Report : Le Sacre de Nijinski, un ovni hypnotisant venu de loin.

Par · Publié le 20 mars 2013 à 22h58
Après des années de recherche, la chorégraphe Dominique Brun, grâce à des dessins de Valentine Hugo, à des vases grecs, mais aussi aux Carnets de Nijinski, dans sa version non expurgée traduite par Christian Dumais-Lwovski, fait ressurgir des ombres le Sacre du Printemps, et ce soir, au CND de Pantin, nous le découvrions.

Il nous arrive souvent de voir des choses étranges, ou singulières, dans le monde des arts vivants. Oubliez tout ce que vous avez vu avant : Dominique Brun a fait revivre le Sacre du Printemps chorégraphié par Vaslav Nijinski en 1913 pour les Ballets Russes de Diaghilev. Une expérience que, croyez-moi sur parole, vous ne serez pas près d’oublier.

On connaît beaucoup de choses sur le Sacre du Printemps. On connaît sa musique, évidemment, composée par Igor Stravinsky, œuvre mondialement connue. On connaît aussi le scandale qui eut lieux lors de la première, un soir de 1913, au Théâtre des Champs Elysées. Enfin, on connaît les adaptations, dont la plus connue reste naturellement celle de Pina Bausch. Mais une chose est certaine, ce qu’on ne connaît pas vraiment, c’est la chorégraphie authentique… 

Voilà à peine cinq petites minutes que le ballet a commencé, et déjà, nous nous mettons à la place de toute cette haute société parisienne de 1913, qui avait hurlé au scandale et quitté la salle (et rebaptisé l'œuvre "Massacre du printemps"). Pour nous autres déjà, en 2013, l’expérience est d’emblée singulière, prenante, déconcertante : est-ce vraiment Le Sacre, le fameux ?

La musique de Stravinsky, revisitée par Juan Pablo Carreno, offre à l’ensemble un air métallique et froide, comme venue dans loin, qui s’incère dans nos tripes et nos oreilles. Les danseurs, au nombre de six, vont assister au sacrifice du jeune artiste lyrique, avant de chacun être passé par le siège du sacrifié : leur corps sont froids, à la limite de l’humain, presque robotique, et dépourvus de tous sentiments, à part peut-être un semblant d’érotisme lointain. Leurs postules sont mortuaires, violentes, agressives. On retrouve ces positions latérales, aux consonances égyptiennes, que l’on avait déjà dans L’Après-Midi d’un Faune, du même Nijinski.

Le chorégraphe, en 1913, avait décidé alors de bafouer les codes qui régnaient alors à l’époque, les codes de la danse classique qui permettaient aux jeunes filles en fleur de s’identifier à un idéal. Si, de près ou de loin, cette chorégraphie proposée par Dominique Brun (et nous faisons confiance à ses études poussées) ressemble vraiment à cette fameuse représentation au Théâtre des Champs-Elysées, le sentiment de vivre un moment crucial de la danse est alors évident, et hypnotisant.

En deux mots, le Sacre du Printemps / Sacre #197 est sans doute un des spectacles les plus singuliers à voir, comme les Cahiers de Nijinski sont eux-aussi une expérience à sensations fortes.

Infos pratiques :

Sacre #197 au Centre National de la Danse, du 20 au 22 mars 2013.

Tarif : de 10 à 18€

Réservation : 01 41 83 98 98

 

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 20 mars 2013 au 22 mars 2013

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    Lieu

    1 Rue Victor Hugo
    93500 Pantin

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