Hair au théâtre du gymnase

Par · Publié le 21 mars 2011 à 20h17
La troupe, ou plutôt la tribu du spectacle musical Hair, a débarqué hier au soir au Théâtre du Gymnase pour 16 représentations exceptionnelles au profit de Sidaction. Un tiers des bénéfices sera ainsi reversé à l'association. Le nouvel Hair est constitué de 21 artistes, chanteurs, danseurs et musiciens, qui rendent hommage aux années Peace & Love autour d'un message définitivement atemporel : protégeons-nous.
Comédie musicale connue à travers le monde et de toutes les générations, Hair est le symbole des années Flower Power et de leurs inspirations. Outre
les chemises psychédéliques et le joint qui passe de mains en mains, le
message " Faites l'amour pas la guerre " résume parfaitement les
contestations de cette génération. Confrontée à la fois à la guerre du
Vietnam et aux chocs pétroliers, ballotée par ces bouleversements
économiques et politiques, censurée par le conformisme et les bonnes
mœurs, elle cherche un refuge dans de nouvelles aspirations et rejette
l'autorité de ses pairs. Aussi malmenée soit-elle, cette période là a
trouvé ses propres réponses à travers de nouveaux mouvements culturels.
Le reggae, la world music, la mini-jupe... sont les nouvelles tendances
adoptées ou inventées, Janis Joplin, Led Zeplin, John Lennon... sont les
portes paroles de cette jeunesse révoltée.
Entre désillusions et révolutions, Hair voit également le jour. Liberté, paix, amour sont les maîtres mots légitimement portés par les auteurs : James Rado, Gerome Ragni et Galt MacDermot. Si ces messages sont toujours d'actualité peut-on
pour autant apprécier, aujourd'hui encore, une histoire sans histoire ?

Provoquante
et volontairement décousue, la comédie musicale sortie de son cadre ne
peut plus prétendre à la même envergure. Elle nécessiterait un début,
une intrigue, une chute. Séparer un élément de son contexte, aussi
triomphale eût-til été, le résultat ne saurait être le même. Transposé
à une autre époque, le phénomène Hair ne peut pas susciter les
mêmes réactions, son essence même se trouvant dans l'actualité brûlante
de son époque : l'ordre moral, les conventions sexuelles, l'engagement militaire, l'intolérance religieuse...

Désormais la nudité n'est plus à ce point une forme de provocation, de toute façon
elle est partout suggérée ou dévoilée. Nos générations ont également des
contestations, leurs révolutions à mener. Si dans le fond elle restent
les mêmes, la forme elle, doit s'adapter, parce qu'elle a évolué et ne
cesse encore d'évoluer à vitesse grand V. Il est difficile à l'ère du
2.0 d'apprécier la désuétude de Hair à sa juste valeur. Let The Sunshine clôture le spectacle et met fin à mes pérégrinations intérieures. Voilà un hymne, qui, 44 ans plus tard, n'a toujours rien perdu de sa contagieuse énergie.


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