Go Down Moses de Roméo Castellucci au Théâtre de la Ville, on y était, on vous raconte.

Par · Publié le 4 novembre 2014 à 23h55
Roméo Castellucci présentait ce soir au Théâtre de la Ville Go Down Moses, pièce inspirée d’un negro spiritual, lui-même inspiré par l’Ancien Testament, et par l’exode de Moïse et du peuple juif hors d’Egypte.

Il n’est pas de spectacles de Roméo Castellucci qui ne fassent se déplacer les foules. En ce 4 novembre 2014, les quelques 1000 spectateurs du Théâtre de la Ville s’installent gentiment, en attendant cette première parisienne du très célèbre metteur en scène italien. Artiste phare de cette édition 2014 du Festival d’Automne, Castellucci inaugurait ce soir sa carte blanche.

Go Down Moses s’inspire, avant toute chose, d’un negro spiritual, un type de musique sacrée tout droit venu des esclaves noirs d’Amérique au XVIIème siècle. Go Down Moses doit notamment ses lettres de noblesse à Louis Armstrong, qui l’enregistre en 1958. Dans le spiritual, on peut entendre : When Israel was in Egypt's land ; Let my people go ; Oppressed so hard they could not stand ; Let my people go ; Go down, Moses, way down in Egypt's land ; Tell old Pharaoh, Let my. people go. Qu’en est-il aujourd’hui de cet exode, cet appel de Dieu salvateur pour tout un peuple ? 

Chez Castellucci, la pièce débute, après qu'un engin roulant et bruyant eut détruit une perruque de cheveux féminins, le symbole même de la féminité, par l’accouchement particulièrement sanglant d’une femme, dans ce qui s’apparente à être des toilettes publics. Sous nos yeux, un voile sépare le public des acteurs, installant une extrême froideur, tant en y ajoutant une certaine sensation d’irréel. Il y a beaucoup de sang, elle se tort. On ne verra cependant pas l’enfant, qui sera abandonné dans une poubelle. Interrogée par la police, elle avouera avoir voulu sauver cet enfant. N’est-ce pas ce qu’à exactement fait Yokébed, la mère biologique de Moïse, pour le sauver d’une mort certaine imposée à tous les nourrissons garçons juifs par le pharaon égyptien ? Castellucci met ici en lumière qu’éxilé, on peut l’être à l’intérieur de nous-même. Il est assez facile de réfléchir aux différentes formes d’esclavagismes qui existent aujourd’hui.

A la différence de ce qui est conté dans l’Ancien Testament de la Bible, la mère n’est pas vue comme une sauveuse, naturellement, car ce n'en est pas une : c’est une meurtrière avec des problèmes psychologiques. Un IRM se poursuit donc sur scène, avant un bouleversement scénographique remarquable. Le voile est toujours là, mais il nous dévoile alors une grotte où des hommes préhistoriques vivent, comme une vision fantomatique. On y retrouvera par ailleurs la figure du bébé, du sauveur, et de la mort. Cette grotte cérébrale (n’oublions pas que la dernière image avant son apparition était l’entrée de la mère dans l’unité IRM) se révèle esthétiquement très pertinente, parfois porteuse d’une forte présence mystique, mais finalement assez abstraite et hermétique. On ne peut cependant s’empêcher de penser, quand le corps être dans la machine, à l’adaptation faite par Castellucci d’Orphée et Eurydice, à la Monnaie de Bruxelles.

Les avis seront partagés ce soir, et les applaudissements, plus que timides, ne pourront nous contredire. Une chose est certaine : le metteur en scène a encore pas mal à dire.

nfos pratiques :

Go down, Moses, au Théâtre de la Ville, du 4 au 11 novembre 2014.

Du mardi au samedi à 20h30.

Tarifs : de 19 à 30€

Location : 01 42 74 22 77

Informations pratiques

Lieu

1 Avenue Gabriel
75008 Paris 8

Infos d’accessibilité

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