C'était un film, c'est devenu une expérience. Les attentats du 13 novembre 2015 sont intervenus deux semaines avant la sortie de Taj Mahal : inutile de préciser que ce contexte transforme complètement la vision que l'on peut avoir du film, la fameuse "expérience de spectateur". Comme nous, vous avez du lire des tonnes d'articles sur ce qui s'est passé entre les murs du Bataclan, dans cet espace confiné devenu brusquement si menaçant et meurtrier, vous avez du imaginer, vous sentir solidaires, empathiques... Et Taj Mahal apparaît tout d'un coup comme le moyen de vivre de l'intérieur l'angoisse haletante d'un attentat.
Taj Mahal raconte l'histoire de Louise, une jeune fille de 18 ans venue en Inde avec ses parents pour deux ans : les premières semaines, ses balades en ville et ses cigarettes à la fenêtre forment le calme terreau d'une installation compliquée dans ce pays si lointain. Puis, un soir, alors que les parents de Louise sont partis dîner, des terroristes pénètrent dans l'hôtel Taj Mahal. Alors commencent l'enfer, l'angoisse et l'attente. Louise se retranche dans sa chambre, puis dans sa salle de bain, entend des bruits, se cache sous le lit, aperçoit l'ombre des terroristes qui tambourinent à sa porte, ne cesse de téléphoner à son père, interpelle une voisine à la fenêtre...
Sans aucun effet spectaculaire, le film se focalise sur la manière dont Louise va vivre l'attentat. Stacy Martin est époustouflante de justesse : grâce à un jeu tout en retenue (à l'instar des choix de mise en scène de Nicolas Saada), elle fait corps avec l'incertitude qui habite son personnage ; cette incertitude, ces doutes et cette peur qui la caractérisent sont les mêmes que ceux que nous ressentons depuis le 13 novembre. La catharsis est ici totale. On sort sonné.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
Taj Mahal
En salles depuis le 2 décembre 2015
