Roqya de Saïd Belktibia avec Golshifteh Farahani : Notre avis et la bande-annonce

Par Manon de Sortiraparis · Publié le 10 avril 2024 à 17h55
Saïd Belktibia de Kourtrajmé sort son premier film Roqya avec Golshifteh Farahani, en salle le 15 mai 2024.

Après Kim Chapiron et Ladj Ly, c'est au tour d'un autre membre du collectif Kourtrajmé de passer derrière la caméra : Saïd Belktibia. Avec Roqya, il signe son premier long-métrage, aux confins du thriller et du film d'action, porté par Golshifteh Farahani. Elle joue Nour, une jeune femme qui vit de la contrebande d'animaux exotiques qu'elle revend ensuite à des guérisseurs.

Le film prend plaisir à tourner en dérision l'émergence des marabouts 2.0, prêts à faire la pub de leurs pouvoirs sur les réseaux sociaux, quand cette publicité se cantonnait, jusqu'alors, à la distribution de tracts qui prêtent plus à sourire qu'autre chose au sortir du métro Barbès, affirmant mordicus pouvoir ramener votre femme et vous faire gagner au Loto.

Nour elle-même le reconnait, alors qu'elle développe Baraka, une application semblable à Doctolib pour trouver un marabout, un chaman ou une guérisseuse plutôt qu'un dentiste ou un généraliste : "C'est que du business." Jusqu'à une scène dans une clinique en banlieue où les exorcismes sont pratiqués à tire-larigot, jour et nuit ; véritable uberisation du maraboutage.

Lorsqu'une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie et devient la proie des crédules. Commence alors une chasse aux sorcières menée par les habitants du quartiers et portée par une mise en scène musclée habituelle des productions Kourtrajmé, à base de ralentis, de courses-poursuites rythmées, d'appartement en proie aux flammes et de violence faite pour choquer. Mais malgré ce rythme galopant en apparence, le film a rapidement un point de côté, tandis que le manque cruel de véritables sentiments émanant des personnages rend impossible toute sympathie pour eux.

Ni cette mère à la recherche de son fils, ni cet ex violent (Jérémy Ferrari, son premier rôle au cinéma) qui devrait pourtant nous hérisser le poil, ni ce père vieillissant (Denis Lavant) voué corps et âme à la santé mentale de son fils, n'arrivent à provoquer quoique ce soit en nous. Roqya est un film distant duquel ne transpire aucune émotion réelle, malgré les cris (nombreux) et les larmes (aussi) - pas même envers les animaux de contrebande qui se voient sacrifiés. 

En cause, une direction d'acteurs des plus hasardeuse et aucun avis tranché sur des sujets pourtant importants et plus que jamais d'actualité : la misogynie ambiante et ordinaire (pour un film de sorcière, grande figure de l'histoire féministe, c'est un comble), tout comme l'emballement rapide et inarrêtable des réseaux sociaux à chaque fait divers. Pour un film sur un sujet aussi ésotérique, on lui préfèrera grandement Salem de Jean-Baptiste Marlin, en salle quasiment au même moment.

La bande-annonce de Roqya :

Informations pratiques

Dates et Horaires
À partir du 15 mai 2024

×
    Commentaires
    Affinez votre recherche
    Affinez votre recherche
    Affinez votre recherche
    Affinez votre recherche