Confinement retardé : le pari risqué de l'exécutif

Par · Publié le 1er février 2021 à 22h02
Alors que la Covid-19 et ses nouveaux variants continuent leur propagation en France comme partout ailleurs en Europe, le gouvernement a confirmé dans la soirée du vendredi 29 janvier 2021 sa volonté d'attendre encore quelques jours avant de prendre une décision ferme dans la lutte contre l'épidémie, afin d'étudier toutes les autres pistes encore envisageables. Pour les scientifiques et médecins, le scénario d'un reconfinement reste plus que jamais inévitable au regard de la gravité de la situation sanitaire.

"Les prochains jours seront déterminants". Comme l'annonce Jean Castex lors d'une conférence de presse, ce vendredi 29 janvier 2021, le gouvernement choisit le retardement plutôt que le "reconfinement imminent". Alors que le Journal du dimanche annonçait en choeur avec les scientifiques et médecins l'immédiateté d'un troisième épisode de confinement en France pour lutter contre la propagation de l'épidémie du Covid-19, l'exécutif préfère s'accorder encore un peu de marge de manoeuvre.

Pour l'heure, "l'idée c'est de gagner du temps, de limiter la casse" explique le ministre de la Santé Olivier Véran toujours au Journal du dimanche, deux jours après la sortie médiatique du gouvernement. Même refrain chez le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui estime sur BFMTV que "le moindre jour de confinement qu'on peut éviter aux Français, il faut qu'on le prenne"

Pour l'exécutif, une dernière porte de sortie de crise semble s'ouvrir avant l'issue inéluctable d'un nouveau confinement : attendre, et regarder les chiffres. Olivier Véran avance que l'épidémie connaît une "légère décélération" des contaminations, et surtout que la circulation des variants est "moins intense qu'à l'étranger". En bref, il faut encore "observer, durant quelques jours, ce qu'il va se passer", affirme le médecin. Ce mercredi 3 février, un nouveau Conseil de défense sanitaire doit permettre de trancher définitivement à ce sujet. 

En coulisses, on s'active pour éviter le pire, "quoi qu'il en coûte" comme dirait Emmanuel Macron. Le chef de l'État "veut jouer sur tous les paramètres" confie son entourage au Monde. "Il y a un chemin qui permet de tenir, sans le confinement. Cela passe par les vaccins, les traitements, le respect des gestes barrières, un renforcement du traçage et de l'isolement, du télétravail, des contrôles de police..." avouent ses proches. 

Impératif sanitaire, à des fins politiques ? 

Sauf que pour les épidémiologistes, médecins et scientifiques, toujours en première ligne sur l'observation des lignes ennemies du virus, il y a comme une forme d'urgence. Pour Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne, "on pourrait vivre avec (le virus) si la situation ne changeait pas", indique-t-il au Monde. Avant de fortement nuancer : "mais on sait que cette situation va évoluer avec l'arrivée des variants et on reste malgré tout à un niveau de circulation globalement très élevé". "Plus on attend, plus on s'expose à des mesures difficiles", conclut le professeur.

Seulement, il y a aussi la pression forte et constante subie dans les hôpitaux, notamment par les services de réanimation. Dans son dernier bulletin épidémiologique du 28 janvier 2021, Santé Publique France note une importante hausse des hospitalisations et des admissions dans ces services. "Je crains que nous soyons dans un biais cognitif bien connu de la crise, celui de refuser d'envisager le scénario le plus sévère", s'inquiète Bruno Riou, directeur de crise à l'AP-HP.

Pourtant, chez les politiques, on se soucie davantage de l'impact d'une telle décision sur l'opinion publique plutôt que les hôpitaux. "Si ça fonctionne, qu'on n'a pas besoin de confiner, ce sera un joli coup politique, et on reconnaîtra que le président a eu raison d'aller à contre-courant", indique un proche de Macron au Figaro.

En ce sens, un autre ministère confie à nos confrères que "si ça s'emballe et qu'on doit reconfiner dans quelques jours, on sera contents d'avoir envoyé Castex et non pas Macron à la télé" vendredi soir. Le troisième confinement semble comme un pari risqué, à doubles tranchants... Avec au bout du compte presque toujours les mêmes perdants : les Français. 

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