Paris, Ville Lumière. Ses monuments incontournables qui brassent, chaque année, des millions de touristes, ses petites places cachées où il fait bon s'arrêter et ses quartiers-villages où il fait bon vivre, ses belles fontaines, ses ponts mythiques, ses musées, sa Tour Eiffel... Il n'y a pas à dire, la capitale sait faire battre la chamade à notre cœur. Mais connaissez-vous la face plus sombre de Paris ?
Tout au long de son histoire, la capitale française a vu défiler, dans ses rues, des meurtriers désormais célèbres pour leurs méfaits. De Landru au "tueur de l'Est parisien" Guy Georges en passant par le Docteur Petiot et le duo Cabard et Miquelon, découvrez les histoires des plus grands criminels parisiens au fil des années et au gré des rues !
Direction le quartier de la Cité dans l'actuel 4e arrondissement de Paris pour un fait divers qui fait froid dans le dos. Nous sommes au début du 15e siècle; la crise économique fait rage dans le royaume en guerre, la famine est grandissante dans les foyers de la capitale, et le souverain de l'époque, Charles VI, dirige le pays d'une main de fer pas vraiment dans un gant de velours. Dans la rue des Marmousets-en-la-Cité (détruite dans le cadre des travaux de transformations de Paris sous le Second Empire pour construire l'Hôtel-Dieu), un barbier, Barnabé Cabard, et un pâtissier, Pierre Miquelon, s'associent pour un dessein macabre : celui de gagner de l'argent coûte que c(r)oûte.
Ils se répartissent les rôles : Barnabé Cabard aura pour mission d'égorger ses clients avec un rasoir et de s'emparer de leurs économies, tandis que Pierre Miquelon se chargera de récupérer les corps grâce à une trappe qui mène directement à sa cave et de les faire disparaître... en les transformant en pâtés en croûte, vendus par la suite dans sa pâtisserie ! Il se raconte même que le roi Charles VI en était friand - sans mauvais jeu de mots. Un jour, les aboiements du chien d’une de leurs victimes, un étudiant allemand, alertent la maréchaussée. Les deux meurtriers sont arrêtés, avouent leurs crimes et finissent brûlés vifs dans des cages de fer, sur la place de Grève, le jour-même de la sentence.
A l'époque, il convenait que les maisons dans lesquelles s'étaient déroulés des crimes fussent rasées. Il en fut ainsi, tandis qu'une petite pyramide expiatoire fut élevée à cet endroit jusqu'en 1536. Bien que cette affaire criminelle relève, peut-être, de la légende urbaine - aucun document officiel n'attestant des faits - cette histoire vous rappelle peut-être le film Sweeney Todd de Tim Burton qui s'en est bel et bien inspiré.
En novembre 1814, une tête coupée, enveloppée dans un linge, est repêchée par des bateliers dans la Seine. Un tronc humain est découvert, dans la même journée, non loin du Louvre, puis deux cuisses découpées, près des Champs-Elysées. Un puzzle macabre, reconstitué et exposé à la morgue de l’île de la Cité afin que Parisiennes et Parisiens puissent tenter de reconnaître le corps. C'est chose faite, un mois plus tard : une femme identifie le corps comme étant celui d'Auguste Dautun.
Drôle de coïncidence : quelques mois plus tôt, la tante de ce dernier, Jeanne-Marie Dautun, était retrouvée poignardée et détroussée à son domicile par son valet, rue de la Grange Batelière dans le 9e arrondissement de Paris. Même scénario au domicile d'Auguste Dautun, rue Saint-Germain-l’Auxerrois dans le 1er arrondissement : lorsque les policiers pénètrent dans l'appartement maculé de sang de la victime, ils découvrent que les tiroirs ont été vidés.
Rapidement, les soupçons des enquêteurs se tournent vers le frère et neveu des deux victimes, Charles Dautun. Interrogé, ce dernier craque et avoue les meurtres. Le mobile de ces crimes atroces ? La cupidité. Ayant dépensé toutes ses économies, cet ancien étudiant en médecine, devenu par la suite soldat, a, en effet, décidé d'extorquer de l'argent aux membres de sa propre famille, non sans les tuer au préalable. Reconnu coupable en 1815, il finit guillotiné.
L'affaire du "triple assassinat de la rue Montaigne" va occuper les premières pages des quotidiens français de l'époque durant plus d'un mois. Le 17 mars 1887, un triple homicide est commis dans le 8e arrondissement de la capitale, au 17 de la rue Montaigne - aujourd'hui rue Jean-Mermoz. Les trois victimes ont été égorgées, à la limite de la décapitation. Il s'agit de Claudine-Marie Regnault, une courtisane connue sous le nom de Régine de Montille, d'Annette Grémeret, sa femme de chambre, et de Marie Grémeret, la fille de 9 ans de cette dernière. Là encore, le mobile est crapuleux : les bijoux, diamants et objets de valeur de Régine de Montille ont été dérobés.
Après plusieurs jours d'enquête, les policiers sont alertés par une mère maquerelle marseillaise qu'un des clients de sa maison close, un certain Henri Pranzini, règle ses passes avec des bijoux et des pierres précieuses. Le jour-même, Pranzini est arrêté au Grand-Théâtre de Marseille. Les preuves s'accumulent contre cet ancien soldat, trafiquant à ses heures perdues, alors même que la police expérimente le relevé d'empreintes digitales. Reconnu coupable des trois meurtres, il est condamné à la peine capitale et guillotiné le 31 août 1887 devant la prison de la grande Roquette, dans le 11e arrondissement.
Après son exécution, un moulage de sa tête est réalisé en cire, en verre soufflé et recouvert de cheveux humains, afin d'étudier les caractéristiques physiques des criminels. Cette dernière est encore exposée, de nos jours, au Musée de la Préfecture de Police ! Son corps, quant à lui, est envoyé à l'Ecole de Médecine, et un nouveau scandale va suivre. En effet, la peau du cadavre de Pranzini aurait été tannée par un maroquinier de la Rue de la Verrerie, à la demande d'un haut-gradé de la Sûreté - un ancien organisme de police - afin de réaliser deux porte-cartes en cuir.
Les femmes aussi ont marqué le paysage du crime parisien. Arrivée à Paris depuis sa Bretagne natale, Jeanne Moulinet épouse Jean Weber en 1893 et s'installe dans le quartier de la Goutte d'Or. Peu de temps après, trois de ses enfants sont retrouvés morts dans d'étranges conditions. Le 2 mars 1905, rebelotte : l'enfant de la belle-sœur de Jeanne Weber, âgé de 18 mois, tombe soudainement malade sous sa surveillance et décède. Le 25 mars de cette même année, la nièce de Jeanne Weber, Germaine, âgée de 7 ans, est prise d'une crise de "suffocation". La petite survit jusqu'au lendemain puis décède de diphtérie, alors que sa tante la garde pour la deuxième journée consécutive. A chaque fois, des marques rouges sont présentes sur le cou des enfants sans que cela n'alerte les médecins.
Une semaine plus tard, le 5 avril 1905, Jeanne Weber garde son neveu, Maurice, âgé de 2 ans. Au retour à la maison de ses belles-sœurs, ces dernières retrouvent Jeanne prise de rage, debout sur le petit garçon au cou recouvert d'ecchymoses. Une plainte est déposée mais le médecin légiste du parquet de la Seine, le docteur Socquet, et le professeur de médecine légale de la faculté de Paris, Léon Thoinot, concluent à des morts naturelles pour chacun des huit meurtres imputés à Jeanne Weber.
Acquittée, considérée comme une innocente victime, Jeanne Weber part s'installer dans l'Indre sous un faux nom. Après deux nouveaux meurtres d'enfants, elle finit par avouer ses crimes à la police qui la fait interner. Libérée car considérée "saine d'esprit" par les médecins et de retour à Paris, elle est surprise en train d'étrangler le fils d'un aubergiste, âgé de 10 ans et sera déclarée folle le 19 décembre 1908 avant d'être envoyée à l'asile où elle mourra d'une néphrite le 5 juillet 1918.
Impossible d'entendre raconter l'histoire des plus célèbres tueurs parisiens sans aborder le cas du "Barbe Bleue de Gambais", Henri Désiré Landru. Après des années de petits boulots, d'escroqueries et de séjours en prison et au bagne en Guyane, Landru fomente, dès 1914, un stratagème pour se faire de l'argent facilement. L'idée est simple : se faire passer pour un veuf esseulé et aisé afin de séduire des jeunes femmes seules - souvent des veuves de la Première Guerre Mondiale - et fortunées. En 4 ans seulement, Landru va user d'une centaine de pseudonymes pour échapper à la justice et séduire de nombreuses femmes en les recrutant grâce à des petites annonces matrimoniales publiées dans les quotidiens de l'époque, avant de les dépouiller et de les tuer.
Officiant dans un premier temps à La Chaussée-près-Gouvieux, à Vernouillet, puis à Gambais, Landru finit par s'installer à Paris, au 22, rue de Châteaudun dans le 9e arrondissement. C'est là que le célèbre criminel fera brûler, dans sa cuisinière et sa cheminée, les parties de corps de ses victimes qu'il n'a pas pris soin d'enterrer dans les bois, comme les têtes, les mains et les pieds. Les familles de plusieurs disparues finissent par porter plainte, et après des années d'enquête, Landru est arrêté chez sa maîtresse, au 76 rue de Rochechouart.
Lors de la perquisition conduite à son domicile de Gambais, la police retrouvera plus de 1,5kg d'os humains calcinés, 47 dents, ainsi que de nombreux objets ayant appartenu à ses victimes, comme des épingles, des boutons, des morceaux de corset et des agrafes. Au terme d'un procès durant lequel il niera farouchement et multipliera les bons mots et les provocations, Landru est condamné à mort pour ces 11 meurtres et guillotiné à Versailles le 25 février 1922.
Dans la lignée de Landru, Marcel Petiot tient, lui-aussi, le haut du pavé des tueurs en série parisiens. Soldat durant la Première Guerre Mondiale, Marcel Petiot passe son diplôme de médecine à la Faculté de médecine de Paris, après avoir été réformé pour troubles psychiatriques. Le 11 août 1941, alors que la France est sous occupation allemande, il acquiert un hôtel particulier au 21 rue Le Sueur, dans le 16e arrondissement, et y entreprend de grands travaux afin d'empêcher toute visibilité depuis l'extérieur.
A l'instar de Landru qui tirait profit des veuves de la Grande Guerre, le docteur Petiot profite de la Seconde Guerre Mondiale. En effet, à compter de 1942, il prend le nom de docteur Eugène et propose aux Juifs de France et aux individus menacés par la Gestapo de les aider à passer en zone libre, voire de s'enfuir du pays grâce à un réseau clandestin vers l'Argentine. Pour cela, il demande à ses futures victimes de le rejoindre en pleine nuit dans son hôtel particulier avec une valise remplie de bijoux, d'argenterie et d’argent liquide. Prétextant les vacciner avant leur grand voyage vers l'Amérique du Sud, le docteur Petiot gaze mortellement les malheureux et les découpe en morceaux. Pire encore, Petiot prenait un malin plaisir à observer l'agonie de ses victimes à travers un judas installé dans une véritable chambre à gaz créée de toutes pièces dans sa cave.
Pour faire disparaitre les corps, le criminel les plongeait ensuite dans un puits rempli de chaux vive afin d'empêcher les odeurs de décomposition de se propager dans le quartier. Mais le voisinage, alerté par la fumée noire qui s'échappe de l'hôtel particulier de Petiot, accompagnée d'odeurs pestilentielles, finit par alerter la police qui retrouve, à son domicile, 72 valises de victimes remplis de biens précieux, 655 kilos d'objets divers dont des manteaux, des robes, des costumes d'hommes et des chaussures, ainsi que plusieurs corps humains dépecés, prêts à être incinérés dans deux gros fours à bois. Condamné pour l'assassinat de 27 personnes au terme d'un procès très médiatisé au cours duquel Petiot cherche à imiter le cynisme de Landru, le Docteur Petiot est guillotiné le 25 mai 1946, revendiquant jusqu'au bout 63 meurtres.
En 1984, il ne faisait pas bon être une vieille dame dans le 18e arrondissement de Paris. Depuis le début de l'année, de nombreuses vieilles dames fragiles et isolées sont, en effet, agressées chez elles, détroussées de leurs maigres économies et assassinées de manière violente et sadique. Rue Lepic, rue Nicolet, boulevard de Clichy, rue Marc-Séguin, rue Pajol, mais aussi rue des Trois-Frères et rue Armand-Gauthier... L'assassin semble connaître le 18e arrondissement de Paris comme sa poche !
De 1985 à 1987, après une courte pause, les assassinats de vieille dame reprennent, cette fois-ci dans les 11e, 12e et 14e arrondissements de la capitale. La police est sur les dents. Aidés par Berthe Finalteri, une victime qui en réchappe et dresse un portrait-robot détaillé de son agresseur, les policiers identifient enfin le tueur : Thierry Paulin, un jeune Martiniquais aux cheveux blonds peroxydés, serveur au Paradis Latin, figure du milieu de la nuit parisienne et drag queen à ses heures perdues, qui mène une vie de château grâce aux économies de ses victimes.
Le 1er décembre 1987, Thierry Paulin est reconnu par hasard par un commissaire de police, rue de Chabrol dans le 10e arrondissement, et arrêté. En garde à vue, il avoue les meurtres de 21 personnes et livre le nom de son complice et amant, Jean-Thierry Mathurin. Le 4 décembre 1987, Thierry Paulin, alors âgé de 24 ans, est inculpé pour 18 assassinats - trois ne concordant pas avec les informations de la police. Mathurin, 22 ans, est quant à lui inculpé pour 8 assassinats. Mais Thierry Paulin meurt des suites du Sida à la prison à Fresnes, le 16 avril 1989, avant d'avoir pu être jugé.
1991-1997, 7 années durant lesquelles le peuple parisien va trembler. Un tueur sévit dans la capitale. Pascale Escarfail, jeune étudiante en lettres à la Sorbonne, est retrouvée assassinée chez elle au 41 de la rue Delambre, le 24 janvier 1991. Trois ans plus tard, le 7 janvier 1994, Catherine Rocher, 27 ans, est tuée dans un parking souterrain, boulevard de Reuilly. Le "tueur de l'Est parisien", comme la presse commence alors à le surnommer, récidive le 8 novembre 1994 en assassinant Elsa Benady dans un parking souterrain du 13e arrondissement; puis Agnès Nijkamp, retrouvée égorgée à son domicile du 11e arrondissement, le 10 décembre 1994. S'en suivront les meurtres violents d'Hélène Frinking en juillet 1995, de Magali Sirotti en septembre 1997 et d'Estelle Magd en novembre 1997, entrecoupés de tentatives de meurtre manquées. En tout, sept jeunes femmes sont retrouvées violées, ligotées et égorgées à leur domicile et dans des parkings souterrains.
Le 16 juin 1995, Élisabeth Ortega échappe au tueur et dresse un portrait-robot à la police - mais celui-ci s'avèrera par la suite erroné. L'enquête - ou plutôt les enquêtes - piétine ! En effet, différents services de police s'occupent des investigations, sans faire les rapprochements nécessaires entre celles-ci. Il faudra attendre la fin de l'année 1997 pour que le lien soit fait entre ces crimes et que l'existence d'un tueur en série sévissant dans la capitale soit avérée. Alors que la police scientifique en est encore aux balbutiements de la recherche ADN, le profil du tueur récupéré sur les scènes de crime est finalement établi (le désormais célèbre profil SK1, pour "Serial Killer 1") et comparé aux suspects passés entre les mains de la police et relâchés. Et ça matche !
Le 26 mars 1998, RTL dévoile, sur les ondes, le nom du "tueur de l'Est parisien", au grand dam de la police judiciaire : il s'appelle Guy Georges. Quelques heures plus tard, un policier - qui dispose désormais de la photographie d’identité judiciaire du tueur - tombe par hasard sur Guy Georges dans la rue et l'interpelle devant le Monoprix du boulevard de Clichy, dans le 9e arrondissement. Après avoir nié puis reconnu les faits qui lui sont reprochés au cours d'un procès éprouvant pour les parties civiles, Guy Georges est finalement condamné à la perpétuité en 2001 pour le meurtre de 20 personnes. A la suite de cette affaire, le fichier national automatisé des empreintes génétiques sera mis en place en France. En effet, un tel moyen de recoupement des ADN, à l'époque des faits, aurait pu permettre de confondre Guy Georges après son 5e meurtre.
Lieu
Quartier de la Goutte d'Or
quartier de la goutte d'or
75018 Paris 18
Tarifs
Gratuit