Tombees du ciel

Par · Publié le 1er janvier 2008 à 0h
Photos de Marc Lafon



" Ne cherchez pas l’artifice dans les photos de Marc Lafon. Pas d’esbroufe. Juste une lumière, subtile, comme une griffe, une marque de fabrique. Mais pas un truc.

Visage, épaule, sein(s), courbe du dos et jusqu’à l’intimité du sexe, il vous tire toujours le portrait; c’est à dire qu’il recherche la vérité de son modèle. Cela passe

par un regard, un sourire, une moue, mais aussi des poils qui se hérissent, la peau qui s’abandonne ou se rétracte, un muscle qui se contracte.

Lafon vient du rock (pochettes de disques, OTH…) et de la presse magazine (Elle, Première, Vital…) Longtemps dans le carré austère de son 6X6, là aussi, mise en scène minimale, il a creusé, non pas ses a-priori, non pas ses effets, mais bel et bien cette vérité.

Festival de Deauville 1991, pour un photographe presque du travail à la sauvette coincé entre deux interviews. Sharon Stone. Une terrasse inondée de soleil, beaucoup trop lumineuse. En une virgule qui traverse l’espace, toute la silhouette et la façon de se mouvoir de l’actrice de «Basic instinct» suggérées dans un haussement d’épaules. Et dans l’échancrure d’un chemisier en crêpe de soie grège,

juste l’ébauche d’un sein, évocation de son potentiel érotique, sans rentrer dans le jeu plus explicite auquel elle croyait se livrer avec celui qui la photographiait. Forest Whitaker. Un couloir presque obscur recouvert d’un papier peint surchargé, dix fois trop sombre. Whitaker, juste en chemisette. Cadrage serré. Mieux saisir le

grain de sa peau. Et, pourtant hors cadre, toute la pesanteur de sa stature massive saute aux yeux. Mélange de placidité et de violence prêt à surgir.

La mascarade des effets faciles, le trait qui surligne, Marc Lafon sait toujours l’éviter.

Question de nature, d’éthique.



Et les filles le pressentent d’emblée.

Elles ne succombent pas, elles ne s’offrent ni se vendent – ce qui revient souvent au même- quand elles acceptent de passer devant son objectif. Elles arrivent sans réticence,

se livrent sans ressentir ni se faire violence, repartent sans trauma, restent parfois. Je n’ai jamais compris comment il s’y prenait. Envisagez la même pose, le même geste, même esquissés devant un autre photographe. Il en fera quelque

chose d’obscène. Alors que chez Lafon, impudeur et pudeur font la paix, même quand l’image est explicite. Et depuis qu’il a découvert le numérique, lui qui longtemps regardait l’ordinateur comme une bête curieuse, jamais il n’envisage la retouche comme un repentir ou un travestissement. Elle est la dernière étape (dans le temps) d’un processus artistique cohérent qui a pris naissance avant même que

la demoiselle se soit même dévêtue. Il ne le sait pas explicitement, elle ne s’en doute pas, mais déjà, parfois dès leur rencontre, son œil a enregistré le résultat final. Cet œil qui dessine. Objectif-subjectif mais qui jamais ne fait son modèle un objet et jamais ne l’assujettit. "



Fabrice Guillermet



Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 19h



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