Interview : le prince miiaou, la scène et la musique

Par Caroline de Sortiraparis · Publié le 2 mai 2011 à 11h16
Sortiraparis a rencontré Maud-Elisa Mandeau, alias le Prince Miiaou, quelques jours avec son concert au Café de la Danse, prévu le 3 mai prochain. On a parlé, bien sûr, de son dernier et très réussi 3e opus, "Fill the blank with your own emptiness", sorti le 28 mars dernier, mais aussi de la scène ou encore de ses diverses influences.
SAP // Comment vis-tu le buzz et l’intérêt que les médias te portent en ce moment ?
Le Prince Miiaou // C’est un buzz qui est tout de même relatif. C’est pas non plus Anna Calvi ou Cascadeur, je trouve, donc c’est plutôt bien (rires). Mais c’est quand même assez bizarre de voire sa tronche dans les magazines, de voir ses propos retranscrits par le prisme d’un journaliste. Mais en même temps, c’est super chouette parce que sans ça, sans visibilité dans les médias, tu n’existes pas.

SAP // Tu as pourtant fait deux autres précédents albums. Alors selon toi, pourquoi le buzz n'arrive que maintenant? Y a-t-il des gens qui t'ont aidé?
LPM // Je dis toujours que la paternité du Prince Miiaou revient à Lenoir parce que c’est lui qui, pour la première fois, a passé puis a encensé le projet. Puis ensuite, ça a intéressé d’autres gens parce que Lenoir a un certain crédit dans le rock Indé. Il y a aussi eu JD Beauvallet des Inrocks. C’est assez concomitant d’ailleurs avec Lenoir et je n’ai jamais vraiment su qui en avait parlé le premier. Et enfin, Libération avait aussi fait une accroche couv’ et une pleine page. Donc en fait, ce sont ces gens là qui m’ont fait connaître.
Puis il faut dire aussi que cet album est un peu plus accessible que les précédents, je me suis un peu moins perdue dans des schémas de chansons compliquées.

SAP // Tu reviens de Bourges et tu t’apprêtes à monter sur la scène du Café de la Danse le 3 mai prochain avant d’enchaîner d’autres dates ailleurs. La scène, c’est quelque chose que tu appréhendes ?
LPM // Ma réponse a vraiment changé en un mois quasiment parce que avant je détestais la scène. Vraiment. J’y allais à reculons. J’avais très peur. Je ne m’amusais pas parce que j’étais paralysé par le manque de technique et j’avais peur de ne pas assurer. Mais avec toute la semaine de promo qu’on a eu pendant la sortie de cet album, et bien du coup, les concerts sont devenus quelque chose de plus naturels. Et puis, surtout, je me suis rendue compte que j’assurais de plus en plus ce que j’avais à faire et que ça ne se passait jamais mal. Donc je commence à prendre confiance.

SAP // Et pourquoi ce déguisement que tu arbores dans tes clips ou sur scène ?
LPM // La scène c’est marrant pour ça, pour pouvoir faire des choses qu’on ne peut pas faire dans la vraie vie ou dans la rue par exemple. Mais j’aimerais bien être beaucoup plus déguisée que ça. Mais le problème, avec la musique que je fais, c’est toujours dur parce qu’il y a des morceaux joyeux et des morceaux très tristes donc je ne peux pas arriver de manière déguisée et faire un morceau très triste, ça ne marcherait pas ! Mais oui, ça me décomplexe sur scène.









Le Prince Miiaou - J'ai Deux Yeux par leprincemiiaou

SAP // Tu peux nous parler un peu de ta manière de travailler ?
LPM // Sur cet album, j’ai pas mal galéré à écrire les paroles. Je n’avais pas trop d’idées, de par ma situation personnelle. Donc je compose d’abord toute la musique et je trouve le chant au yaourt, avec des sonorités plutôt anglo-saxonnes. Et après, c’est encore plus dur parce qu’il faut que je trouve des mots qui collent dans ce yaourt auquel je me suis habituée. Après il y a des morceaux comme "I don’t know My name", que j’ai écrit en une nuit, ou "Easy Target" aussi, où le texte coulait tout seul.

SAP // Ton inspiration pour les textes, elle vient d’où ?
LPM // C’est clairement tout ce qui m’entoure : les livres, la musique. Souvent j’écoute Mogwai par exemple pour écrire des paroles, parce que ça me plonge dans une ambiance et un climat particulier, qui facilite l’écriture. Avant, j’écrivais plus sur mes histoires personnelles. Maintenant c’est un peu plus des histoires inventées où j’explique plus des émotions, des images.

SAP // Maintenant que tu as un label, ça change beaucoup de choses pour toi ?
LPM // Déjà, c’est rassurant et j’ai l’impression d’être arrivée à un des paliers de tous les étages qu’il y a à monter dans une carrière musicale. T’es pris en charge au niveau de la promo, au niveau de la distribution, par des gens dont c’est le métier, à qui tu peux te référer en cas de questions, chose que je n’avais pas avant, et surtout qui vendent mieux mon album que moi je ne pourrais le faire.

SAP // Certains te comparent à d’autres artistes comme PJ Harvey, Cat Power, et je crois que tu n’aimes pas trop ça d’ailleurs ?
LPM// C’est pas que je n’aime pas. C’est qu’il n’y a qu’une PJ Harvey, qu’une Cat Power et puis il y a le Prince Miiaou. Je comprends que certains comparent, parce qu’il faut des références et puis moi je suis la première à le faire aussi avec tout ce que j’entends. Ce qui m’agace, c’est quand on dit par exemple : « ah oui, elle a clairement la voix de Cat Power quand elle est calme, Florence & The Machine quand elle crie et puis les émotions de Beth Gibbons ». Ou quand on dit « elle n’a pas une voix originale ». Mais ma voix je ne l’ai pas choisi. Je chante comme n’importe qui se mettrait à chanter et j’ai la voix que j’ai. Mais sinon ce sont des références hyper classes !

SAP // Et ces références font partie de tes influences ou pas ?
LPM // Oui, en plus c’est complètement dedans. C’est vrai pour PJ Harvey. Alors, je ne suis pas trop influencée par sa musique mais par son attitude et sa voix. Je fais du rock et ça a été mon premier modèle de femme dans le rock. Ca aurait pu être Patti Smith mais non, pas du tout en fait, ça reste PJ Harvey.

SAP // Les collaborations font-elles partie de tes futurs projets ?
LPM // Alors pour le moment pas trop. On commence quand même à me parler de duos avec Raphaël ou Alister. Mais ça ne m’excite pas plus que ça et je ne me vois par faire autre chose que le Prince Miiaou finalement en ce moment.

SAP // Tes endroits phares à Paris ?
LPM // Le problème c’est que quand j’habitais Paris, parce que je n’y habite plus, je ne sortais pas trop. Je suis plutôt sauvage. Mais j’allais autour de chez moi, dans le 11e, genre au Pop In, ou au Bottle shop. Je suis allée une fois au Baron et ça ne m’a vraiment pas plu.

SAP // Le son du moment ?
Le problème c’est que je n’écoute rien en ce moment (rires). Cela fait trois mois que j’ai plus de baladeurs et puis je suis tout le temps sur les routes donc je sèche à chaque fois qu’on me pose cette question et aujourd’hui aussi (rires)

SAP // Ton livre de chevet ?
LPM // Le dernier livre que j’ai lu, qui m’a plu c’est Ken Follett, c’est « Un monde sans fin ». C’est un gros livre sur le Moyen Âge.

SAP // L’artiste avec qui tu aimerais bien partager l’affiche d’un festival ?
LPM // J’aimerai bien jouer avec Arcade Fire mais j’aurais peur qu’ils me disent « Dis donc tu nous as pompé pas mal de choses quand même ? » (rires). Donc l’idéal ça serait qu’ils viennent chanter les choses dont je me suis inspirée avec moi. Foals aussi j’aimerais bien et Radiohead. Et bon Pj Harvey ne veut pas de première partie féminine donc ça n’arrivera jamais.

SAP // Un artiste que tu as honte d’écouter ?
LPM // C’est vraiment horrible mais à une époque, je pouvais écouter James Blunt. Je sais pas pourquoi. Il y a un côté un peu comme dans Grey’s Anatomy, genre Joseph Arthur, un peu pop, très mélodramatique cucu. Alors, je ne dis pas que j’écoutais ça en boucle mais une ou deux fois, ça m’est arrivé.

(Crédit photo : Maud-Elisa Mandeau)

Retrouvez le Prince Miiaou en concert au Café de la Danse, le mardi 3 mai 2011 à 19h30
Tarif : 17,80 €
Réservations!

Son 3e album, "Fill the blank with your own emptiness" (Troisième Bureau), est dans les bacs depuis le 28 mars dernier.


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