Coronavirus : la recherche d'un vaccin s'accélère

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 13 mai 2020 à 15h42
Pour lutter contre le Coronavirus, les laboratoires accélèrent encore et toujours la cadence pour trouver un vaccin. Où en est réellement la recherche aujourd'hui ? On fait le point sur les avancées et autres découvertes prometteuses.

La recherche d'un vaccin pour lutter contre le Coronavirus avance... Et pour cause, plus d'une centaine de projets de vaccin est actuellement à l'étude, et pour certains, des essais cliniques sont même dores et déjà en cours, partout dans le monde. Petit tour d'horizon sur où en est la recherche aujourd'hui.

Fin avril, l'OMS dénombrait un total de 76 projets de recherche pour un vaccin, dont cinq étaient déjà en phase d'essai clinique. Un nombre qui n'a pas cessé de grimper depuis puisque lundi 11 mai dernier, l'organisation en comptait 110, et huit étaient au stade de l'essai clinique. Un chiffre assez différents pour la London Scholl of Hygiene & Tropical Medicine, qui de son côté dénombre pas moins de 157 projets de vaccin, ainsi que 11 d'entre eux en phase d'essai clinique.

Ces projets, l'Organisation Mondiale de la Santé les a classé en huit catégories, correspondant à "des types de vaccins éprouvés ou au contraire expérimentaux" selon nos confrères de Ouest France. Parmi ceux-ci, on compte des projets de vaccins de type "vivants atténués", "inactivés", "sous-unitaires" (à base de protéines), "à vecteur viral" (utilisant des virus fabriqués dont l'unique but est de susciter une réaction immunitaire et produire naturellement des anticorps) ou encore, plus innovant, des projets de vaccin "à ADN" ou "à ARN", utilisant des matériaux génétiques modifiés.

La recherche américaine à la pointe 

Aux Etats-Unis, beaucoup de projets sont à l'étude, mais l'un d'entre eux pourrait bien aboutir : des chercheurs en médecine de l'Université de Pittsburgh ont en effet annoncé au début du mois d'avril, via la très sérieuse revue médicale Lancet, avoir peut-être trouvé un potentiel vaccin pour contrer le COVID-19. Une annonce qui fait surtout état des découvertes de l'équipe de scientifiques, expliquant qu'elle pense avoir mis au point un vaccin "qui pourrait avoir un impact significatif contre la propagation du virus".

Comment celui-ci pourrait être administré ? Il s'agirait d'un patch facile d'utilisation, pour une administration indolore, à placer sur le doigt. le docteur Louis Falo, chercheur à l'Université de médecine interrogé par CBS Pittsburgh, explique : "Cela ressemble grandement à un pansement composé de toutes petites aiguilles dans lesquelles nous incorporons le vaccin directement". Comment ça fonctionne ? Il poursuit : "Lorsque les micro-aiguilles sont dures, elles peuvent pénétrer les couches de la peau. Et alors qu’elles absorbent son humidité, elles se dissolvent et relâchent l’antigène dans la peau".

Une piste très sérieusement étudiée, parmi beaucoup d'autres dans le pays, et une production qui pourrait tout aussi s'accélérer. Et pour cause, le laboratoire pharmaceutique Pfizer explique de son côté miser sur la production "de10 à 20 millions de doses de vaccin expérimental d’ici la fin de l’année", comme l'indique nos confrères de Ouest France. Une quantité astronomique qui pourrait également accélérer l'éradication du virus, à la condition que le vaccin soit viable. A noter également que Johnson & Johnson, entreprise pharmaceutique américaine, travaille également sur un vaccin.

Et la France dans tout ça ? 

En France, la recherche avance également à grand pas sous la houlette de l'Institut Pasteur qui prévoit même des essais cliniques sur trois projets de vaccin dès le mois de juillet 2020, dont un, basé sur un vaccin de la rougeole modifié, qui pourraient donner de potentiels résultats en octobre. "Les feux verts sont attendus pour juillet" explique ainsi l'une des coordinatrice de l'Institut, Christiane Gerke. Et de poursuivre : "Les essais cliniques démarreront immédiatement après ces feux verts. Les premiers résultats de la phase I sont attendus pour la fin d'octobre. La phase II ou phase II/III est prévue pour début décembre".

Elle précise également le processus à suivre pour une production du vaccin : "dès que suffisamment de données ont été collectées sur la qualité, la sécurité, l'efficacité, l'immunogénicité et la performance du vaccin, un classement pour utilisation en urgence par l'OMS peut être demandé" souligne-t-elle. Elle continue : "ceci permet l'utilisation de produits qui ne sont pas encore autorisés. Il faut aussi tenir compte du fait qu'il faudra planifier en même temps une fabrication à large échelle pour préparer rapidement des centaines de millions de doses".

Une recherche mondiale contre le Coronavirus

Une avancée significative, mais cela ne signifie pas une commercialisation pour tout de suite. Cette étude, comme toutes les autres, doit suivre un processus qui pour le moment n'a pas beaucoup évolué. Concernant cette étude américaine, après le test sur des souris, qui s'est avéré concluant, des essais cliniques sur les humains doivent désormais être menés. La FDA, l'Agence américaine du médicament, devrait donner son feu vert assez rapidement et si le processus de recherche suit son court, une production pourrait être envisagée avant la fin de l'année.

A côté de cette étude, d'autres recherches sont en cours partout dans le monde. Le mois dernier, par exemple, plusieurs chercheurs ont émis l'hypothèse que le BCG, le vaccin contre la tuberculose, entre autre, pouvait faire office de barrage au COVID-19. Des essais cliniques sont d'ailleurs en cours aux Pays-Bas au Centre médical de l'université Radboud, en collaboration avec l'Université d'Utrecht.

On peut également évoquer l'Institut Max-Planck de biologie infectieuse, en Allemagne, qui travaille sur un vaccin génétiquement modifié développé par le laboratoire Serum Institute of IndiaEn Australie, le CSIRO, l’agence australienne de la recherche scientifique, a dores et déjà mis en place des tests précliniques (sur des animaux) pour deux vaccins potentiels, l'un développé par l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, et l'autre par Inovio Pharmaceuticals, aux États-Unis.

En Chine, on se dit prête également à produire des vaccins en masse, comme l'annonce Sinovac Biotech, l'un des quatre laboratoires actuellement autorisés à faire des essais cliniques. Au total, 100 millions de doses sont prévues à la production par an, mais encore faut-il que son vaccin soit efficace et aboutisse à des résultats concluants.

La filière biotech est donc bel et bien sur le pied de guerre. C'est le cas de Moderna Therapeutics, plus orientée génétique, qui a lancé une étude reposant sur le principe de "thérapies protéiniques". L’idée développée par Moderna Therapeutics ? Reprogrammer l’ARNm, l’acide ribonucléique messager, pour que notre organisme produise lui-même les protéines essentiels pour lutter contre le virus. Quoi qu'il en soit, il va encore falloir attendre un bon moment pour avoir un virus viable. Les scientifiques les plus optimistes parlent d'un vaccin opérationnel d'ici un an, voire plus. En espérant que la crise soit passée d'ici là.

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