C'est au coeur du discret hôtel Maison Mère, installé dans une rue dérobée à deux pas du square Montholon, que le restaurant Nectar a ouvert les portes de sa ruche, véritable petit labyrinthe aux nombreux recoins qui invitent à l'intimité. Chaises en velours, tables en marbre, néon qui diffuse sa ténébreuse lumière rouge ; la décoration soignée est signée Alexandre Danan jusqu'à ce bar imposant, tout en courbes, autour duquel les petites abeilles s'activent.
Premier pilier de l'adresse, la mixologie. Derrière le bar, le chef barman Marvin Landro, formé à la Mezcaleria de l'hôtel 1K, imagine une carte de cocktails faits sur-mesure, au discours fantasmagorique. Baptisée Chimère, cette carte de savants breuvages se découvre autant avec la bouche que les yeux et le nez. Marvin Landro invite les curieux à ouvrir un petit coffret de bois qui renferme, dans de petits flacons, les éléments composant les 6 cocktails qu'il est bon d'humer avant de choisir son philtre.
Avec leur nom évocateur de voyages et leur animal imaginaire attitré, les cocktails sont harmonieux et colorés, qu'il s'agisse de l'Aselia (mezcal infusé au jalapeno, shrub poivron jaune-ananas, liqueur de yuzu, verjus, soda ananas, bitters BBQ) ou du cocktail sans alcool le Zao (atopia, cordial concombre-quinine, agua fresca pomme, cidre désalcoolisée).
Second pilier du restaurant, la cuisine. Derrière les fourneaux, le chef Aurélien Lasjuilliarias, passé par le Georges V et les Résidents après avoir quitté sa Drôme natale, dévoile une carte de saison, en parfait accord avec son idée d'une cuisine vertueuse qui respecte autant la nature que l'humain, et sa démarche zéro gaspillage.
"Parce que la cuisine de demain sera avant tout durable et responsable, soucieuse des saisons et des ressources naturelles, mettant en avant les circuits courts et les productions vertueuses, j’ai développé au fil des années un réseau de confiance auprès de fournisseurs engagés" détaille le jeune chef qui signe une carte pour le printemps des plus attrayantes.
Exit les légumes racines et les courges qui n'ont que trop duré cet hiver, on découvre avec délice sur la carte de Nectar les premières asperges mais aussi les premiers petits pois frais de la saison. Lisible, la carte se divise en 4 temps, le végétal, la mer, la terre et la touche finale ; mais il est également possible d'opter pour la table de partage, une sélection d'assiettes choisies par le chef, à partager entre convives (54€ par tête).
Printanières et très délicates tartelettes aux petits pois, févettes, oignons nouveaux et poudrée de laurier (13€) ; asperges vertes encore croquantes, mariées à un sabayon tagète et un praliné pistache qui fait décoller l'ensemble (15€) ; tarama signature qui n'a rien de classique, avec des sommités de chou-fleur coloré, du combawa et des oeufs de poisson (13€) ; anguille fumée Ikéjimé, texturée d'une fine gelée et d'algue nori toastée (12€) ; c'est bon, joliment dressé, et les produits du terroir ont la liberté de s'exprimer.
De même pour le tartare de veau, huile de noisette et poutargue (14€) pour un terre-mer qui tranche et qui étonne par sa présentation dans un os à moelle ; un peu moins pour les plin d'agneau, des ravioles typiques du Piémont accompagnées ici d'un pesto d'ail des ours et d'un bon jus - on aurait apprécié une pâte moins épaisse, mais c'est une pecadille pour cette carte très réussie.
Pas de dessert pour nous, et c'est bien dommage, mais les assiettes de partage nous ont suffi. Pour les nostalgiques des clubs de jazz du Paris d'antan, Nectar organise des jeudis jazzy, toutes les semaines de 19h à 22h. Une belle occasion de découvrir les cocktails chimériques et les assiettes bistronomiques du lieu.
Ce test a été réalisé dans le cadre d’une invitation professionnelle. Si votre expérience diffère de la nôtre, merci de le signaler dans les commentaires.
Lieu
Nectar chez Maison Mère
7 Rue Mayran
75009 Paris 9
Site officiel
www.maisonmere.co
Réservations
www.maisonmere.co
