Lucrèce Borgia à la Comédie-Française, le report

Par · Publié le 27 mai 2014 à 15h07
Jusqu’au 20 juillet, Denis Podalydès présente à la Comédie-Française son adaptation de Lucrèce Borgia, une des pièces les plus brillantes (« la plus puissante », selon George Sand) de Victor Hugo, où se mêlent intensité, complot, et horreur

C’est quelque part la grande pièce de cette fin de saison au Français. Après de nombreux ratés pour l’administratrice en place, Muriel Mayette-Holtz, on croit bien fort au génie de Denis Podalydès pour redorer la saison du plus vieux Théâtre de France. Après Le Bourgeois Gentilhomme qui fit trembler les critiques (et les billetteries !) et les Méfaits du Tabac plus récemment au Théâtre des Bouffes du Nord, Denis Podalydès se lance dans l’Italie corrompue des Papes et des Doges, des poisons versés dans du vin de Syracuse et des carnavals enflammés où une femme est connue dans toute l’Italie pour être le pire des monstres…

Succès en vue donc pour Lucrèce Borgia. Ce succès prémédité, il l’est aussi par la présence sur le plateau, et dans la peau de la maîtresse de Maison j’ai nommé Madame Lucrèce, de Guillaume Gallienne, comédien devenu superstar après sa conquête tout talons enfoncés aux Césars du cinéma de cette année, où le comédien n’a remporté pas moins de 5 récompenses. L’engouement pour cette nouvelle production du Français réunit donc quelque part tous les éléments actuels du succès… Sans compter sur la présence d’Eric Ruf, en lisse pour obtenir la place tant convoitée d’administrateur dès le mois prochain…

Première grande particularité de cette adaptation de Lucrèce Borgia, c’est évidemment ce parti-pris du travestissement, bien courant il y a des siècles, quand les femmes ne pouvaient monter sur scène. Ici, Guillaume Gallienne campe divine Lucrèce Borgia, et reprend donc une rôle de femme, personnage qui lui va plutôt bien. D’un autre côté et face à lui, Suliane Brahim devient homme, et prend le rôle essentiel de Gennaro.  Rôle essentiel oui, puisque Gennaro est le fils caché de Lucrèce, et que c’est autour de cet amour issu d’une horreur (Lucrèce Borgia a eut cet enfant avec son frère) que tourne toute la pièce, et l’intrigue de celle-ci. On regrette cependant que Suliane Brahim n’en soit pas à la hauteur.

Eric Ruf, aux commandes et du personnage de Don Alphonse d’Este et de la scénographie, brille de partout. Son interprétation du mari jaloux et des amants de sa femme et du pouvoir de sa femme est juste, digne, superbe. Sa scénographie est particulièrement bien menée, et l’environnement de cette pièce n’est pas pour rien dans son succès. Le premier acte qui se déroule à Venise bénéficie particulièrement d’un décor resplendissant, où une simple toile peinte et quelques pilotis de bois trompent notre œil, nous emportent jusqu’à la Sérénissime, et nous font croire à du Canaletto (et qui a mieux peint la belle Venise que Canaletto ?) 

Horreur et humour, Victor Hugo manie les mots avec brio dans ce bout de récit sur la mythique famille italienne des Borgia qui a vu naître des papes, des cardinaux, des ducs. La langue est jouissive, le tout délectable. La Comédie-Française offre une des premières grandes pièces de sa saison. Il était temps. 

Infos pratiques :

Lucrèce Borgia, Salle Richelieu, Comédie Française, du 24 mai au 20 juillet 2014.

Du lundi au samedi à 20h30, dimanche à 14h (jours de relâches à consulter sur le site de la Comédie-Française).

Tarifs : de 13 à 41€

Réservations : 01 44 58 15 15

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 24 mai 2014 au 20 juillet 2014

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    Lieu

    2, rue de Richelieu
    75001 Paris 1

    Accès
    Métro Palais Royal - Musée du Louvre

    Tarifs
    CAT 3 : 13€
    CAT 2 : 28€
    CAT 1 : 41€

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