À une heure incertaine : critique et bande-annonce

Par · Publié le 6 janvier 2016 à 19h54
À une heure incertaine de Carlos Saboga, en salles le 10 février 2016, nous plonge dans le Portugal de Salazar durant la seconde guerre mondiale.

À une heure incertaine, au cinéma le 10 février 2016, est un huit-clos haletant se déroulant en 1942. Le réalisateur Carlos Saboga a choisi la seconde guerre mondiale comme toile de fond pour son histoire ; celle-ci est vue depuis le Portugal, un pays qui se tient à l'écart des événements. Bien que soumis à une dictature terrible, le pays devient paradoxalement un refuge pour des milliers d'exilés politiques.

Synopsis : 1942. Dans le Portugal de Salazar, deux réfugiés Français suspects, Boris et Laura, sont arrêtés. L’inspecteur Vargas, séduit par la jeune femme, décide de les cacher chez lui : un hôtel désert où il vit avec sa fille Ilda et sa femme gravement malade. Ilda découvre leur présence et, rongée par la jalousie, s’attache à les faire disparaître coûte que coûte…

L'essentiel de l'action d'À une heure incertaine se déroule dans un hôtel désaffecté. Le choix d'un huit-clos épouse la situation du Portugal pendant la dictature : tout dans le film renvoie à une impression d'isolement ou de fuite face à la marche de l'histoire.

Le décors est donc très uniforme et l'ambiance, crépusculaire. On suit avec délectations les déambulations de l'espiègle Ilda à travers des couloirs mal éclairés. De nombreuses pièces sont désertes ou présentent des meubles couverts de draps ; toutefois, la vivacité de la jeune fille contraste avec ce décor fantomatique. Attentive aux bruits et aux signes extérieurs, Ilda regorge de vie et est le principal moteur de l'action. Lectrice boulimique, son imagination sans borne la pousse à la transgression : elle ira même jusqu'à révéler ses pulsions incestueuses en lisant un épisode des Filles de Loth de L'ancien Testament.  

Dans cet univers clos et tout en clair-obscur, de nombreux secrets semblent habiter la pénombre. Secret de Vargas d'abord, qui héberge des réfugiés français chez lui et ce en totale contravention des devoirs qui lui incombent. L'homme est en effet un inspecteur en chef de la PIDE : s'il apparait d'abord sous des traits rigides et a une posture presque mécanique, on sent que le personnage renferme une profonde humanité. On pourrait même dire que Vargas est - après les deux français - le troisième exilé du film : ayant connu l'horreur des combats, notre homme est désormais convaincu que toute situation humaine est une situation conflictuelle ou instable. D'où la carapace qu'il tente de se forger. Cela dit, tous les personnages du film - de la bonne Deolinda au vicieux Jasmim - semblent avoir quelque chose à cacher.   

À une heure incertaine est un film à tiroirs qui, in fine, se révèle être bien plus que ce qu'il semble de prime abord. Alors qu'on croit aller voir une oeuvre sur le Portugal salazariste, on découvre que le réalisateur interroge moins le pays que l'époque dans son ensemble. Dès lors, le thème de l'exil forcé prend le pas sur celui de la dictature. Le film traite finalement bien plus de désertion, de trahison et d'amour que du Portugal. D'où son caractère universel et éternel.  

Bande-annonce : 


Infos pratiques :
À une heure incertaine
En salles le 10 février 2016  

  

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 10 février 2016 au 16 mars 2016

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