Covid, le patient zéro un employé du laboratoire de Wuhan ? L'OMS réclame à la Chine les données

Par Rizhlaine de Sortiraparis, Cécile de Sortiraparis · Publié le 16 août 2021 à 9h49
Quelle est l'origine du Covid-19 ? Désormais l'OMS juge la piste de la fuite d'un laboratoire de Wuhan probable et il serait possible que le patient zéro de l'épidémie en soit un employé. L'Organisation Mondiale de la Santé demande à la Chine les données sur les premiers cas de coronavirus.

Plus d'un an après le début de l'épidémie de coronavirus, on ignore encore précisément la cause qui a engendré cette pandémie. Des enquêteurs de l'OMS se sont rendus à Wuhan dans l'espoir de pouvoir identifier le point de départ de la crise sanitaire. L'hypothèse de l'accident de laboratoire a été vite écartée et la piste d'une transmission de l'animal à l'homme, probablement la chauve-souris, a été privilégiée.

Cependant dans une lettre publiée dans Science en mai 2021, 18 biologistes estiment que la piste l'accident de laboratoire ne doit pas être écartée. Ils jugent que la conclusion de l'OMS n'est pas scientifiquement justifiée. Les enquêteurs avaient par ailleurs déclaré que l'hypothèse du laboratoire était hautement improbable.

Dans cette correspondance, les scientifiques déclarent que cette dernière piste a été étudiée de manière superficielle et réclament une nouvelle enquête indépendante portant sur l'ensemble des origines probables de la Covid-19. Pour eux, les hypothèses liées aux laboratoires doivent être prises avec autant de sérieux que les origines naturelles. Ils souhaitent également que les laboratoires et agences chinoises ouvrent leurs dossiers à des analyses indépendantes

Parmi ces 18 biologistes, on trouve des chercheurs marseillais, qui ont pour eux des arguments très convaincants. Étienne Decroly, virologue et co-signataire de la lettre publiée dans le magazine Science, a réalisé une étude poussée de la protéine "Spike", celle qui permet au virus de pénétrer dans nos cellules et de s'y multiplier.

Au regard de ces travaux, le chercheur et ses confrères ont dans un premier temps pensé que le Covid-19 était le résultat d'une mutation naturelle. « À ce moment-là, nous nous disions qu'il s'agissait d'une évolution naturelle. Puis nous nous sommes plongés dans la littérature scientifique et nous avons vu que l'essence même des travaux de l'Institut de virologie de Wuhan était de modifier les virus pour comprendre les franchissements de barrières entre espèces », explique Étienne Decroly à nos confrères de l'Express.

Ce premier élément pousse les chercheurs à s'interroger. Bruno Canard, ami et collègue du virologue, mentionne également une étude publiée par les scientifiques travaillant au laboratoire de Wuhan le 13 février 2020. Cet article décrit le Sars-coV-2, près d'un an avant que la maladie ne se propage sur la planète. « Ils ont présenté une figure de la spike, mais ils l'ont coupée de manière à masquer ce site de clivage par furine. Ces chercheurs sont les meilleurs experts, et ce point crucial leur aurait échappé ? Pour moi, c'était inexplicable », argumente le chercheur.

Les deux scientifiques et leurs confrères se disent très frustrés des influences politiques qui gênent le travail des chercheurs. « Nous voulions remettre de la science dans ce débat, montrer de façon rigoureuse qu'il ne fallait laisser aucune hypothèse de côté », affirme Étienne Decroly.

Depuis les appels à étudier cette piste de manière plus appuyée. Lorsque les enquêteurs de l'OMS se sont rendus en Chine, l'accès au laboratoire de Wuhan ou aux données sensibles leur aurait été refusé. Plusieurs pays dont les États-Unis réclament de la transparence de la part de la Chine. Cette dernière de son côté estime que cette hypothèse relève de théories complotistes. 

Mi-juillet, Tedros Adhanom Ghebreyesus le directeur de l'OMS a réclamé un audit des laboratoires se situant dans les zones où les premiers cas de covid ont été détectés. Jeudi 22 juillet 2021, la Chine réagit de manière défavorable et rejette la demande. Le vice-ministre chinois de la Santé, Zeng Yixin dénonce un " manque de respect pour le bon sens et une arrogance envers la science". Pour l'heure le pays n'autorise donc pas la poursuite de cette enquête.

Peter Embarek, chef de la délégation Internationale de scientifiques chargés d'enquêter en Chine a depuis indiqué auprès de la chaine danoise TV2 que l'une des hypothèses les plus probables serait que le patient zéro du covid-19 soit l'un des employés du laboratoire de Wuhan. De son côté l'OMS demande à nouveau à la Chine la possibilité d'accéder aux données liées aux premiers cas de covid et de permettre un réexamen d'échantillons. Une requête qui a été à nouveau rejetée, la nation y voyant là une approche plus "politique" que "scientifique".



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