », allant jusqu'à écrire « Le Louvre est le livre qui nous apprend à lire ». Ainsi, de nombreux croquis au fusain, rythment la suite de l’exposition, pour manifester ce désir de tradition de la rupture, rendue possible avec l’étude de l’Histoire de l’Art.

Dans la salle plus importante de cette exposition, Auvers/Pontoise/Melun, Cézanne nous dévoile les paysages hors de Paris. Après être devenu père, Cézanne s’éloigne de la grande ville vers 1872, et suis les conseils des impressionnistes, en allant au dehors. Façon pour lui de mettre en application les préceptes qu’il a appris dans la capitale et au Louvre. Et peindre, à la manière impressionniste, « vite » des sujets en « mouvements » dans un temps très court. Toute sa vie durant, il ne fera qu’allers et retours entre Paris et ses sources théoriques, et les grands espaces entres autres de Fontainebleau, Melun et bien sur la Provence, où aux contacts de paysage radieux, il mettra au monde moments et souvenirs lumineux dans des toiles prisent en extérieur. Retrouver un certain état de nature et s’en servir pour « faire de l’art impressionniste un art solide et durable dans les musées ». Entreprise accomplie, lorsque l’on sait que Picasso lui-même dira de l’artiste « qu’il était notre père à tous ». En tant que théoricien-praticien d’un courant corrélativement lié à une pratique réfléchie et sensible.

En témoigne l’œuvre du Pont de Maincy, (réalisé suppose-t-on, entre 1872 et 1880) où Cézanne « trouve » véritablement sa voie dans « la manifestation d’une multitude de couleurs solide » nous confie Denis Courtagne, Président de la société Cézanne et commissaire de l’exposition. A noter que cette dernière qui témoigne, comme dit plus haut, d’un lien entre Paris comme point d’aller-retour, et donc point de départ de son œuvre, n’est pas construite de manière chronologique. Les périodes s’étirent et se chevauchent, comme avec celle où Cézanne, Pissarro, Guillaumin se retrouveront chez le Docteur Gachet. Ensemble ils s’exercent à plusieurs pratiques, comme quelques travaux à l’eau forte, gravures et portraits croisés.

Entre 1873 et 1874, Cézanne avec sa Moderne Olympia, en réponse à celle de Manet, exprime une certaine diversité dans le choix des sujets. L’artiste se sert alors de son tempérament le plus violent et tourmenté pour aller au delà de représentations scandaleuses et érotiques, que pouvaient avoir fait Delacroix, Courbet ou Manet. Il fait de la figure de la femme et des corps, des symboles de tentations baroques, inhérents à Paris et ses eaux troubles.

L’exposition se clore sur les productions dex quinze dernières années de sa vie, de 1888 à 1906, date à laquelle il décède, Cézanne remonte toujours en région parisienne mais fuie les mondanités et s’en retourne à la solitude des paysages qu’il continue à peindre de Chantilly aux bords de Marne, parmi bien d’autres endroits.

Organisée par la Rmn-Grand Palais, en collaboration avec le Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, notons que cette exposition bénéficie de prêts exceptionnels. Un florilège de Musée internationaux sont ainsi représentés et ont permis des confrontations alors inédites de l’œuvre de Cézanne. Il est ici question de revenir sur sa vie d’artiste, ses itinérances et sur Paris, où il se confronta tant à la tradition qu’à ce qui sera la Modernité pour enfin, vers 1890 commencer à « attirer » l’attention de la critique et des acheteurs d’art.

Exposition à voir absolument donc, tant le propos alliés aux prêts exceptionnels font une véritable « cartographie » de l’œuvre de Cézanne avec en son centre, un théâtre comme Paris.

Ouverture :
De 9h à 22h du vendredi au lundi
De 10h à 20h du mardi au jeudi

Tarifs :
PT 12 €
TR 7,5 € : jeunes de 13 à 25 ans inclus, demandeurs d’emploi, famille nombreuse.
gratuité : moins de 13 ans, bénéficiaires des minima sociaux
(RSA, ASS, ASPA).

Billet spécial famille :
2 adultes/2 jeunes, gratuité pour le 2ème Jeune de 13 à 25 ans : 31,50 €

Cézanne, Le Quartier du Four à Auvers-sur-Oise (détail), vers 1873, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, USA. The Samuel S. White 3rd and Vera White Collection, 1967
© The Philadelphia Museum of Art
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Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 12 octobre 2011 au 26 février 2012

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    Lieu

    19, rue de Vaugirard
    75006 Paris 6

    Infos d’accessibilité

    Accès
    RER B station "Luxembourg", ligne 4 station "Saint-Sulpice", ligne 12 station "Rennes"

    Prévision d'affluence
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