Grippe, gastro : les gestes barrières freinent l'arrivée des virus hivernaux en France

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 8 février 2021 à 11h56
C'est un des rares effets bénéfiques de cette pandémie : toutes les actions mises en place pour lutter contre la Covid-19 permettent aussi de tenir à distance les virus saisonniers, comme la grippe, la bronchite et la gastro-entérite.

Cette nouvelle ravit les médecins. Eux qui, en cet l'hiver 2020-2021, craignaient de voir leurs cabinets envahis par des cas de grippe, de rhume ou de bronchiolite, ils ne peuvent que constater le recul important des virus hivernaux. L'absence de ces maladies saisonnières s'explique principalement par l'épidémie de Coronavirus.

La distanciation sociale, les lavages de main plus fréquents, la désinfection régulière des espaces et zones publics, et bien sûr le confinement, qui empêche les citoyens de se contaminer, ont permis de freiner brutalement la propagation des grippes et autres gastro-entérites.

Santé Publique France avait déjà observé en mars dernier que l'épidémie de grippe de 2019-2020 était plus courte que d'habitude, avec une faible mortalité. L'agence de santé expliquait, dans son bulletin du 11 mars 2020, que l'épidémie grippale n'a duré que neuf semaines, « soit deux semaines de moins que la durée moyenne des épidémies de grippe depuis la saison 2010-2011 en France. »

Dans un bulletin plus récent, en date du 4 novembre, Santé Publique France dévoile que sur 188 prélèvements naso-pharyngés analysés, aucun virus grippal n'a été détecté. Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste au sein de Santé Publique France, explique au Parisien que « les épidémies de grippe peuvent survenir dès fin décembre, le plus souvent à partir de janvier. Mais on commence généralement à capter à bras bas bruit une circulation des virus grippaux dès le mois de novembre. Cette année, les niveaux de détection de virus sont inférieurs aux années précédentes à la même période ».

Une bonne nouvelle que les médecins tiennent cependant à relativiser. Le secrétaire général de SOS Médecins, Serge Smadja, interrogé par le quotidien, assure que « pour cette saison, la grippe n'est pas encore là ». On peut donc s'attendre à voir un pic d'épidémie de virus grippal entre janvier et février 2021.

Cependant, la grippe hivernale ne devrait pas être aussi forte que les années précédentes. La campagne de vaccination, qui a débuté le 13 octobre dernier, a attiré beaucoup de monde. La France a même subi une rupture de stock des vaccins

De fait, quelques mois après le bulletin de Santé Publique France, les autorités sanitaires constatent toujours un recul net des virus hivernaux. Santé Publique France a publié un nouveau bulletin épidémiologique le 3 février dernier. Les scientifiques déclarent que « depuis le 5 octobre 2020, aucun cas grave de grippe n’a été signalé par les services participant à cette surveillance ». Un constat plus que bienvenu.

L'agence nationale tire ces résultats des observations des trois réseaux de surveillance sanitaires français : Oscour, le réseau qui comprend plus de 600 services d’urgences, SOS-Médecins, et le réseau Sentinelles, qui regroupe plus de 1 400 médecins généralistes et pédiatres. Tous ces professionnels de santé s'accordent à dire que la circulation des virus comme la grippe, la gastro-entérite et la bronchite est à un niveau très bas, grâce aux gestes barrières et grâce à la fermeture des lieux comme les bars et les restaurants, qui favorisent le brassage des virus.

Seule la bronchiolite est en augmentation chez les jeunes enfants : l'agence nationale de la santé dénombre 1 017 enfants de moins de deux ans admis aux urgences pour une bronchiolite, et un peu plus d’un tiers hospitalisés pour cette infection. L’Ile-de-France et la Guyane sont les régions les plus touchées, mais elles restent au stade pré-épidémique. 

Ce faible taux de contaminations n'est pas limité à la France : dans toute l'Europe, l'OMS et l'ECDC se réjouissent de l'absence de grippe. « La saison de la grippe en Europe a habituellement commencé à cette période de l’année, mais, malgré des efforts réguliers de dépistage de la grippe, l’activité grippale reste à un niveau très bas, probablement dû à l’impact des mesures de santé publique et de distanciation sociale adoptées pour freiner la transmission du SARS-CoV-2 », écrivent les deux organismes sur Flu News Europe.

Santé Publique France veut cependant rester prudent face à ces virus hivernaux. Le fait qu'ils ne soient pas encore très présents sur le territoire ne signifie pas qu'il n'y aura pas de grippe cet hiver : les pics épidémiques s'observent souvent en février ou mars. La situation est donc observée de près : les autorités sanitaires veulent à tout prix éviter un engorgement dans les cabinets médicaux ou les hôpitaux, déjà surchargés par les malades du Covid-19.

La difficulté de gérer cette situation s'accentue lorsque les symptômes du coronavirus et ceux de la grippe se ressemblent trop. Fièvre, fatigue, courbatures, maux de gorge ou de tête... Ces symptômes les plus fréquents correspondent aussi bien à un rhume qu'à une grippe ou au coronavirus.

Pour le docteur Gérald Kierzek, la vaccination contre la grippe est l'élément clé dans la lutte contre le virus. « La vaccination à titre individuel est particulièrement importante, mais également car elle va permettre au médecin de faire un diagnostic différentiel : si un patient est vacciné contre la grippe, et présente de symptômes du Covid, je vais plutôt aller vers cette piste », explique-t-il.

Sibylle Bernard-Stoecklin conclut : « la Covid-19 n'empêche pas complètement tous les virus de circuler, mais leur impact semble nettement diminué par rapport aux années précédentes, grâce aux gestes barrières en premier lieu. »

Informations pratiques
Commentaires
Affinez votre recherche
Affinez votre recherche
Affinez votre recherche
Affinez votre recherche