Hold-Up : le documentaire qui présente la Covid-19 comme un complot mondial

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 13 novembre 2020 à 14h21
Le Coronavirus au centre d'un complot mondial : voilà le sujet central du documentaire Hold-Up, réalisé par Pierre Barnérias. Un film qui fait polémique pour plus d'une raison.

« Nous sommes 7 milliards à avoir été pris en otage ! » Voici le slogan de Hold-Up, ce documentaire diffusé le mercredi 11 novembre 2020 sur différentes plateformes du web. Réalisé par Pierre Barnérias, le documentaire crée déjà la polémique, tant par ses propos que par sa forme : le film remet en question le Coronavirus et les mesures prises pour lutter contre la maladie, en invitant différents experts aux compétences questionnables.

Financé par la cagnotte en ligne Ulule, Hold-Up est soutenu par quelques personnalités, comme Carla Bruni-Sarkozy, l’actrice Sophie Marceau ou l’écrivain André Bercoff. De nombreuses autres voix s'élèvent contre ce documentaire : la présidente déléguée des députés LREM Coralie Dubost tweete par exemple : « Ce n'est pas un docu, ce n'est pas du journalisme, c'est une propagande complotiste à budget blockbuster ».

Le parti pris du documentaire choque, et c'est volontaire. Dans la description du projet de la page de financement, on lit : « La Covid-19 a donné lieu à des échanges contradictoires entre médecins, spécialistes, professeurs, hommes politiques et experts, le tout orchestré et alimenté par le feu nourri des médias. Il y a eu bien des résistants à cette machine de guerre : Raoult, Perronne, Toussaint, Douste-Blazy, Montagnier, Michel, etc. Ce film entend revenir sur ce hold-up incroyable. »

Mais qui sont les cerveaux de cette gigantesque opération, selon les auteurs du documentaire ? Rien de moins que Bill Gates, David Rockefeller ou le Français Jacques Attali, des noms qui ressortent fréquemment dans les théories du complot qui circulent sur la Toile.

D'après Christophe Cossé, coproducteur de Hold-Up, le coronavirus est un « virus pas plus offensif qu'un autre Covid saisonnier » et fustige une « idéologie sanitaire autoritaire » qui veut « contraindre à une société de surveillance et de soumission ». Dans une tribune publiée sur France Soir, il s'en prend « à une incroyable et phénoménale entreprise de manipulation globale » et aux membres du Conseil scientifique, qu'ils jugent « majoritairement proches des laboratoires pharmaceutiques. »

Fake news, complots, documentaire délirant, les critiques ne manquent pas. Ce qui est notamment reproché au documentaire, c'est cette kyrielle d'intervenants controversés dont les propos semblent être diffusés sans contexte. On retrouve notamment Martine Wonner, députée ex-LREM, qui avait déjà fait polémique à plusieurs reprises en estimant que le port du masque "ne sert strictement à rien". À ses côtés, l'infectiologue Christian Perronne, critiqué par le ministère de la Santé pour jeter "le discrédit" sur les professionnels de santé.

La polémique autour de ce film ne fait qu'enfler. L'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy intervient dans ce documentaire, et il le regrette aujourd'hui. Il a publié un message sur Twitter après la diffusion de Hold-Up : « Je n'ai pas vu ce film et s'il y a le moindre caractère complotiste, je veux dire le plus clairement possible que je m'en désolidarise. La crise sanitaire que nous traversons est suffisamment grave pour ne pas ajouter de la confusion aux moments douloureux que nous vivons. »

Le journal Le Monde a publié un article démontant chaque fausse information et chaque complot relayé par le documentaire. Dailymotion a retiré le film de sa plateforme et le fondateur d'Ulule, Alexandre Boucherot, s'est officiellement désolidarisé de ce projet : « Le projet a été 'pitché' le 11 août sur la plateforme. Il s'est lancé le 17 août. Très vite on s'est rendu compte qu'il débordait du cadre initial supposé (le pluralisme des voix) pour devenir un étendard de thèses complotistes très éloignées de ce que l'on défend sur Ulule. »

Il ajoute que la plateforme n'a donc fait aucune publicité pour le documentaire et que « l'intégralité de la commission perçue » sera reversée « à une association de défense de l'information. »

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