Orelsan ou la polémique des francofolies

Par · Publié le 15 juillet 2009 à 15h52
Cadeau empoisonné pour le 25eme anniversaire des Francofolies. La déprogrammation du rappeur Orelsan suscite une polémique grandissante, entre chantage politique et défense des libertés.
Le ton monte aux Francofolies. La déprogrammation du rappeur Orelsan est une véritable bombe à retardement qui ne demande qu'à exploser. Tout est parti de la chanson Sale pute dénoncée par certaines associations qui y voyaient une atteinte à la femme.
L'affaire s'est ensuite emballée très vite. Début juillet, Ségolène Royal (actuellement présidente du conseil régional de Poitou-Charentes) apprend que Orelsan doit participer au festival des Francofolies. Usant de son " pouvoir politique " dans la région, l'ancienne candidate aux présidentielles, fait pression pour que le concert du rappeur soit tout bonnement annulé. Jean-Louis Foulquier, le créateur historique du festival, n'a pas tardé à se justifier en donnant des détails : " Ségolène Royal s'est positionnée en maître chanteuse : ou on arrêtait la programmation ou on n'avait plus de subventions ". La bombe était amorcée...

Dès lors, à peu près tout le monde s'est indigné de cette décision. Olivia Ruiz a dédié son concert à Orelsan. Le chanteur de Tryo, Christophe Mali, s'est également dit " complètement contre l'annulation" de ce concert. S'il ne " soutient absolument pas la chanson ", il estime que c'est une " question de principe ". " Je suis pour la liberté d'expression, ce n'est pas une poignée d'associations qui va faire la pluie et le beau temps sur les festivals ", a-t-il ajouté.
Cali, qui avait été révélé par le même festival en 2002, a lui carrément décidé de boycotter son propre concert. " Il y aura un avant et un après Orelsan. Pour ma part, je boycotterai, avec tristesse mais conviction, tous ces lieux muselés ", a-t-il déclaré. Le chanteur qui soutient depuis longtemps Ségolène Royal a pris le soin de ne porter ses attaques que contre les organisateurs des Francofolies.
Au delà de la réaction du monde artistique, l'affaire prend désormais une direction politique puisque UMP et socialistes sont montés au créneau pour dénoncer une " censure " non justifiée.

Ultime paradoxe, en avril dernier, alors que le Printemps de Bourges résistait à la pression en maintenant la prestation d'Orelsan, le Parti Socialiste écrivait à son directeur pour le soutenir : " Le Parti socialiste est aussi profondément attaché à l’indépendance de programmation et de conception des directeurs d’institutions culturelles et des équipes de production et de création artistiques, tant il est vrai que la liberté d’expression et de création artistiques constitue également un droit fondamental, chèrement acquis, et qui demeure toujours fragile. "
Orelsan a déclaré souhaiter préférer rencontrer le ministre de la culture Frédéric Mitterrand au lieu de Ségolène Royal, " ce n'est pas Ségolène Royal qui arrangera mon cas. J'aimerais peut-être mieux rencontrer Frédéric Mitterrand qui, lui, est chargé de ça ". Là est d'ailleurs tout le problème...


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