Report : Un peu de tendresse bordel de merde ! au Théâtre de la Ville

Par · Publié le 8 février 2014 à 12h21
Le chorégraphe québécois Dave St-Pierre est de passage à Paris jusqu’au 15 février. De passage, non, pas vraiment. Avec sa troupe, il présente, en fait, trois pièces en alternance sur la scène du Théâtre de la Ville : La pornographie des âmes (2004), Un peu de tendresse bordel de merde ! (2006), et Foudres (2012). De quoi se faire une petite idée du monde dans lequel gravite Dave St-Pierre…

Ce soir du vendredi 7 février, c’était la première de Un peu de tendresse bordel de merde !, une pièce de presque 2 heures qui met en scène notre besoin terrible, inconditionnel, dévorant, de tendresse. Les quelques 28 danseurs qui prendront la scène du Théâtre de la Ville commencent d’abord par embêter le public, alors que celui tente de prendre place : ils nous collent, nous passent devant, parfois dessus, nous parlent, nous taquinent. Bon préambule, nous n’avons encore rien vu.

Sur scène déjà, un individu complètement nu nous faire des grands signes, et nous dit bonjour. Certains courageux lui rendent son « allo ». Dave St-Pierre se présente lui-même pour nous demander d’éteindre nos téléphones, pour nous souhaiter une bonne soirée. Les lumières s’éteignent, et, comme des spectres, la vingtaine de danseurs répartie dans les gradins rejoint progressivement la scène, et va s’installer sur une des chaises placées en fond. Le spectacle peut commencer…

En maîtresse de cérémonie, une certaine Sabrina se présente à nous. Maîtresse certes, mais aussi quelque part prêtresse, sous ses airs de Morticia Adams, talons noirs aux pieds, robes volantes, une élégance de glace, une élocution parfaite. Elle, elle a réussi à abandonner cette recherche continuelle de tendresse, de sexe. A un beau jeune homme, elle préfère la compagnie d’un gâteau. Ce n’est pas le cas des autres danseurs qui, maladroits, essayent de se toucher, mais se heurtent à de nombreux refus. Cette génération voit aujourd’hui la tendresse comme on la lui enseigne dans les films pornos : des fellations, du sperme, des culs en l’air et des claques sur les fesses.

Comme ils peuvent, ils se sautent dessus, ils se collent, ils se font cracher dessus. Nus, ils viennent se jeter dans un public ébahi, heureusement plutôt réceptif (ils furent très peu nombreux, les grincheux, à se lever et à quitter la salle). Cela ne durera cependant pas, et ils rejoindront la scène où tout se terminera comme cela avait été annoncé : avec tendresse, en « dodo collé », comme dirait Dave St-Pierre. Xavier Dolan, un autre génie québécois n’aurait-il pas dit, lui aussi, dans son film Les Amours Imaginaires, que « l’important, c’est se réveiller avec quelqu’un, c’est de dormir en cuillère » ?

On a lu que cela pourrait être de la provocation facile. Nous dirions plutôt que nous sommes là face à un mal être génerationnel, et que le chorégraphe l’exprime là avec les outils de ses idoles, tout en rajoutant un petit quelque chose qui devient le sien, et qui inspirera sans doute de jeunes chorégraphes. 

Infos pratiques :

Dave St-Pierre au Théâtre de la Ville, du 5 au 15 février 2014.

1er prog : les 6, 10 et 14 février

2ème prog : les 7 et 11 février

3ème prog : les 8, 12 et 15 février

COMPLET

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 5 février 2014 au 15 février 2014

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    Lieu

    1 Avenue Gabriel
    75008 Paris 8

    Infos d’accessibilité

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