Le saviez-vous ? – la montée en première division

Par · Publié le 15 novembre 2010 à 0h
Après avoir vu le Racing, racheté en 1966 par Sedan, ne survivre que quelques mois et le Stade Française de Peyroche sombrer pour une sombre affaire de vol dans les caisses, Paris a besoin d’un nouveau club d’envergure pour le représenter dignement en championnat, ce qui va aboutir à la création du Paris Saint-Germain. La scission du PSG avec le Paris F.C qui date du 16 mai 1972 va donner lieu à un événement aussi cocasse qu’inattendu : la montée en D1 des amateurs dirigés par "le gang des chemises roses" (Hechter, Talar, Borelli), au même moment que la relégation des prétendus professionnels du P F.C.
Le 4 juin 1974, la foule se presse pour arriver dans les travées du Parc des Princes (1). Ce jour-là, le PSG, qui n’a réellement qu’un an d’existence, affronte l’équipe de Valenciennes en match de barrage pour l’accession en première division. En effet, l’équipe de Just Fontaine a réussi l’exploit de terminer à la deuxième place du groupe B de D2. Alors que Lille et le Red Star sont assurés de figurer parmi l’élite la saison suivante, le PSG doit se défaire de l’US Valenciennes par deux buts d’écart pour accéder au plus haut niveau, car les Rouge et Bleu se sont inclinés dans le Nord par deux buts à un : après l’ouverture du score de M’Pelé à la 20e minute, Jeskowiak à la 61e et Wilczek à la 75e sur penalty ont donné la victoire à Valenciennes.

Si l’ambiance n’est plus celle de la grande époque qui voyait le Racing en découdre avec Reims, des "Allez Pa-ris, allez, allez, allez !" rageurs se font, malgré tout, entendre, ce qui empêche les quelques amateurs de Valenciennes d’être remarqués. A la différence des supporters, le camp parisien ne se montre pas d’une grande sérénité. Entre Fontaine et Hechter qui n’arrivent pas à cacher leur anxiété et Borelli qui cherche péniblement à rassurer, la tension est palpable.

A l’inverse, les visiteurs, eux, font preuve d’un certain calme qui se traduit par un jeu fluide dès le début de la partie, ce qui contraste avec une équipe locale plus que brouillonne. Cependant, c’est bien Paris qui ouvre le score par M’Pelé à la 32e minute d’une frappe surpuissante, suite à un bon service de Dogliani. La joie est de courte durée puisque Neubert égalise après seulement sept minutes.


Au retour des vestiaires, Wilczek profite d’une erreur de la défense pour donner l’avantage à Valenciennes. A ce moment, l’ambiance retombe et rares sont ceux qui y croient encore. De manière imprévue, les Parisiens arrête de calculer leurs efforts et jouent le tout pour le tout, n’ayant plus rien à perdre.

Sous l’influence d’un dogliani des grands soirs, le PSG pousse. Jackie Laposte centre pour Dogliani qui ne gâche pas l’offrande. Paris revient au score, mais Va est toujours qualifié. Juste après l’heure de jeu, Copin se fait chiper le ballon par Marella, l’ailier-droit du PSG, qui s’empresse de marquer à son tour.

Les deux équipes sont au coude à coude, et c’est un fait de jeu discutable et discuté qui va permettre au club de la capitale de se hisser dans l’échelon supérieur. Dans le dernier quart d’heure, Dogliani est lancé en profondeur. L’arrière-garde valenciennoise s’arrête, considérant que l’attaquant parisien était en position de hors-jeu. Mais l’arbitre de la rencontre, le célèbre Robert Wurtz, en a jugé autrement. Ainsi, Dogliani se présente seul face à Escale, le portier adverse, qui ne sait pas comment intervenir et commet l’erreur de reculer vers son but, ce dont le Parisien profite pour glisser le ballon au fond des filets, d’une petite frappe opportuniste succédant à une jolie feinte.

S’ensuit une ruée de joueurs de Valenciennes sur M. Wurtz afin de contester la validité du quatrième but parisien. Ce dernier refuse de revenir sur sa décision. Paris doit tenir durant les quinze dernières minutes. Le banc parisien est gonflé à bloc, surtout que M. Wurtz fait durer le plaisir en accordant beaucoup d’arrêts de jeu. Au coup de sifflet final, la foule hurle de bonheur alors qu’un attroupement se forme au bord du terrain : Fontaine, l’entraîneur parisien vient de faire un malaise dû à la trop grande joie de voir son club atteindre l’élite du football français.

Après la rencontre, les Nordistes continuent de polémiquer. "Il fallait faire monter Paris alors, on n’a pas hésité à léser Valenciennes !" (2), répètent-ils avec insistance. On sait maintenant d’où vient cette rengaine qui consiste à faire du PSG un club avantagé sous prétexte qu’il est celui de la capitale. Le lendemain, L’Équipe titrait : "Paris en terre promise, mais après quelle lutte !" Trente-six ans plus tard, on ne peut que lui donner raison puisque le club parisien n’a jamais quitté la Division 1 (devenue la Ligue 1) dont il est désormais le doyen.

Composition du PSG : Planchard – Quéré, Renaut, Leonetti, Cardiet – Laposte, Deloffre – Marella, Spiegler, Dogliani, M'Pelé.

Composition de Valenciennes : Escale – Joly, Coumba, Kuskowiak, Copin – Neubert, Verstraete – Jeskowiak, Zaremba, Wilczek, Six.

(1) Environ 20 000 personnes sont présentes d’après PSG Magazine (N°10, 16 janvier 1993.
(2) Le Goulven, Francis et Ichah, Robert, Paris SG 81-82, éditions PAC, Paris, 1981, p.16.
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