Coronavirus: la réouverture des écoles inquiète la Fédération des Médecins de France et syndicats

Par Manon de Sortiraparis · Publié le 14 avril 2020 à 11h53
Du côté de la Fédération des Médecins de France et des syndicats enseignants, l'annonce de la réouverture progressive des écoles à partir du 11 mai prochain fait grincer des dents et inquiète beaucoup.

Lors de son allocution du 13 avril 2020, le président de la République Emmanuel Macron a surpris beaucoup de Françaises et de Français en annonçant la réouverture progressive des crèches, des écoles, des collèges et des lycées, à compter du 11 mai. 

Alors que depuis le 16 mars dernier, 12,5 millions d'élèves et 2,6 millions d'étudiants suivent les cours à distance et que le bac et le brevet se passeront cette année en contrôle continu, le chef de l'Etat a expliqué avoir pris cette décision afin de "lutter contre les inégalités sociales et aider à la reprise du travail". 

"Trop d'enfants notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes sont privés d'école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents. C'est pourquoi nos enfants doivent pouvoir retrouver le chemin des classes", a précisé Macron, soulignant que "le gouvernement aura à aménager des règles particulières, organiser différemment le temps et l'espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants avec le matériel nécessaire.

Mais l'annonce de la réouverture des écoles à partir du 11 mai inquiète beaucoup de Français, à commencer par les différents syndicats enseignants. 

Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a réagi dès l'annonce du Président : "C'est tout sauf sérieux de rouvrir les écoles le 11 mai car on nous dit que tous les lieux publics sont fermés, les cinémas, les salles de spectacle, mais pas les écoles alors que l'on sait que c'est un lieu de haute transmission, de haute contamination, il y a un manque de précaution, ça paraît être en contradiction totale avec le reste. Il va y avoir une forte incompréhension de la part des enseignants, on a l'impression d'être sacrifié sur l'autel de l'économie. Reprendre dans un mois, comme si de rien n'était, ce n'est pas possible, car il n'y aura pas plus de gens immunisés, les enfants vont être ensemble à l'école, sans gestes barrière possibles, et ensuite aller dans les familles, chez les grands-parents, cela ne paraît pas du tout raisonnable." 

Même son de cloche du côté de la FSU, la première fédération syndicale de l'éducation, et de son secrétaire général Benoit Teste qui déclarait à RTL : "Le plan de rentrée paraît encore flou. Emmanuel Macron dit que toutes les conditions sanitaires seront réunies mais on a un grand nombre d'inquiétudes, on sait que le virus circule parmi les élèves. Reprendre normalement ne sera pas possible, donc qu'est-ce qui va être proposé en terme d'aménagement ? Est-ce qu'on va prendre des demi-classes ? On ne va pas pouvoir reprendre des classes à 35 !" 

Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat SE-Unsa, "Ce qui ressort de cette annonce c'est aussi de l'inquiétude. On nous parle de retour progressif, qu'est ce que ça signifie clairement? Et c'est le plus grand flou sur les conditions sanitaires dans lesquelles les enseignants reviennent. Ils ne pourront pas reprendre comme si de rien n'était le 11 mai. Tout le monde a entendu les inquiétudes de rebond du virus dans les semaines à venir, les enseignants ne veulent pas être les victimes de ce rebond en étant en première ligne avec des enfants toute la journée qui peuvent être porteurs."

Du côté de la Fédération des Médecins de France, la crainte règne aussi. Son président, Jean-Paul Hamon, déclarait ainsi à France Info : "La seule chose qui me tracasse un petit peu, c'est la réouverture progressive des crèches, des écoles et des lycées parce que là, je pense que ça fait courir un risque inutile. Les enfants n'obéissent pas forcément aux consignes, ils vont naturellement jouer ensemble et ils risquent de ramener le virus à la maison. J'ai entendu ce qu'a dit le Président sur les inégalités que ça crée au niveau des élèves, selon les familles. Mais je pense que c'est prématuré. On s'attendait tous à ce qu'il décrète des vacances jusqu'en septembre." 

Pour tenter de rassurer les enseignants et les familles, Jean-Michel Blanquer a été interrogé, ce matin, sur France 2. Il s'explique : "Le mot progressif est très important dans cette phrase parce qu'il est évident que tout ne va pas se passer du jour au lendemain. Le retour à l'école ne sera pas obligatoire le 11 mai. Encore une fois c'est un retour progressif, donc il va y avoir là aussi beaucoup d'aménagements c'est évident. L'objectif c'est qu'entre le 11 mai et le 4 juillet, nous ayons réussi cette re-socialisation qui permette de se remettre dans l'apprentissage. La façon de faire va s'élaborer au cours des deux prochaines semaines." 

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