Les sept jours de simon labrosse

Par · Publié le 22 février 2009 à 0h
Arrivé au Guichet Montparnasse, portes closes ! Il se trame pourtant quelque chose dans ce petit théâtre de la rue du Maine...Une vie, voilà le secret du lieu. En plein contexte de crise, nous vous faisons découvrir une pièce à l'idée bien choisie.
L'ombre et la lumière sont probablement les termes clés du décor. Plusieurs lampes suspendues, sous lesquelles les personnages défilent à tour de rôle, mettent en évidence l'importance de la prise de parole. Ici, la pénombre a pour connotation la mise à l'écart comme la mise en relief des protagonistes. En fond, deux toiles de Van Gogh. L'une, La Chambre de Van Gogh à Arles, l'autre des champs de blé. Il y a certainement une confrontation entre le vide représenté par la chambre puis la clarté de la seconde peinture pour l'optimisme. Ouverture et repli sont bien les axes autour desquels s'articulent le cheminement des sept jours de Simon Labrosse. En arrière plan, un magnétophone à qui Simon s'adresse deviendrait presque protagoniste à son tour. Tout semble suggéré puis finalement judicieusement dévoilé.
C'est donc l'histoire d'un jeune homme sans emploi, sous le fléau de la crise à la recherche légitime d'un travail. « Emploi » ? Quelconque ! Me demanderiez-vous... Loin de là. Simon met en scène sa quête pendant sept jours à travers Léo et Nathalie qu'il engage pour jouer le rôle de son existence. Ce garçon naïf expose son potentiel et ses pirouettes ludiques auprès de gens rencontrés au fil de ses démarches. Une volonté perpétuelle de trouver matière à être embauché au travers d'idées très farfelues. Absurde, répondrait n'importe quel recruteur lambda...
Bonjour les claquements de portes au nez et les refus lorsqu'il est question d'argent. Voilà le problème. Néanmoins, les sept activités proposées de la part de Simon sont humaines. Aider une passante à se sentir exister en jouant le spectateur de ses actions, ça c'est du boulot ! Mais pas question de payer pour, répondra cette dernière. Léo et Nathalie incarnent les autres et leur refus. Lorsque ces deux personnages se détachent de leur « second » rôle, il y a mise en situation « schizophrénique » des humeurs d'un Simon tantôt très pessimiste, tantôt plein d'espoir. Niveau interprétation, on sent le bagage bien chargé des comédiens. Marie-Line Vergnaux (Nathalie), virtuose du passage entre joie et colère, Ramdane Sadli (Léo), ténor de l'attendrissement puis François Frion (Simon), maître de l'innocence et de la désillusion. Je suis sous le charme.
Cette farce émouvante, de son talentueux auteur québècois Carole Fréchette, est le reflet évident de l'hypocrisie ambiante de ceux désirant le « beurre et l'argent du beurre » . La pièce dénonce fabuleusement bien le manque d'humanité et l'avilissement permanent du « tout pour soi ». Attention, on ne tombe pas non plus dans le mélodramatique, les comédiens usent de leur facultés pour nous saisir aussi et surtout par le rire. La chute est exceptionnelle, Simon a trouvé de quoi vivre auprès de qui finalement ? Telle est la question. L'auteur implique son ressenti et son vécu vis-à-vis de la récession fin 90 au Canada où l'on cherchait à s'inventer des métiers.
A voir absolument...Par les temps qui courent. C'est au Guichet Montparnasse que ça se passe, prennez place !
La pièce commence à 22 h mais c'est idéal vu tous les restos sympas et accessibles de la rue.





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