Depuis cette annonce de reformation en septembre 2024 et ce show survitaminé à Paris La Défense Arena, Linkin Park semble vivre à mille à l’heure. Côté concerts, le groupe de rock alternatif sillonne les routes du monde entier avec des performances données notamment à Bogota, São Paulo, Mexico City, Tokyo ou encore Austin, sans oublier à Munich pour la finale de la Ligue des Champions. Côté disques, Linkin Park ne chôme pas non plus, avec la sortie d'une version surprenante et instrumentale de "From Zero", mais aussi la publication d'une édition Deluxe de ce disque, où l’on retrouve entre autres le morceau « Up From the Bottom ».
Avant de s’envoler vers l'Amérique du Nord pour une série de 25 dates et avant un retour sur le Vieux Continent au printemps 2026, Linkin Park a donc fait escale ces dernières semaines dans 14 villes européennes, mêlant stades et festivals. Le 23 juin dernier, le groupe était d’ailleurs à Clisson en clôture du Hellfest, livrant un set quelque peu décevant. Mais peut-être était-ce lié à l'annulation de dernière minute du groupe deux jours auparavant à Berne en Suisse, en raison d'un « problème médical au sein du groupe ».
Pris de cette furieuse envie de retrouver l’énergie folle et l’euphorie du concert assuré à Paris La Défense Arena en novembre 2024, il était impossible de faire l’impasse sur ce nouveau concert de Linkin Park, donné ce 11 juillet 2025 au Stade de France. D’autant plus qu’il s’agissait de leur première performance dans cette enceinte francilienne et de leur dernier show estival en Europe. Nous voilà donc, ce vendredi soir, dans les gradins du Stade de France, impatients de vibrer une nouvelle fois au rythme de leurs nombreux hits.
Mais avant d’assister au retour de Linkin Park à Paris, le public a pu patienter grâce à, non pas une, mais bien deux premières parties. Après un set du rappeur américain JPEGMafia, One Ok Rock prend le relais dès 19h50, sous un tonnerre d'applaudissements. Le groupe est loin d'être inconnu dans la capitale, notamment auprès de la jeune génération. Cette formation japonaise de rock a notamment déjà investi les salles parisiennes du Trianon, de l’Olympia ou encore du Zénith de La Villette. Le combo sera d’ailleurs à l’Accor Arena en octobre 2025 dans le cadre de son « Detox European Tour ». Avant cela, One Ok Rock investissait donc le Stade de France en tant que première partie de Linkin Park, rien que ça ! Et le groupe japonais a fait monter la température d’un cran avec son énergie communicative et ses morceaux ultra dynamiques, clairement inspirés de Linkin Park. On notera la présence de Colin Brittain, invité à venir jouer de la guitare sur le morceau « We Are ».
Peu avant 21h00, le Stade de France est plein à craquer. Dans la fosse et les gradins, les t-shirts à l’effigie du groupe sont nombreux. Jeunes adolescents ou quadragénaires, Linkin Park réussit à rassembler plusieurs générations autour de sa musique. Dans le public, l’excitation monte peu à peu. Une ola générale est lancée. Un compte à rebours de 10 minutes, déclenché à 21h05, s'affiche alors sur les écrans géants. Il n'en faudra pas plus pour mettre les fans dans tous leurs états. Plus les minutes passent et plus l'ambiance est électrique, tandis que résonne dans l'enceinte francilienne un extrait du générique de la série "Emily in Paris". Puis, à 21h15, Alex Feder, Colin Brittain, Dave "Phœnix" Farrell et Joe Hahn montent sur scène les uns après les autres, avant d'être rejoints par Mike Shinoda et Emily Armstrong, lunette de soleil vissée sur le nez et arborant un bermuda noir pour l'occasion. Une horde de téléphones portables se lève alors dans la fosse, histoire d'immortaliser cette entrée de scène.
Et c’est avec « Somewhere I Belong », un classique du groupe rendu célèbre à l’époque par Chester Bennington, que le combo débute son set. Le groupe enchaîne rapidement avec l'entêtant « Crawling » puis « Up From the Bottom », extrait de l'édition Deluxe de "From Zero". Les fans se mettent alors à acclamer Emily Armstrong et à crier son prénom sans relâche. Visiblement touchée par tant d'amour, la chanteuse ne tarde pas à leur adresser en retour un cœur avec ses mains. De son côté, Mike Shinoda tente de prendre la parole, mais il est rapidement coupé par des spectateurs en liesse. "Vive la France" lance alors Emily Armstrong en français.
« Lying From You » résonne ensuite au Stade de France, suivi du puissant « The Emptiness Machine ». Magique de voir que ce morceau, paru seulement en novembre 2024, donne lieu à autant de ferveur en live. Viennent ensuite « The Catalyst », « Burn It Down », « Stained », sans oublier l'excellent « Two Faced », avec Emily Armstrong et Mike Shinoda en grande forme sur l'avancée de scène... Rapidement, on comprend que Linkin Park va nous faire voyager dans le temps, faisant aussi bien honneur aux chansons les plus récentes, qu'aux anciens tubes qui ont marqué toute une génération dans les années 2000. Ce vendredi soir, les hits s'enchaînent donc, avec à chaque fois cette énergie folle de la part de Linkin Park et cette ambiance survoltée dans le public. Quelques circle pit prennent d'ailleurs forme dans la fosse. Le groupe, comme les spectateurs, est aux anges, profitant de chaque seconde.
Après le mashup « When They Come For Me/Remember The Name », assuré avec brio par Mike Shinoda, changement d'ambiance. « Let me out, set me free... » hurle Emily avec sa voix rauque. « Casualty », morceau le plus énervé de "From Zero", retentit au Stade de France devant un public déchaîné. L'euphorie gagne encore davantage les fans lorsque sonnent les premières notes de « One Step Closer », hit auquel se joint d'ailleurs le chanteur de One Ok Rock. « Casualty » et « One Step Closer » : voilà deux titres qui démontrent toute la puissance vocale d’Emily Armstrong. Sa voix éraillée et explosive nous captive et nous fascine. Si beaucoup avaient encore des doutes quant à ses prouesses vocales, la chanteuse efface toute incertitude et met tout le monde d’accord.
Sur scène, la complicité entre Mike et Emily est évidente. Alors que le premier chante, avec toujours ce large sourire aux lèvres, la seconde danse et sautille. Pendant que le premier s'offre un petit bain de foule et dessine sur une feuille de papier le futur tatouage d'un fan à sa demande, la seconde improvise et entonne "Immigrant Song" de Led Zeppelin.
Et cet enthousiasme est loin de retomber. Pur moment de jouissance lorsque le groupe enchaîne avec force et énergie « Numb » puis « In the End », repris en chœur par les 80 000 spectateurs du Stade. Pour l'occasion, Emily n'hésite pas à arborer un béret parisien et à s'enrouler dans un drapeau tricolore, jetés par la foule peu de temps avant. Les fans exultent dans le stade. Bien sûr, on ne peut s’empêcher de penser à Chester Bennington. Mais Emily Armstrong ne cherche en rien à copier son prédécesseur et réussit à porter avec style et énergie ces hits indémodables grâce à sa voix si singulière. On ne peut que saluer sa performance, qui n’est pas encore terminée. Grosse claque également lorsque la chanteuse interprète « Papercut », telle une lionne enragée, puis le hit surpuissant « Heavy Is the Crown », sublimé par un hurlement rauque et jubilatoire de plusieurs secondes. À se demander quel est son secret pour ne pas se casser la voix.
La nuit est désormais tombée en Seine-Saint-Denis et le show a pris une autre dimension avec les lumières qui illuminent le stade, les lasers qui survolent la fosse, les jets de CO2 et les deux cubes suspendus au-dessus de la scène, retransmettant des images live du concert et des visuels.
C’est avec le dynamique « Bleed It Out », et sous une pluie de confettis, que Linkin Park décide de terminer ce set ô combien puissant, survolté et réussi. Au bout de deux heures environ, on en ressort avec ce sentiment que nous avons assisté au meilleur de leurs trois concerts donnés en France depuis l'automne dernier, devant Paris La Défense Arena et le Hellfest.
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