Qu'Allah bénisse la France : critique et bande-annonce

Par · Publié le 11 décembre 2014 à 8h39
Qu’Allah bénisse la France, en salles le 10 décembre 2014, est le premier film du rappeur Abd Al Malik, adaptation de son livre autobiographique. Il raconte l’histoire de Régis, un jeune lycéen qui vit dans une cité de Strasbourg, excellent en classe et qui tente de monter un groupe de rap. Filmé en noir et blanc, le film rappelle La Haine de Mathieu Kassovitz, en plus sérieux et tout aussi pessimiste.

Qu’Allah bénisse la France, peu de temps après la sortie au cinéma de Bande de filles de Céline Sciamma, invite à nouveau le spectateur en banlieue, celle de Strasbourg cette fois-ci. Des barres à la cathédrale, il n’y a qu’un pas, et pourtant… Il suffit de s’aventurer parmi les tours pour que la vie change de couleur et devienne noire et blanche. Abd Al Malik montre la vie dure des jeunes gens qui l’entourent, qui l’entouraient : emportés dans la mort par le sida, par des overdoses, enfermés en prison ou assassinés, la photo de groupe perd petit à petit ses participants, et devient fantomatique. Lui s’en est sorti ; il raconte.

Notre avis sur le film :

L’aventure de Régis, de son ami blanc et de son ami arabe rappelle très fortement celle de Hubert, Vinz et Saïd, protagonistes de La Haine. Mais alors que La Haine dédramatisait la noirceur de la banlieue avec quelques scènes cocasses et une certaine sublimation esthétique, Qu’Allah bénisse la France est beaucoup plus sérieux et froid.

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Régis évolue à côté puis à l'intérieur du commerce de la drogue, ses idéaux n'ayant pas fait long feu face à son urgent besoin d'argent, pour financer son projet de monter un groupe de rap. À côté de cela, il est bon en classe, lit des livres au milieu du chahut et fréquente une jeune fille charmante et réfléchie. Il tend petit à petit à devenir quelqu'un de spécial, un rappeur instruit, qui vend de la drogue tout en suivant une prépa littéraire. 

Talentueux, il l'est, et ne semble jamais en douter. Mais le groupe perd ses deux autres participants : l'un devient religieux (tout comme Régis, qui choisit de ne pas voir un péché dans la musique), l'autre part en prison. Régis n'arrête pas pour autant son ascension et arrive chez Skyrock en star-née. Il arrête de vendre de la drogue. Il se marie. Il a trouvé le droit chemin, et derrière lui, les fantômes de ses amis disparus résonnent dans ses chansons.

On peut reprocher à Qu’Allah bénisse la France une certaine rigidité : Abd Al Malik semble vouloir donner une leçon. La religion y est montrée avec une certaine raideur, comme une spiritualité pour se sortir l'esprit du vice. Certes, il montre ses amis qui ne l'écoutent que d'une oreille et ne s'en portent pas plus mal, et son hypocrisie, quand il vend toujours de la drogue alors qu'il prie avec ferveur... Il n'y aura finalement que l'argent et le succès qui lui permettront de rompre avec le commerce illicite. Et pourtant, l'ensemble a la saveur d'une morale du type "honneur et fierté", appliquée à toutes les sauces. Mais il est vrai que cet aspect-là montre un cinéaste qui se donne entièrement dans l'écriture de son scénario : cette sincérité sauve le film, et en fait un beau témoignage. 

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Bande-annonce :

Informations pratiques :

Qu'Allah bénisse la France
Réalisé par Abd Al Malik
Le 10 décembre au cinéma
Avec Marc Zinga, Sabrina Ouazani, Larouci Didi

Informations pratiques

Dates et Horaires
Le 10 décembre 2014

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