Report : Soyons Loufoques, Soyons "Lucide"...

Par · Publié le 1er mars 2012 à 11h04
Sur la scène du Théâtre Marigny, Marcial Di Fonzo Bo, acteur et metteur en scène argentin, met sur pied une pièce de Rafael Spregelburgh, auteur qui ne lui est pas inconnu puisqu’il avait déjà monté « La Estupidez », «La Paranoïa » ou « L’Entêtement ».
Lucide, c’est avant toute chose, l’histoire d’une famille paumée qui ne sait guère vers où naviguer, avec un commandant de bord plus perdu que les autres. C’est l’histoire d’une famille aux étranges manies dont la réalité n’est toujours qu’onirisme, ou bonnes manières riment avec enfer.

Au cœur de cette famille, il y a Tété, mère de famille plus ou moins étrange, interprétée par l’excellente Karin Viard, qui régale encore et toujours de son talent. Sous sa perruque grise, elle campe une femme définitivement acariâtre, qui tente de refaire sa vie avec un joueur de tennis rencontré sur internet (Philippe Vieux), mais qui profondément, ne sait pas ce que c'est qu'être heureuse.

Son quotidien, morne et lugubre, se verra cependant bousculé par l’arrivée de sa plus vieille fille, Lucrère, campée par Léa Drucker, venue récupérer un dû : sa mère se met en tête que ce dû n’est autre que le rein que la petite a donné à son frère, alors que celui n’avait que 13 ans. Ce dernier, Lucas, interperété par Micha Lescot, ne s’en ai jamais vraiment remis, et se trouve aujourd’hui dans l’obligation de suivre la thérapie de Jean-Jacques Rosso, son thérapeute, qui le fait, entre autres, s’habiller en femme afin de couper le cordon maternel…

Grotesque, loufoque ? Et encore, vous n’avez rien vu ! Dans cette superbe pièce de Spregelburgh qui a vu tout le gratin cinématographique débarqué lors de la première, tout s’enchaîne, et rien ne se ressemble. Les absurdités sont à la chaîne, la cruauté est de plus en plus virulente. Quand finalement, on finit par se perdre dans ce dédale d’incohérences, et que, cela va de pair, on commence à lâcher prise, alors tout s’éclaire, et le dénouement se révèle être d’une force incroyable, et c'est alors à Karin Viard que revient le mérite de sublimer les 10 dernières minutes.

Menée par quatre acteurs dont le talent n’est plus à prouver, « Lucide » est, aussi et surtout, une pièce extrêmement bien montée, aux décors saisissants, et aux costumes hilarants. Le ton est on-ne-peut-plus juste, et c’est avec beaucoup d’humour que le quatuor Viard-Drucker-Lescot-Vieux se sort de ce méli-mélo sans queue ni tête. Mention spéciale, évidemment, pour un Micha Lescot extraordinaire, qui demeure jusqu’à la fin, le rayon de soleil de la pièce.

Infos pratiques :
Lucide au Théâtre Marigny jusqu'au 7 avril 2012
Du mardi au samedi à 21h, et le samedi à 16h30.
Tarifs : de 22€ à 45€

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