Report : L'Homme qui se hait, à Chaillot.

Par · Publié le 5 février 2013 à 22h10
Hier soir à Chaillot, vendredi 1er février, avait lieu la première de L’Homme qui se hait, pièce écrite par Emmanuel Bourdieu et mise en scène par Denis Podalydès. Une pièce étonnante autant par son texte, brillant, que par l’atmosphère qui s’en dégage.

Peter Winch n’est pas un homme comme les autres. Le maître de L’Homme qui se hait est un philosophe reconnu (du moins, d’après ses disciples, au nombre de deux) qui parcours l’Europe (de villages d’Albanie à des bourgades suisses) afin de propager sa parole, sa parole toujours réfléchie. Nous touchons là à une des caractéristiques principales du personnage interprété avec brio par Gabriel Dufay. Peter Winch ne prononce jamais de paroles en l’air. Chaque mot est profond et vrai, pur et raisonné. L’homme se retrouve dans l’impossibilité de parler de manière naturelle, et d’avoir une discussion dite « normale », avec quelqu’un, tout devant être pesé et analysé. 

Pour diffuser cette parole qu’on pourrait sans problème qualifier de « divine », Peter Winch a fondé l’UPA (Université Philosophique Ambulante) et voyage ainsi de villages en villages, accompagné de ses deux fidèles compagnons, et « fans », deux êtres faibles et fous d’amour pour leur maître, qu’ils idolâtrent avec excès et passion.

La pièce débute par une conférence du maître, histoire que nous comprenions à quelle bête nous avons à faire. Peter Winch expose ainsi, à un public éclairé, sa thèse sur l’homme qui se hait, et sur l’amour impossible auquel celui-ci est condamné (l’homme ne pouvant tombé amoureux que de ses ennemis, partageant avec eux cette haine de lui-même et ce mépris pour son propre personnage ; tout individu qui l’aimerait serait alors incompris, ne voyait pas ce qu’il pourrait dégagé d’agréable).

Une fois la conférence terminée, nous entrons dans la pièce à proprement parlé, et découvrons nous seulement cet homme à la fois drôle et à la fois détestable, un homme pour qui le terme « égocentrisme » ne serait même pas assez fort. Mais nous découvrons aussi ces deux entités invisibles qui le suivent dans son errance, Monsieur Bakhamouche et de son épouse, dont l’idolâtrie dépasse l’entendement, à répéter ses conférences par cœur, afin de l’aider à s’endormir, la nuit. Esclaves de l’intelligence divine de leur maître, ils vivent cachés derrière la réflexion d’un autre, incapable de penser par eux-mêmes,  perdus quand celui-ci s’en va, attaqué par la folie que connaissent souvent les hommes illustres.

Denis Podalydès offre au Palais de Chaillot une mise en scène pertinente. Une mise en scène où trois êtres s’exposent aux yeux de tous dans le plus simple appareil de ce qu’on pourrait presque appelé de la folie, et de l’excès. La scénographie de d’Eric Ruf et de Delphine Sainte-Marie est superbe, et en parfaite connexion avec les lumières, et avec les costumes des plus élégants de Christian Lacroix.

Infos pratiques :

L’Homme qui se hait, à Chaillot, du 1er au 28 février 2013.

Du mardi au vendredi à 20h30, et le samedi à 17h (et le dimanche 24 à 15h30).

Tarifs : de 8 à 33€

Réservations : 01 53 65 30 00

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 1er février 2013 au 28 février 2013

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    Lieu

    Place du Trocadéro ,
    75116 Paris 16

    Infos d’accessibilité

    Tarifs
    Minima sociaux : 8€
    TR : 25€
    TP : 33€

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