Immobilier : les loyers des locations meublées en baisse à Paris grâce à l'absence de touristes

Par Cécile de Sortiraparis · Photos par My de Sortiraparis · Publié le 26 février 2021 à 10h50
Face à l'absence de touristes à Paris et dans plusieurs grandes villes, des biens meublés en location (habituellement loués pour quelques jours) sont repassés dans le marché des locations avec des baux classiques, entraînant une baisse des prix.

La crise sanitaire a définitivement bien des effets sur le marché de l'immobilier. Après avoir constaté une baisse des prix de l'immobilier et une migration des citadins vers la campagne, un nouvel effet se fait sentir. Plusieurs villes touristiques de France, dont Paris, Rennes ou Nantes, on constate une nette baisse des loyers des meublés

Le site d'annonces immobilières Seloger a publié une étude lundi 22 février 2021, étude relayée par le journal Le Monde. On y découvre que les loyers des meublés ont reculé de 11,5 % à Rennes, de 9,9 % à Nantes et d’en moyenne 1,5 % à Paris. Ce sont surtout les arrondissements centraux de la capitale qui connaissent la plus forte baisse des prix : – 2,9 % dans le 1er, – 4,9 % dans le 2e et jusqu’à − 7,4 % dans le 3e et – 14 % dans le 4e.

Même en sortant de la capitale, on observe des tendances similaires : à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), avec une explosion du nombre d'annonces de location (+ 178 % en un an), les prix sont à la baisse; avec une moyenne de 5,4% de recul du prix des loyers. Ce phénomène permet même de rendre les meublés moins chers que les locations nues.

Le Monde a demandé à Alexis Alban, directeur général de Lodgis, gestionnaire à la tête de 10 000 logements à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse…, de décrypter cette tendance. Ce dernier confirme que l'absence de touristes a joué en faveur de ceux qui cherchent une location : « après le premier confinement, nous avons vu arriver une vague de propriétaires qui louaient jusqu’ici sur les plateformes touristiques et qui, faute de clients, voulaient passer en location longue durée, avec bail d’un an, voire de neuf mois pour étudiantsLa moitié de ces bailleurs cherchait une solution d’attente de jours meilleurs, l’autre faisait délibérément le choix d’abandonner la location touristique, chronophage et pas si rentable que cela. »

Même constat chez ses concurrents. Lætitia Caron, directrice générale du site De Particulier à Particulier, voit régulièrement des annonces de locations meublées qui ne trouvent plus preneurs : « Nous repérons vite les appartements auparavant voués au tourisme, avec leur décoration neutre, standardisée pour plaire à tout le monde. Ces annonces restent longtemps sur le site, sans trouver preneur. » Elle se réjouit du changement de situation, bénéfique pour ses clients : « Comme les bailleurs font, en général, plus d’efforts pour les touristes que pour des habitants, ces nouveaux biens qui arrivent sur le marché viennent rehausser la qualité des meublés habituels et les candidats locataires peuvent donc se montrer exigeants sur l’équipement et sur l’état général. »

L'absence de touristes n'est pas le seul facteur expliquant cette soudaine hausse de biens en locations vides. De nombreux étudiants ont choisi d'abandonner leur logement et de repartir chez leurs parents en 2020, à cause des confinements. Avec cette clientèle en moins sur le marché, le parc de location s'est largement étendu.

Pour Alexis Alban, les effets de 2020 sur le marché immobilier vont perdurer : « Cette mutation pourrait durer longtemps, car les bailleurs sont désormais engagés par des baux d’un an renouvelables et ne pourront pas facilement faire marche arrière quand les vacanciers reviendront. »

La baisse des prix des loyers doit donc se maintenir, d'autant plus que l’encadrement des loyers va se généraliser à l'ensemble de la capitale d'ici la fin de l'année, permettant de modérer les prix excessifs. L’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne estime qu'entre juillet et décembre 2019, au tout début de son application, ce dispositif d'encadrement des loyers a contribué à modérer d’en moyenne 3 % les loyers de 38 000 logements parisiens, sur un parc total de 500 000 logements.

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