Tatouages : certaines encres de couleurs désormais interdites en Europe

Par Caroline de Sortiraparis, Cécile de Sortiraparis · Photos par Caroline de Sortiraparis · Publié le 5 janvier 2022 à 19h04
C’est une réglementation européenne qui risque de causer beaucoup de tort aux artistes tatoueurs. Depuis ce 4 janvier 2022, plusieurs coloris de tatouage sont interdits, en raison de produits chimiques présents dans certaines encres.

Alors que les tatouages s’affichent de plus en plus sur les corps des Français, la réglementation européenne autour des tattoos a évolué ce mois de janvier 2022. « Pour protéger les citoyens européens, des milliers de produits chimiques dangereux présents dans les encres de tatouage et le maquillage permanent seront soumis à des restrictions dans l’UE en vertu du règlement REACH à partir de janvier 2022 » explique l’Echa (l’Agence européenne des produits chimiques) sur son site internet. Aussi, les experts de cette agence ont recommandé dans leur rapport - réalisé à la demande de la Commission européenne en 2015 - d’interdire plusieurs coloris qui, selon eux, sont composés de substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques.

« Les encres de tatouage et le maquillage permanent sont un mélange de plusieurs produits chimiques. Ceux-ci peuvent contenir des substances dangereuses qui provoquent des allergies cutanées et d’autres effets plus graves sur la santé, comme des mutations génétiques et des cancers » explique l’Echa dans son rapport.

« Les pigments d’encre peuvent également migrer de la peau vers différents organes, tels que les ganglions lymphatiques et le foie [...] Étant donné que les produits chimiques utilisés dans les encres de tatouage et le maquillage permanent peuvent rester dans l’organisme toute la vie, il existe également un risque d’exposition à long terme aux ingrédients potentiellement dangereux » peut-on encore lire.

Ce mardi 4 janvier 2022, les règles ont donc changé pour les tatoueurs en Europe. Le seuil de centaines de substances contenues dans les encres est désormais abaissé, et 25 pigments (rouge, orange, jaune...) sont interdits par le Règlement européen. Par ailleurs, les encres acquises en septembre 2021 ne seront plus conformes à partir de janvier 2022.


Un règlement que dénonce le Syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) : « Ces pigments constituent la majeure partie de la palette pigmentaire des grandes marques les plus diffusées en Europe, principalement issues de fabrication américaine. Leur remplacement par de nouveaux produits en quelques mois est un véritable challenge. À ce jour, aucune encre sur le marché européen ne serait conforme à ce nouveau règlement » expliquent-ils. 

Puis, à partir de janvier 2023, la réglementation européenne va encore évoluer, avec l’interdiction de deux autres pigments, très utilisés par les tatoueurs, à savoir les pigments Blue 15:3 et Green 7. « Aucune alternative technique n'existe pour remplacer » ces deux pigments, alerte le SNAT qui précise que « leur bannissement va conduire de fait à une exclusion de plus de 60% des gammes de couleurs actuellement sur le marché ».

Une pétition a donc été lancée pour maintenir certains pigments dans les encres de tatouage. « Les fabricants européens (rares), les distributeurs européens et bien sûr les tatoueurs européens, vont se retrouver dans une situation compliquée quant à l'utilisation d'une grosse partie de leur palette de couleurs. En affichant l'objectif de sécuriser des pratiques, cette restriction infondée ne fera que pousser les utilisateurs vers l'utilisation de produits non conformes. » expliquent les auteurs de cette pétition.

Les tatoueurs et leurs syndicats sont indignés de ces nouvelles mesures. « À aucun moment la notion de dosage n’a été prise en compte, alors qu’un tatouage introduit une quantité limitée de produit dans la peau. Et il n’y a pas d’exposition répétée comme avec certains produits cosmétiques », s'insurge Karine Grenouille, secrétaire du Syndicat National des Artistes Tatoueurs dans les colonnes des Echos.

Les artistes tatoueurs sont très inquiétés des retombées de cette mesure sur leur activité. En supprimant ces encres, la nouvelle réglementation réduit fortement leur capacité de travail. « Il faut entre cinq et dix ans aux fabricants pour créer de nouveaux pigments » affirme Karine Grenouille sur 20 minutes. Un délai trop long pour pouvoir combler ce vide créé par la mesure.

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