Difficile de ne pas tomber amoureux de Bertrand Bonello : ses films, sa voix hésitante, son visage anguleux, son regard angoissé, rien en lui n'est commun. Le réalisateur Antoine Barraud utilise son aura mystérieuse et lui fait jouer un rôle qui est à peu près le sien, celui d'un réalisateur en pleines recherches pour sa prochaine œuvre. Mais petit à petit, alors que celui-ci arpente les musées en compagnie d'une historienne de l'art encore plus mystérieuse que lui, son dos se tâche de rouge. Une petite rougeur tout d'abord, quoiqu'immédiatement inquiétante, puis une vaste étendue qui envahit son dos, le transformant en monstre. Car le monstrueux est ce qu'il va chercher avidement, dans diverses peintures et sculptures, du musée du Louvre au musée Bourdelle.
Le Dos rouge permet une très belle balade dans les musées parisiens : se centrant sur une peinture, une sculpture, la caméra s'attarde et invite dès les premières minutes à pénétrer un monde d'apparences changeantes, d'artifices heureux, de visages étranges. On redécouvre le spectaculaire Centaure mourant de Bourdelle, ou encore le double portrait de Chassériau, Les deux sœurs. On entre chez Gustave Moreau, on s'attarde sur un visage, puis sur ceux de ceux qui les contemple. C'est infime et grandiose... Les deux heures du film passent comme un soupir : on sort du cinéma riche d'une expérience rare, hybride, cinématographique et muséale.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
Le dos rouge
En salles le 22 avril 2015
