Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde

Par · Publié le 13 octobre 2011 à 11h44
Exposée au Musée d'Orsay du 13 septembre au 15 janvier, Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde est le rendez-vous pour tous les passionné de l'époque victorienne. Une invitation à l'ivresse et au raffinement.
Pour l'ouverture de la saison 2011-2012, le Musée d'Orsay accueille (c'est d'ailleurs une première) une exposition du Victoria & Albert Museum de Londres : Beauté, Morale et volupté propose une exploration du courant de l' « Aesthetic Movement », ou Esthétisme, qui s'est épanoui en Angleterre dans la seconde moitié du XIXème siècle. S'il connut des déclinaisons dans d'autres pays d'Europe, ce courant prit en Angleterre une dimension révolutionnaire particulière, puisqu'il se cristallisa autour de la notion devenue banale de « L’art pour l'art », conçue comme une machine de guerre contre l'utilitarisme et la morale puritaine qui corsetaient la société anglaise de l'époque victorienne. Le visiteur pourra donc découvrir la vitalité et la fécondité de l'Esthétisme, qui irrigua non seulement le domaine des beaux-arts traditionnels, mais se manifesta en outre dans le domaine des arts appliqués et des arts décoratifs (architecture, design, art textile, orfèvrerie etc.).

L'exposition promène le visiteur de la naissance et de l'essor du mouvement à son déclin et son dépassement dans l'art « décadent », dans un parcours aux couleurs vert-olive de la Grosvenor Gallery (temple des artistes « esthétiques ») et rythmé par les aphorismes d'Oscar Wilde, dont le dandysme figure en quelque sorte l'incarnation éthique de l'Aesthetic Movement.

La découverte de ses grands représentants (les peintres James Whistler, Dante Gabriel Rossetti, Frederic Leighton, l'architecte et pionnier de design Edward Godwin... ) font pénétrer dans un monde de raffinement extrême à la mesure de la sensibilité exacerbée des artistes comme des commanditaires des œuvres - à l'instar de cette Peacock Room (Pièce aux Paons, 1876) conçue par Whistler et Godwin pour le riche armateur Frederick Leyland, véritable matérialisation dans l'espace du monde rêvé et de l'idéal qui anime leur art ; la House beautiful, cette révolution dans la construction et la décoration intérieure, instaure un sentiment nouveau de la nécessité de la beauté. Mais au-delà de la création de maisons d'artistes, véritables palais des arts, nombreux sont les représentants du mouvement qui s'intéressent à la création pour tous, mais toujours création d'objets à l'opposé des objets commerciaux ordinaires.

C'est un univers quelque peu suranné et kitsch, où reviennent les poteries chinoises blanches et bleues, les influences déterminantes du Japon nouvellement ouvert aux Européens et d'une Antiquité grecque et romaine revisitée loin des canons néo-classiques, les motifs du tournesol et du paon symboles de la Beauté... L'ancrage dans un style historique et considéré comme indispensable, mais l'hybridation des influences permet le déploiement de formes nouvelles qui détonnent par leur excentricité et représentent un véritable défi aux conventions, dont on prendra la mesure en admirant certaines incroyables pièces de mobilier. C'est donc un univers qui illustre à merveille la dimension révolutionnaire de l'entreprise de l'Aesthetic Movement : le domaine de l'art se voit radicalement coupé de la sphère de la nécessité et refuse la soumission aux problématiques religieuses et morales, ce qui passe par une réinvention totale de codes artistiques jugés désuets, et provoque à l'occasion de violentes controverses entre les esthètes novateurs et les détracteurs du mouvement qui y voient une invitation à la perversion et à l'immoralité.

Malgré quelques réserves concernant la muséographie, l'éclairage (très pénible pour lire la typographie violine sur fond gris des cartels) et l'utilisation de l'espace, tantôt resserré à l'excès, tantôt évidé sans raison, on se glissera dans la peau du dandy pour goûter les mille subtilités, les innovations réussies ou non, les riches ou discrètes élégances que sut inventer ce mouvement artistique et qui sont le signe de l'entrée dans une véritable modernité, tout en annonçant la naissance de ce qui plus tard sera l’Art Nouveau.

John William Waterhouse Sainte-Cécile© Christie's Images / Bridgeman Art Library
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Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 13 septembre 2011 au 15 janvier 2012

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    Lieu

    62 rue de Lille
    75007 Paris 7

    Infos d’accessibilité

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