LONNIE LISTON SMITH (org)
WILLIAM DOTTS (b)
KEITH ROSE (voc)
STEPHEN LAWRENCE SPELLER (dms)
Lonnie Liston Smith est l’un des musiciens contemporains les plus versatiles. En 25 ans de carrière, il a été
entendu dans des contextes variés, accompagnant quelque uns des leaders jazz les plus illustres avant de prendre
son envol et de révéler ses propres conceptions de leader au milieu des années 70. Ce pianiste talentueux a
influencé toute une génération de jeunes musiciens qui apprécient ses rythmes endiablés (swing), la finesse de
son jeu et ses talents de compositeur.
Lonnie est né à Richmond, en Virginie, dans une famille de musiciens. Son père était un membre du Gospel
Harmonizing Four. Lonnie se souvient des visites fréquentes des Swan Silverstones, des Soul Stirrers ou de Sam
Cooke. Il a commencé à jouer du piano qui se trouvait dans la maison quelques années avant de commencer à
prendre des cours. C’est au lycée que Lonnie est tombé amoureux du jazz moderne suite à la découverte du
saxophoniste Charlie Parker, peu de temps après s’être rempli de la musique de Miles Davis (un de ses futurs
employeurs) et de John Coltrane. Il n’est pas surprenant qu’il ait trouvé son style en écoutant des clarinettistes,
contrairement à la plupart des grands pianistes qui ont accompagné ses idoles ainsi que bien d’autres artistes. Il
était bien-sûr conscient du succès de McCoy Tyner, Wynton Kelly, Bud Powell, Horace Silver, Sonny Clark et
Thelonius Monk, mais a fait un effort délibéré pour ne pas imiter leur style.
Alors qu’il était encore adolescent, Lonnie a commencé à se faire payer pour jouer dans un quartier de Baltimore
où il accompagnait des chanteuses telles que Ethel Ennis et fréquentait des personnalités comme Betty Carter.
Elève à Morgan State University, il y étudiait avec Gary Bartz (alto), Grachan Moneur (trombone) et Mickey Bass
(basse). Mickey, qui jouait avec le batteur Art Blakey, a demandé à Lonnie de rejoindre son groupe et de les
accompagner au piano. Lonnie a ainsi quitté Baltimore pour New York avec les Blakey’s Jazz Messenger qui lui
ont apporté beaucoup plus de visibilité et lui ont donné l’occasion d’enregistrer avec eux. Ensuite, Lonnie a rejoint
le batteur Max Roach, ce qui était surprenant puisque qu’il était rare qu’il ait un pianiste dans sa formation.
Malheureusement, cette année passée avec Roach n’a pas été ponctuée par l’enregistrement d’un disque.
Toutefois leurs concerts lui ont permis d’accroître sa notoriété et d’être reconnu comme l’un des musiciens avec
lesquels il faudrait compter sur la scène jazz. Il a ensuite passé 2 ans avec Rahsaan Roland Kirk avec lequel il a
enregistré " Don’t You Cry, Beautiful Edith " chez Verve et " Here Comes the Whistleman " chez Atlantic.
Les 3 collaborations suivantes de Lonnie constituent probablement les événements les plus marquants dans
l’évolution de sa carrière. Contacté par les Pharaoh Sanders en 1968, il s’est fait connaître en jouant avec l’un des
groupes les plus en vogue à l’époque. Sanders, qui avait travaillé avec John Coltrane jusqu’à sa mort en 1967,
était et reste un pionnier qui a étendu les limites créatives de l’improvisation musicale. Ses musiciens étaient
incités à créer au pied levé et Lonnie a relevé le défi. Il a commencé à explorer les possibilités offertes par le
synthétiseur et a créé un riche panel de sonorités pour accompagner les envolées impressionnantes du saxophone
ténor de Pharaoh. Lonnie a composé " Astral Travelling ", qui a figuré sur le LP " Tembi " de Pharaoh. Ses
contributions dans " Upper Egypt ", " Karma ", " Creator Has A Master Plan ", " Summum, Bukmun, Umyun " et "
Jewels of Thought " ont été essentielles pour permettre à la formation d’affirmer sa personnalité. Il a ensuite été
invité à rejoindre la formation de Miles Davis et a été enrôlé dans l’équipe de musiciens qui ont participé au
tourbillon d’enregistrements studio. La plupart de ces sessions d’enregistrement du début des années 70 n’ont pas
été édités, mais Lonnie apparaît sur " On the Corner " et " Big Fun ". Ensuite, il est rentré en contact avec le
saxophoniste argentin Gato Barbieri qui lui a fait retrouver le producteur Bob Thiele (qui avait supervisé la création
des albums de Sander chez le label Impulse). Lonnie a gagné l’Europe et a travaillé avec des musiciens
prestigieux tels que Ron Carter, Stanley Clarke, Airto, Nana Vasconcelos, Bernard Purdie et John Abercrombie,
qui ont tous participé à l’enregistrement des LPs de Gato, notamment " Fenix " et " Under Fire " pour le label Flying
Dutchman.
Thiele a fait signé à Lonnie un contrat en tant que soliste, lui permettant ainsi de faire ses débuts en tant que
leader. " Astral Travelling " a été enregistré en 1974. Cependant, c’est son troisième album, " Expansions " qui a
fait percer Lonnie. Son LP était un souffle d’air frais en 1975 car il faisait fusionner un jazz de qualité avec un
croisement d’éléments créatifs, sans pour autant diluer la musique. Alors que la plupart des contemporains de
Lonnie sortaient des disques qui étaient des échecs artistiques (la fusion à l’époque était devenue un marché
important), les LPs de Lonnie ont été accueillis avec chaleur et enthousiasme. Il a enregistré de nombreux autres
albums dans le même esprit, dont " Visions of a New World " et " Renaissance " avant d’être contacté par CBS.
Lonnie a continué a faire de bons disques pour eux également : " Loveland ", " Mysteries ", " Song for the Children
" et " Love is the Answer ".
Il a reconduit sa collaboration avec Bob Thiele, qui travaillait en partenariat avec CBS pour la distribution, et a à
nouveau enregistré des albums bien accueillis : " Silhouettes ", " Rejuvenation " et " Dreams of Tomorrow ". Lonnie
a également participé au Jazz Explosion Tour avec Stanley Turrentine, Freddie Hubbard, Roy Ayers, Jean Carne,
Angela Bofill, Stanley Clarke et Gato Barbieri tout en conservant son public grâce à des tournées très fréquentes.
Dans les années 90, Lonnie a participé à " Guru Jazzmatazz Volume One " (où le rap rencontre le jazz) et a été
découvert par un jeune public tout nouveau. Lonnie est devenu Israélite et son nom hébreu est Yehuwdah Israel.
Très tôt dans sa carrière, Lonnie a reconnu les vertus curatives et magiques de la musique. Et, en se servant de la
musique comme medium, il a été à l’origine d’une prise de conscience collective et a contribué à élever la morale
au rang de valeur dans le monde entier.
21h30
N.C.