Report : Hyde, l'ombre et la lumière.

Par · Publié le 26 octobre 2011 à 14h53
L’espace de trois petits jours, le Théâtre des Bouffes Parisiens, où se produisent déjà Chantal Ladesou ainsi que Jean-Luc Reichmann et Véronique Jannot dans Personne n’est parfait, accueillait une toute jeune pièce, intitulée Hyde, l’ombre et la lumière.
Isabelle Florel et Serge Kadoche, les metteurs en scène, ont décidé, avec cette pièce, de mettre en avant un point de vue, de mettre en lumière une hypothèse jamais soulevée jusqu’alors.

Avant toute chose, il faut savoir qu’entre 1886 et 1888, la ville de Londres se voit affligée de deux évènements qui marqueront à jamais son histoire et sa réputation. Premièrement, en 1886, Robert Louis Stevenson publie une petite nouvelle d’à peine 114 pages, qui pourtant fera scandale. Dans cet écrit intitulé L’Etrange cas du Dr Jekkyll et de Mr Hyde, Stevenson présente l’histoire d’un docteur respectable qui, faute d’un sel vicié utilisé dans une formule, se retrouve alors dédoublé. D’un côté, il y a lui-même, de l’autre, son double malveillant, Mr Hyde, criminel assoiffé de sang. Jekkyll ne peut contrôler l’arrivée de " cet autre " dans son propre corps qu’avec la dite potion, mais va vite trouver des limites à cette solution. Cette nouvelle de Stevenson a marqué les esprits à Londres, et a très largement choqué l’opinion publique.

En 1888, un autre fait capital s’empare de la presse locale. Un homme assassine des prostitués la nuit, dans le quartier de Whitechapel. Il les éviscère, les égorge. Très vite, il se fera lui-même appeler Jack The Ripper (Jack l’éventreur) en envoyant directement des lettres sous ce nom-ci. Depuis lors, les recherches sont restées vaines, personne ne sait vraiment qui était ce Jack l’éventreur. Un boucher, un médecin ? De nombreux scientifiques et intellectuels ont consacré temps et argent pour percer le mystère. Sophie Herfot, Patricia Cornwell… Sous forme de livre, elles ont également publié leurs découvertes. L'énigme reste entière.

Hyde, l’ombre et la lumière, s’expose ainsi sur la scène des Bouffes Parisiens avec une ambition nouvelle, celle de chercher, encore et encore. Ici, on nous propose cette solution : Mr Hyde, et Jack The Ripper, ne serait qu’un seule et même homme. Par définition, le respectable Dr Jekyll transformé en monstre la nuit venue serait ainsi l’éventreur de prostitués.

Le spectacle donné du 22 au 24 octobre sur la scène des Bouffes Parisiens est donc, par définition, sanglant et dérangeant. Interdit aux moins de 12 ans, l'ensemble de la pièce nous apparaît cependant très bon enfant. Mais tant mieux. On appréhendait les trainés de sang, les coups gisants. Rien de tout ça. Le décor est extrêmement réussi, divisé en 3 parties : la ruelle sombre de Whitechapel qui permet de jouer avec l’ombre et la lumière. Le salon du couple Jekyll, où Madame, Mary, interprétée par Florence Darel est épatante de pureté et de dignité. Tout à gauche, le laboratoire du docteur, fioles et gros livres reliés en pagaille. En costumes d’époque (nous saluons la beauté des robes de Mary Jekyll), les sept comédiens qui se partagent la scène sont justes, crédibles. Yannick Soulier, dans le rôle de Jekyll/Hide/Le Ripper, est puissant. Sa voix forte et profonde nous transporte, son allure nous éblouie. Comment un être aussi beau peut-il être aussi mauvais ? L’effet est saisissant. Petit bémol, le noir complet à chaque changement de scène aurait tendance à casser la continuité de l’histoire, et à nous endormir avec la petite musique discrète… Mais qu’importe, le tout est délectable, agréable à regarder, et extrêmement plausible. La mise en scène est judicieuse, sans trainer en longueur. Un sympathique moment de théâtre quand, comme nous, vous appréciez ces deux histoires, et en êtes toujours autant intrigués.
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