Eric anderden

Par · Publié le 1er janvier 2008 à 0h
Une certitude, le 7 juillet 2005 restera dans l'histoire : Londres, les attentats dans le métro et dans un bus, des victimes innocentes par dizaines. Après cela, il est difficile d'avouer qu'à Paris, pour une grosse centaine de spectateurs captivés, cette même date aura également un petit côté historique, beaucoup moins horrible : plus de 40 ans après ses débuts, et grace à notre ami Hervé Oudet, Eric Andersen se produisait pour la première fois à Paris. En plein milieu des années 60, à une époque où on ne parlait pas encore de songwriter, en plein boum de ce qu'on appelait alors le mouvement folk, Eric était un des rois de Greenwich Village et Vanguard sortait son premier album "Today is the Highway". Ce disque, importé alors en France en nombre très limité, permettait de découvrir un poète et un mélodiste hors-pair, ainsi qu'un chanteur dans la lignée de Dylan, mais avec davantage de douceur. Par ailleurs, la pochette nous montrait un visage de playboy, du genre qui rend les filles raides dingues et les garçons jaloux à mort. On le sait peu, mais Antoine s'est montré à ses débuts davantage inspiré par Eric Andersen que par Dylan et Donovan, auxquels il était pourtant sans arrêt comparé.



Mais revenons au 7 juillet 2005, ou plutôt au 6, la veille, lorsque Hervé a fait découvrir à Eric la salle de la Pomme d'Eve. Cette cave à l'acoustique incomparable. Aussitôt, la décision fut prise : le concert serait "unplugged" à 100%. Pas de micro, pas d'amplification, rien ! Aucune barrière entre Eric et les spectateurs. Le jour du concert, Eric arrive avec sa guitare et Inge Bakkenes, sa petite amie hollandaise, largement avant l'heure. Il est grand, il est loin de faire son âge et il a toujours l'allure d'un playboy. Les réservations le laissaient pressentir, mais, plus le temps avance, plus il devient évident que ce concert marquera, pour cette petite salle, un record en matière de nombre de spectateurs : certains sont venus de Bordeaux, d'autres de Marseille, un vrai public de connaisseurs.



20 heures quinze. Eric attaque, présentant chaque chanson dans le contexte de l'époque : 40 ans de carrière, une bonne vingtaine d'albums à rattraper, face à un public conquis à l'avance. Des anecdotes aussi, dont l'une au moins mérite d'être racontée : peu de temps après son arrivée à New-York, en 1964, une chanson d'Eric, "Come to my bedside", fut choisie pour être enregistrée par un groupe de folk très connu, The Brothers Four. Leur maison de disques y croyait beaucoup. Au point de faire graver un disque de promotion qui fut envoyé à un bon millier de stations de radio. Malheureusement, dans le texte de cette belle chanson qu'on retrouvera un peu plus tard sur le premier album d'Eric Andersen, il y avait les mots "lit", "poitrine" et "jupon". Insupportable pour le bon public américain : qu'on parle de fusil, de canon, de crime, pas de problème, mais des insanités comme lit, poitrine et jupon, pas question. Tous les disques furent renvoyées par les stations de radio et la version Brothers Four passa aux oubliettes.



Passant de la guitare au piano, reprenant sa guitare, seul ou avec Inge aux harmonies vocales, Eric offre en partage son univers. "Trouble in Paris" pour commencer, suivi de "Belgian Bar" : même s'il ne s'était encore jamais produit à Paris, Eric connait l'Europe. Il a d'ailleurs vécu plusieurs années en Norvège et il réside actuellement aux Pays-Bas. "Violets of Dawn", "Come to my Bedside" pour continuer : des chansons des 2 premiers albums, elles n'ont pas pris une ride. La voix d'Eric non plus, toujours aussi chaude. Très vite Eric présente une reprise, "Other side to this life" : Fred Neil était un de ses amis et Eric admire ses qualités de songwriter. En plus, Fred est décédé le 7 juillet 2001, il y 4 ans, jour pour jour. Il reprendra d'ailleurs 2 autres chansons de Fred Neil dans la 2ème partie, "Everybody's Talkin'" et "Little bit of Rain". C'est également dans cette deuxième partie qu'Inge viendra se joindre à lui pour une poignée de chansons, dont la superbe "Woman, she was gentle" qui illumine le fameux album "Stages", enregitré et perdu en 1972, retrouvé au début des années 90. Une Inge Bakkenes excellente, qui, dans cette chanson en particulier, arrivera à faire oublier que c'est Joan Baez en personne qui harmonise sur l'album.



Le temps passe, beaucoup trop vite. La deuxième partie se termine avec "Thirsty Boots". Mais le public arrivera facilement à obtenir 3 rappels, dont "You can't relive the past", co-écrite avec Lou Reed. Un gros mensonge, le titre de cette chanson : revivre le passé, c'est exactement l'expérience que les spectateurs viennent de réaliser tout au long de cette soirée mémorable !


CONCERT A 20H



La Pomme d'Eve

1 rue Laplace

75005 PARIS
20 euros
Informations pratiques

Dates et Horaires
Le 12 juillet 2006

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