RER B : Alstom retire l'offre de Bombardier, l'intersyndicale exprime sa colère

Par · Publié le 10 février 2021 à 10h36
Dans le but de renouveler les trains de la deuxième ligne la plus fréquentée d'Europe, la RATP et la SNCF veulent faire aboutir l'appel d'offres avant le 29 janvier 2021. Seul obstacle en travers de la voie : Alstom, le constructeur français vient de racheter Bombardier, son principal concurrent. Les deux entreprises de transports et les associations d'usagers dénoncent une décision "consternante", qui a pour conséquence directe un retard de deux années supplémentaires dans la livraison des nouvelles rames. L'intersyndicale de Bombardier France accuse le constructeur de lui "enlever le pain de la bouche".

Entre Alstom, CAF ou Bombardier, qui sera le grand gagnant du gigantesque contrat de renouvellement des trains du RER B ? Alors que la RATP, la SNCF ainsi qu’Île-de-France Mobilités -les trois entreprises en charge du transport ferroviaire de voyageurs dans le Bassin parisien- devaient désigner l'entreprise en charge de livrer les 146 nouveaux trains flambants neufs qui circuleront sur les rames de la ligne RER B dès 2025, le constructeur Asltom vient de leur couper l'herbe sous le pied. 

Jusqu'alors, les constructeurs Alstom (France) et Bombardier (Canada), allié à l'espagnol CAF, se disputaient le contrat évalué à 2,5 milliards d'euros. Seulement, rien ne peut désormais empêcher le constructeur français Alstom d'avoir la main mise sur ce marché : la fusion avec Bombardier a été entérinée le 29 janvier, pour donner naissance au deuxième groupe mondial de matériel ferroviaire. Par conséquent, Alstom ne s'est pas gênée pour retirer immédiatement Bombardier de l'appel d'offres, expliquant que le contrat n'était pas viable. L'entreprise avait d'ailleurs retardé l'échéance de l'appel d'offres, par de nombreux recours en justice. 

L'intersyndicale se sent lésée 

Ce lundi 8 février 2021, l'intersyndicale de Bombardier Transport France laisse libre cours à sa colère. Dans un communiqué adressé à leur nouvelle direction, "l'intersyndicale Sud industrie, CGT et CFDT de Bombardier Transport France, s'insurge contre ces procédures à répétition de contestation d'une commande gagnée à la loyale". En ce sens, ils estiment que leurs nouveaux patrons veulent "leur enlever le pain de la bouche".

C'est d'ailleurs précisément ce que pense Karim Khatabi, délégué Sud, interrogé par l'AFP. "Alstom cherche-t-il à empêcher notre site de Crespin d'avoir son carnet de commandes perdurer après 2025 ? Cette commande, c'était du pain béni pour nous, avec un carnet de commandes jusqu'à 2032.On a l'impression qu'Alstom a pris les clés de la maison et bafoue toutes les règles d'information et consultation des salariés

Pour la RATP, ce rachat suivi du retrait soudain relèvent d'une manoeuvre de diversion, dont le seul but était de gagner du temps. Pourquoi jouer l'horloge, quand la victoire est déjà acquise ? D'après une source proche du dossier interrogée par Le Parisien, Alstom "estime que si Bombardier remporte le marché, l'offre canadienne ne sera pas assez rémunératrice, voire pas viable, économiquement". "Si le choix du vainqueur se fait après le 29 janvier, Alstom aura tout le loisir de revoir l'offre de Bombardier", indique-t-elle. Aussi, cette même source précise que "le vainqueur de l'appel d'offres sera probablement Bombardier-CAF, et ça, Alstom ne l'accepte pas". 

Une "honte", un "scandale", un "affront" pour les usagers

À en croire d'autres sources questionnées par le quotidien francilien, Alstom propose une facture 500 millions d'euros plus élevés que celle de son principal concurrent. Seulement, Île-de-France Mobilités et les deux entreprises publiques sont bien décidées à ne pas se ruiner. Quitte à passer à la vitesse supérieure : si l'appel d'offres est relancé, cela signifie des délais de construction rallongés, et des surcoûts qui pourraient se chiffrer à plusieurs millions d'euros. Sans compter que ce sont les contribuables qui en font les frais. Aujourd'hui, toutes les entités concernées n'ont plus vraiment le choix.

À ce sujet, les acteurs du réseau de transport francilien montent au créneau. Pour la présidente de la région Île-de-France et d'Île-de-France Mobilités (Régie francilienne de transport partenaire de la RATP et SNCF), Valérie Pécresse, il s'agit d'une "stratégie d'entrave absolument scandaleuse" d'Alstom. Elle demande au constructeur de "tenir sa parole", et de respecter le contrat de 19 milliards d'euros de commandes signé avec Bombardier.

Côté associations d'usagers, comme la Fédération nationales des associations d'usagers de transports ou l'association "Plus de trains", cette décision reste "une honte", un "affront" et un "scandale" pour les usagers. "Voilà comment sont baladés les usagers de la ligne RER/ Transilien la plus dégradée" regrettent ses représentants. 

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