La saison des orphelins

Par La Rédac · Publié le 21 juillet 2008 à 17h53
Oscillant entre la tendresse de La Guerre des Boutons et la violence de Sa Majesté des Mouches, et jouant sur les mécanismes d’une mémoire défaillante et le parallélisme de deux époques, LA SAISON DES ORPHELINS explore les méandres d’un parcours initiatique vers la vie adulte, marqué par le manque de la mère et l’imaginaire sans limites de l’enfance.
Date de sortie : 06 Août 2008

Réalisé par David Tardé

Avec Aurélien Recoing, Laurent Lucas, Aurore Clément

Synospis : Des enfants jouent... Sollicité par une
administration débordée en ces temps de Libération, M. de Montferrand
loge dans les dépendances de son château 6 orphelins. En fait, le sort
des enfants l’indiffère et il les laisse à la charge de ses employés :
un Allemand resté au pays et sa femme : « la chauve ». Le château,
isolé comme son propriétaire, éveille bien des questionnements et des
craintes de la part des enfants, notamment quand parfois, la nuit
venue, ils entendent depuis leur dortoir des plaintes dans la tour du
château.

Un nouveau pensionnaire arrive au domaine. Il fait la
connaissance d’Achille, le fils Montferrand, un garçon cruel et
despotique qui exige qu’on chasse la vipère pour le compte de son père,
biologiste passionné. Comme les six autres orphelins, Achille veut
faire du Nouveau l’un de ses sujets, mais l’enfant se rebelle et se
retrouve banni du groupe. D’un tempérament secret et mélancolique, le
Nouveau préfère s’isoler et s’échappe dans de longues promenades à
travers la campagne…

Printemps 1981, un homme, la quarantaine
banale, arrive au village de la Croix Brunière. Son nom, Alexandre
Gérard, réveille chez les villageois des souvenirs douloureux : trente
ans plus tôt, les orphelins du château avaient mystérieusement disparu.
Un seul fut retrouvé vivant, le petit Alexandre Gérard. Il errait,
terrorisé, à travers la campagne, une plaie à la tête et sans le
moindre souvenir.
M. Montferrand fut le suspect numéro un de cette
affaire. Mais sans corps, sans preuves et sans mobile, la culpabilité
ne pouvait être établie. Malgré une enquête particulièrement poussée,
on ne sut jamais ce qui était arrivé aux six autres. L’affaire
s’étouffa dans un souvenir lourd, presque tabou, pour l’ensemble du
village. Seulement voilà, Alexandre Gérard est revenu. Il a reçu une
photo de lui à 10 ans : c’est le Nouveau, attaché sur une chaise,
terrifié.
Qui a bien pu lui envoyer ce cliché, et pourquoi ?

Durée : 1h 41min













La saison des orphelins : Bande-annonce




Entretien avec le réalisateur, David Tardé

Comment définireriez-vous votre film ?
J’ai voulu créer un mystère, une histoire à énigme, se déroulant sur deux époques lointaines l’une de l’autre mais liées par une continuité narrative. Tout au long du film, l’hypothèse d’un crime crapuleux cohabite avec et la possibilité, fantastique, de l’intervention magique d’une Sorcière invoquée par un groupe d’orphelins. Donc comment le définir, je ne sais pas trop. J’ai voulu créer un univers : décalé, parfois étrange, inquiétant, onirique, complice, mélancolique, grotesque… Un univers où semble-t-il tout pourrait arriver… Un univers dans lequel il est agréable de se plonger, avec un doux frisson, comme lorsqu’on feuillette un livre d’illustrations d’Arthur Rackham.

Votre film a donc tout de ce que l’on nomme aujourd’hui « film de genre » ?
Peut-être mais jamais je n’ai jamais voulu faire un film de peur. Comme un « film de genre », j’ai cherché à imposer un univers à travers des codes et des clichés connus, jouant ainsi sur une connivence avec le spectateur. Alexandre Gérard (Laurent Lucas) entreprend un voyage au cœur de la dimension fantasmatique de son enfance, il aboutit au château - ailleurs exotique et intemporel - où il se retrouve aux prises avec le maître des lieux et avec sa propre énigme. Le châtelain renvoi à l’image de l’ogre, son laboratoire évoque une officine de savant fou, et ainsi de suite, tandis que l’Ange du Bizarre s’invite à la table de nos héros pour faire basculer le dîner dans une ambiance de plus en plus grotesque et inquiétante.

Votre film compte huit enfants, mais il semble plus destiné aux adultes.
J’ai souhaité faire un film confrontant le monde de l’enfance, plein de chimères, d’angoisses et de joies, à celui des adultes, beaucoup plus factuel, mais tout aussi emprunt de croyances dont il se sert pour le rendre moins insaisissable, moins inquiétant. De la sorte, je souhaitais tout simplement que le spectateur adulte embarque dans ce film comme s’il s’embarquait pour un tour de manège singulier, et qu’il en ressorte avec le souvenir de quelques belles surprises dont il se souviendra durablement. Dans ce sens oui, il est plus destiné aux grandes personnes mais c’est leur imaginaire et leurs souvenirs d’enfants, leurs angoisses surtout, que j’ai voulu ravivé chez eux. Mais le film flotte sur cette frontière, ténue chez l’enfant, entre réel et imaginaire, aussi intangible pour le spectateur qu’elle ne le devient pour les personnages. Je trouvais intéressant que la réalité s’imprègne petit à petit de l’univers du conte, celui qui parle aux enfants, comme si le film tout entier s’altérait dans une vision subjective d’enfant en jouant avec les codes du fantastique et du conte. Donc au finale des comptes, je ne sais pas trop à qui ce film est destiné…

Vous parlez de conte de fées, de sorcière. Votre film est toutefois bien réel.
Tout dépend de ce que l’on entend par réalité. L'enfant n'a aucun mal à faire confiance à ce que lui racontent les contes parce qu'il a la même façon de concevoir le monde. Il y trouve des images qu'il peut incorporer à ses rêves éveillés, nourrissant ainsi son imaginaire. Dans ce sens la force de l’imagination est souvent plus réelle, plus palpable, pour ceux qui y croient, que le monde visible.

Le choix d’orphelins, l’imagination n’est-elle pas débordante chez tous les enfants.
En l'absence de parents pour les aimer et d'adultes capables de les protéger réellement, les orphelins de ce film vont jeter leur dévolu sans limite, sans contrôle parental, sur un personnage qu’ils appellent « La Sorcière aux Seins Blancs ». Ils se laissent prendre au piège de leurs propres désirs, de leurs propres manques. Leur imagination prend le pas sur le réel et les limites de ce qui est autorisé de faire ou raisonnable de croire volent en éclat, ouvrant une brèche à leurs débordements. Dès lors, sans parent, sans autorité, sans mère, cette capacité à construire une réalité subjective prend le pas sur la réalité du monde.





Informations pratiques

Dates et Horaires
Le 6 août 2008

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