Covid : les projections de l'Institut Pasteur pour cet été, des "conditions favorables" en 2021

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 26 mai 2021 à 15h45
Comment pourrait évoluer l'épidémie de Covid cet été ? Une question à laquelle tente de répondre l'Institut Pasteur, qui dévoile lundi 24 mai 2021 ses projections pour cet été. Des hypothèses qui font espérer des "conditions plus favorables" pour cet été 2021, notamment grâce au ralentissement de l'épidémie et l'accélération de la vaccination. Pour éviter une quatrième vague ou une reprise de l'épidémie, certaines conditions sont à remplir.

Comment pourrait évoluer l'épidémie cet été ? Une question qui taraude de nombreux Français et à laquelle l'Institut Pasteur tente de répondre. Plusieurs de ses projections ont été dévoilées lundi 24 mai 2021. Et celles-ci sont particulièrement claires : "Si l’on réussit à maintenir le rythme actuel de décrue des infections et hospitalisations jusqu’au 9 juin tout en maintenant ou augmentant le rythme de vaccination, on ne s’attend pas à observer cet été de reprise importante de l’épidémie liée au variant B.1.1.7 ("britannique") sous les conditions de contrôle qui avaient été mises en œuvre durant l’été 2020"

Au niveau des chiffres dans les hôpitaux, les chercheurs de l'Institut estiment que le nombre d'hospitalisations quotidiennes est passé de près de 2000 à 700 en l'espace d'un mois. Le taux d'incidence a également chuté de plus de 350 à 130. Surtout 500 000 doses de vaccin ont été administrées chaque jour, alors que ce même chiffre était autour de 350 000 il y a quelques semaines. 

Des projections qui prennent en compte de nombreux facteurs, comme l'impact des mesures actuellement en vigueur, le rythme du déconfinement à venir, la poursuite de la campagne de vaccination ou encore l'impact du variant anglais sur le territoire. "Ces scénarios ne sont pas des prévisions" a par ailleurs tenu à préciser l'Institut Pasteur. Et de poursuivre : "Les trajectoires décrites dépendent des hypothèses faites; si les hypothèses ne se réalisent pas, la dynamique observée pourra être différente des projections", préviennent les chercheurs dès le début du document.

Parmi ces projections, des scénarios moins optimistes comme celui où "un rebond épidémique cet été ne pourrait être exclu", dès lors que le nombre d'hospitalisations remonterait d'ici le 9 juin. "Si la décrue s’arrête suite à la deuxième étape du calendrier de réouverture le 19 mai et que les taux de transmission repartent à la hausse dès cette date, la situation épidémiologique durant l’été est plus incertaine", expliquent les chercheurs. Et d'évoquer une période charnière, entre la fin mai et début juin : "La taille de ce rebond dépendrait notamment des taux de transmission sur la deuxième moitié de mai et en juin, du rythme de vaccination et des hypothèses sur l’augmentation de transmission du variant B.1.1.7.", poursuivent-ils.

Des projections qui restent encore à vérifier, l'Institut Pasteur préférant rester prudent sur les différents scénarios évoqués. Sans manquer de distiller des notes d'espoir : "dans tous les scénarios explorés, ce rebond resterait plus petit que la troisième vague". 

Un retour à la vie normale à l'automne selon les projections

La France verrait-elle ainsi le bout du tunnel prochainement ? Assurément, à en croire de nombreux chercheurs et médecins qui estimaient au début du mois d'avril un retour à la vie normale entre l'été et l'automne 2021. Du côté de l'Institut Pasteur, on va même plus loin en dévoilant dans une étude, mardi 6 avril, plusieurs scénarios de sortie de crise possible, en fonction du taux de vaccination. Et leurs prévisions sont claires : pour un véritable retour à la normale cet automne, il faudra parvenir à un taux très élevé de vaccination.

Ainsi donc, selon les modélisations de l'Institut Pasteur, la vaccination de 90% des personnes de plus de 65 ans et de 70% des personnes ayant entre 18 et 64 ans ne serait pas suffisante pour supprimer définitivement les gestes barrières et mesures sanitaires à l'automne. La faute au variant anglais, bien plus contagieux, et qui, selon les prévisions de l'Institut, ferait grimper le R-0 à 4 cet automne, soit bien au-dessus qu'au moment du pic de la première vague, en mars 2020. La faute également à un faible taux d'immunisation, qui ne concerne que 20% des Français. Des prévisions qui vont jusqu'à établir que le nombre d'admissions quotidiennes à l'hôpital serait toujours à plus de 1000.

"Même dans des scénarios optimistes, les intentions de vaccination actuelles des populations françaises pourraient ne pas permettre un assouplissement complet des mesures de contrôle. La vaccination des enfants, si possible, pourrait aider à atteindre cet objectif", explique par ailleurs l'Institut Pasteur. En revanche, malgré ce scénario, vivre sous cloche avec confinement et couvre-feu ne serait plus utile : "Il faudrait que des mesures de contrôle soient maintenues et réduisent les taux de transmission dans la population générale de 15-27% par rapport au scénario de relâchement total. En guise de comparaison, pendant le confinement de mars-mai 2020, les taux de transmission ont été réduits de 80%", poursuivent les chercheurs.

Et concernant une immunité collective ? Elle reste atteignable selon l'Institut : "Si la campagne de vaccination porte uniquement sur la population adulte, pour R0=4, il faudrait que plus de 90% des adultes soient vaccinés pour qu'un relâchement complet des mesures de contrôle soit envisageable", expliquent les scientifiques. Et si les vaccins sont efficaces et sûrs pour les enfants, ces chiffres pourraient être revus à la baisse : "la vaccination de 60-69% des 0-64 ans et de 90% des plus de 65 ans" permettrait d'atteindre l'objectif. Un enjeu de taille, donc, pour le gouvernement qui devra convaincre plus de monde à la nécessité de se faire vacciner.

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