Voici un chiffre qui fait froid dans le dos : en avril, le chômage a augmenté de 22% en France malgré toutes les mesures de chômage partiel prises par le ministère du Travail. Ce chiffre, qui correspond à une augmentation de 843.000 demandeurs d’emploi de catégorie A en plus sur le mois d'avril, est à lire avec des pincettes et ne correspond pas au nombre de licenciements en France.
La DARES, l'organisme du ministère du Travail qui étudie les chiffres de Pôle Emploi rappelle d'ailleurs : «les trois quarts de la hausse du nombre de chômeurs en catégorie A observée ce mois-ci est alimenté par des personnes inscrites en catégories B et ce en mars ».
Quesako ? Il faut savoir que l'administration divise les chômeurs en 5 catégories en fonction de leur situation mais aussi de leurs devoirs en termes de recherche d'emploi. Certains chômeurs n'ont pas du tout d'emploi, et sont disponibles pour une embauche : c'est la catégorie A, la principale. D'autres ont de fait un emploi irrégulier et recherchent un emploi plus stable : elles sont comptabilisées dans les catégories B et C. Enfin, des chômeurs n'ont pas l'obligation de rechercher un emploi, car ils sont malades, en formation ou pour d'autres raisons. Ils sont comptabilisés dans les catégories D et E.
Ainsi, le nombre de personnes n'ayant pas travaillé une seule heure en avril 2020 et inscrites à Pôle Emploi, s’établit à 4. 575.500, contre 3.732.500 en mars 2020 (soit 843.000 chômeurs supplémentaires).
L'hypothèse de la DARES serait donc qu'avec le confinement, un grand nombre de personnes ayant d'ordinaire un emploi instable, comme les intérimaires et les saisonniers ont basculé de fait de la catégorie "j'ai une activité instable qui ne me convient pas" à "je n'ai pas eu d'activité du tout". Cette situation toucherait environ 633 600 personnes. En effet, pendant le confinement, 1.489.000 personnes ont pu continuer à exercer une activité tout en recherchant activement un emploi stable (étant restées recensées dans les catégories B et C).
Au total, le nombre de personnes à la recherche active d'un emploi a augmenté de 209.300 au mois d’avril (soit +3,6 % pour les catégories A, B et C). Enfin, la DARES précise que le nombre de personnes se considérant comme en recherche d'un premier emploi diminue, cela étant dû à un arrêt de la recherche d'emploi pendant le confinement.
De nombreux plans de licenciements ont été annoncés ces derniers jours, ce qui laisse craindre une augmentation du chiffre du chômage pour les mois de mai et de juin.