MELINGO (Argentine)
Ce dandy au charisme déjanté est arrivé au tango après bien des détours.
Né en Argentine en 1957, Daniel Melingo a appris la clarinette au conservatoire de Buenos Aires puis a
suivi des études de musicologie et de composition à l’université. En 1978, fuyant la dictature militaire, il
s’installe au Brésil et participe au groupe Agua de Milton Nascimento. Quatre ans plus tard il rentre dans
son pays où il rejoint les forces vives du rock contestataire à travers les groupes Los Twist et Los
Abuelos de la Nada (« Les Papys du néant »).
Au milieu des années 80, il part à Madrid, alors en pleine Movida. Il participe à cette énergie festive
débridée en intégrant le groupe punk Torredos Muertos (« Toréadors morts »). Il y enregistre le disque «
Lions in love » où rythmes funk et reggae se mêlent aux accents latino.
De retour à Buenos Aires dans la décennie suivante, il redécouvre les vertus du tango canaille aux
poèmes chantés en lunfardo, l'argot des banlieues. Animateur de télévision, il milite pour ce retour aux
sources et enregistre plusieurs albums « Tango bajos » en 98 et « Ufa » en 2003.
En 2004, le guitariste Eduardo Makarof, tiers argentin de Gotan Project, lui propose de rejoindre son
label qui lui ouvre les portes d’une carrière européenne. Le public découvre alors ce dandy aux
manières de comédien qui subjugue son auditoire par sa prestance et sa voix éraillée. (TV5MONDE)
Melingo mixe tradition façon Gardel et fureurs underground.
Il arrive sur scène en claudiquant, canne à la main, casquette sur la tête et foulard de marlou autour du cou.
Adepte d'un tango-punk au charme vénéneux, à l'élégante ironie, Daniel Melingo s'est enfin débarrassé de la
chaise roulante qui lui était imposée depuis une chute de vélo il y a quelques mois. Ravi de ce retour à la mobilité,
il arpente les planches, déployant sa voix de stentor délicieusement éraillée, usant d'un gobelet en plastique en
guise de micro pour imiter le son « sale » des débuts du tango. Car cette figure mythique de la scène rock de
Buenos Aires revient aux sources de la guarda vieja et des poèmes chantés en lunfardo, l'argot des faubourgs. Lui
qui a fait ses premières armes au conservatoire (clarinette classique) et à l'université (musicologie et composition)
réinvente un tango canción façon Carlos Gardel, pour le parer des fureurs hallucinées de l'underground porteño
(1), en restant fidèle aux instruments du genre - violon, bandonéon, guitare, contrebasse. C'est en passant par
mille détours qu'il en est arrivé là. Bourlingueur dans l'âme, il fuit son pays en 1978, à 20 ans - l'Argentine est en
pleine dictature militaire - et atterrit au Brésil, où il participe au groupe Agua, créé par Milton Nascimento. Revenu
en Argentine en 1982, il se lance dans le rock costumbrita (« coutume ») au sein des groupes Los Twist et Los
Abuelos de la Nada (« Les Papys du néant ») qui brocardent les milices policières et s'attaquent à des sujets
tabous comme la drogue ou l'homosexualité. Toujours en quête d'un ailleurs, il débarque dans la Movida madrilène
au milieu des années 80, joue avec le groupe punk Torredos Muertos (« Toréadors morts ») et concrétise un vieux
projet : l'enregistrement du disque Lions in love mêlant funk, acid jazz, dub, flamenco et tango électronique.
Enfant, Melingo ne savait où donner de l'oreille entre les musiques classiques de ses grands-parents paternels
(l'un grec, l'autre italienne) et le tango de ses grands-parents maternels (lui indien de la tribu Nova, elle basque). A
48 ans, le voici rattrapé par la gouaille sensuelle de Buenos Aires même si, contrairement à Eduardo Makaroff, il
reste dubitatif sur l'ampleur de la nouvelle vague tango : « Ça bouge beaucoup du côté des musiciens; mais pas
assez du côté des auteurs-compositeurs. Et puis, à Buenos Aires, on discute toujours de la légitimité des
innovations d'Astor Piazzolla ! Alors, pour ce qui est de la reconnaissance d'un tango rock ou électro, il faudra
encore patienter... »
21h30
N.C.