Sortiraparis a rencontré laurent gérard...

Par · Publié le 5 juillet 2011 à 12h26
Alors que son spectacle cartonne à la Comédie des Boulevards, sortiraparis a rencontré Laurent Gérard afin qu'il nous parle un peu de son one man show " Laurent Gérard... Comme le prénom ! ".
Monsieur Gérard, bonjour ! Vous êtes sur la scène de la Comédie des Boulevards depuis le 1er avril. Comment se sont passés ces trois premiers mois face à face avec le public parisien ?
L’accueil du public parisien est très enthousiaste ! Celui des publics de province où j’ai rodé mon spectacle ne l’était pas moins ... Depuis le début, ce spectacle est un vrai bonheur. Je suis fier de provoquer chaque soir autant de rires ! Les gens sont très surpris, surtout s'ils s’attendent à un one man show traditionnel … On me dit que mon spectacle ne ressemble à aucun autre. Les gens sont touchés par la sincérité qui s’en dégage. Et ma galerie de personnages assez haute en couleur … Des spectateurs m’attendent à l’issue du spectacle pour me faire beaucoup de compliments. Vous avez donc devant vous un artiste heureux et comblé !
Vous avez été pendant de nombreuses années sur les planches, mais jamais seul. Pourquoi ce changement si brusque ? Et pourquoi avoir eu envie, d’un coup, de créer ce one man show ? Avez-vous été inspiré par quelqu’un en particulier ?
J’ai en effet 15 ans d’expériences sur les planches, au service des mots des autres. J’ai joué dans une trentaine de spectacles. Le projet d’écrire et de monter seul sur scène me chatouillait depuis quelques années. Au fil du temps, j’ai pris beaucoup de notes sur ce qui me faisait rire, et sur ce que j’avais envie de dire aussi… Pendant ce processus d’écriture, j’ai été admiratif du travail de Guillaume Gallienne et de Laurent Lafitte. Je les ai tous les deux connus aux Cours Florent il y a une quinzaine d’années. J’ai trouvé leurs « seul-en-scène » respectifs très talentueux et novateurs. Ils m’ont, chacun à leur manière, montré la voie …
En matière de one man show, qui pourrait-être votre référence ?
Ces deux vrais comédiens que je viens de citer mais aussi François-Xavier Demaison dont j’ai vu le premier spectacle trois fois. C’est devenu un ami qui m’a donné de très bons conseils avant que je ne me lance … J’ai beaucoup aimé son spectacle, à la fois drôle et touchant, racontant sa vie brutalement et intelligemment remise en question après les attentats du 11 septembre qu’il a vécu en direct à New York … Cela me confirme que je suis sensible aux histoires incarnées par de vrais acteurs qui savent donner vie à des personnages plus vrais que nature. J’adore aussi mon amie Julie Ferrier et sa vraie folie, qui est impressionnante d’incarnation elle aussi …
En tant qu’humoriste à part entière aujourd’hui, quel autre artiste/humoriste pourriez-vous conseiller au public ?
Il y a des filles que je trouve formidables, avec de vrais univers à découvrir, comme Karine Dubernet ou Béatrice Facquer mais aussi Arnaud Ducret, avec qui nous avons partagé l’aventure de Caméra Café, qui a une puissance et une énergie comique fulgurante ! J’ai beaucoup d’admiration pour le parcours et le succès mérité d’Anne Roumanoff, très exigeante sur son écriture. Florence Foresti me fait hurler de rire aussi …
Venons-en à votre spectacle. Il semblerait que vous n’ayez absolument aucun tabou. Est-ce une image que vous vous donnez, ou êtes-vous réellement comme ça, dans la vie ?
J’ai voulu transformer une crise identitaire en crise de rire ! Ce spectacle est le cadeau de mes 40 ans … C’est à la fois l’expression de la maturité mais aussi de la renaissance … Et comme toute naissance, cela passe sans doute par la « mise à nu » sur scène que vous évoquez ! Il ne s’agit pas de choquer ou d’indisposer, bien au contraire. Il y a des audaces certes, mais elles ont du sens. C’est en étant dans ma vérité que je touche les gens. C’est ce que beaucoup de spectateurs ont la gentillesse de me dire chaque soir. Je les embarque dans une histoire, mon histoire, à travers une galerie de personnages. Quel bonheur pour l’acteur que je suis de se glisser dans la peau d’une vieille dame pleine de certitudes, d’un prof de sport viril, d’une tante suisse déjantée, d’un journaliste télé, d’un grand frère austère, d’une Chantal Goya en plein délire ou d’un naturiste Belge (entre autres !) … Ces personnages sont librement inspirés de gens que j’ai croisé dans ma vie.
Cette famille dont vous vous jouez beaucoup, a-t-elle vu le spectacle ? Comment a-t-elle réagi, votre maman en particulier, qui est l'un des personnages centraux de la pièce ?
Mes parents et mes frères et sœurs sont venus plusieurs fois. Ils sont un soutien précieux et indéfectible … Ma mère est venue trois fois. Elle rigole beaucoup … Ils savent aussi faire la part des choses entre la réalité et la fiction ! J’ai volontairement souligné certains traits ou intensifié certaines situations pour les besoins de la comédie. Dieu merci ! (rire) …
Vous allez loin dans les critiques et les satires, avec toujours beaucoup d’ironie. Mais vous est-il déjà arrivé de tomber sur un public beaucoup moins ouvert que vous ne l’aviez imaginé, contrarié, ou même outré ?
Il semblerait que mon écriture, que j’ai voulu la plus fine et acérée possible, me permette de faire passer beaucoup de choses … et c’est vrai que je ne m’en prive pas ! Et comme mon texte est dense, je ressens certains publics dans une réelle écoute. D’autres sont plus expressifs. Mais beaucoup de mes spectateurs sortent de la salle en évoquant leur zygomatiques que mon spectacle a beaucoup stimulé ! Ils sont ravis et en redemandent, rien ne peut me faire plus plaisir ! Certaines spectatrices ont même leur Rimmel sur les joues. C’est plutôt bon signe (rire) …
Vous faites une critique ouverte de la « beauferie », comme de la bourgeoisie. Alors vous Monsieur Gérard, dans quelle catégorie peut-on vous classer ? Un artiste légèrement bourgeois bohème ?
Ce n’est pas de la critique méchante. Mais plutôt une somme de vécu et d’observations ! J’aime profondément chacun de mes personnages à qui j’essaie de donner une vérité et une humanité, malgré tout … Et concernant la bourgeoisie, c’est une forme assumée et revendiquée d’autodérision ! Comme disait Coluche, pour se moquer de quelqu’un, il faut le connaître, pour le connaître, il faut s’y intéresser, et pour s’y intéresser il faut forcément l’aimer un peu ! Vous voyez que derrière toute histoire d’humour, il y a souvent une histoire d’amour …


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Lieu

39 rue du sentier
75002 Paris 2

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