Covid : deux personnes décédées après avoir contracté le variant delta dans le Gers

Par Cécile de Sortiraparis · Photos par My de Sortiraparis · Publié le 26 juin 2021 à 15h04
La menace d'une quatrième vague se fait sentir : le variant delta (ex-variant indien) circule activement sur la grande majorité du territoire français. Deux personnes de 42 et 60 ans sont décédées dans le Gers après avoir attrapé ce variant.

Le variant delta va-t-il provoquer une quatrième vague épidémique à la fin de l'été 2021 en France ? Ce virus circule très activement dans de nombreux pays d'Europe. Mardi 15 juin, les autorités de santé françaises ont révélé des statistiques alarmantes : le variant Delta représente actuellement entre 2 et 4% des cas de Covid-19 en France, soit 50 à 150 nouveaux cas par jour. Les Landes sont particulièrement touchées, avec plus d'une centaine de cas avérés, représentant 30% des contaminations.

Didier Couteaud, délégué départemental de l'ARS Nouvelle-Aquitaine, expliquait lors d'un point presse relayé par LCI, que sur 250 tests positifs au Covid-19 dans les Landes, les chercheurs ont trouvé 114 cas avérés et 134 cas probables de contamination au variant Delta. « On n'a qu'une partie des résultats mais dans 99% des cas, c'est bien le variant Delta qui ressort. Le variant Delta progresse mais on est dans une baisse du nombre de cas positifs dans le département. C'est que ce variant mange les autres, entre guillemets », détaille le responsable.

Depuis, la situation a empiré : le variant delta a dépassé les frontières des Landes et se déplace sur tout le territoire français. Les scientifiques estiment même que l'on ne connaît pas totalement l'ampleur de cette diffusion, qui serait bien plus importante que les estimations actuelles.

Ce vendredi 25 juin, l'ARS Occitanie déplore la mort de deux personnes, décédées après avoir contracté le variant delta. Ces deux victimes n'étaient pas vaccinées. « Parmi les neuf premiers cas possibles de variant Delta identifiés en deux semaines dans le Gers, 2 cas ont été confirmés à ce jour par séquençage génomique. Ils concernent des personnes âgées de 42 et 60 ans qui sont décédées, malgré leur prise en charge au Centre hospitalier d’Auch. Ces personnes n’étaient pas vaccinées, en dépit d’un état de santé marqué par des facteurs de risque », a indiqué l'agence dans un communiqué.

L'ARS incite tous les Français à se faire vacciner, et notamment ceux qui sont à risque face au virus. Le vaccin permet d'éviter les formes graves du Covid-19.

« Des dispositifs de dépistage sont ouverts à tous dès ce samedi matin. 14 000 doses de vaccins Pfizer sont disponibles pour protéger tous ceux qui le souhaitent dans les centres de vaccination »rappelle l'agence de santé d'Occitanie. « Face à un variant qui progresse rapidement, tout se joue maintenant pour cet été et pour la rentrée », conclut l'ARS dans son communiqué.

Le Royaume-Uni comme modèle d'observation

Des scientifiques du CNRS, de l’Institut de recherche pour le développement, et de l’université de Montpellier (Hérault) ont mené conjointement un travail de recherche sur ce variant. Selon leur étude, prépubliée le 20 juin et en attente de révision par la communauté scientifique, la fréquence du variant delta en Île-de-France à la mi-juin pourrait avoir déjà dépassé les 10%. Les chercheurs ont également calculé que ce variant est entre  67 % et 120 % plus transmissible que les autres mutants.

La communauté scientifique observe donc avec attention la situation au Royaume-Uni : « Ce qu’il s’est passé avec le variant Alpha [ex-variant anglais ndlr] en Grande-Bretagne est ensuite arrivé en France. (…) Le plus important est de voir l’évolution dans le temps et d’observer ce qu’il se passe ailleurs pour savoir comment le variant Delta s’installe », explique-t-il. « On sait qu’il y a de fortes chances qu’il devienne majoritaire », prévient Jonathan Roux, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, interrogé par nos confrères du Parisien.

Les scientifiques craignent donc l'apparition d'une quatrième vague épidémique en septembre. Mais ils veulent aussi rester optimistes : « On peut agir dès maintenant, tant que sa présence est encore faible. Il faut faire du séquençage, du criblage, du traçage en amont et en aval, et proposer de l’isolement efficace », affirme Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

La vaccination - efficace contre les formes les plus graves du Covid-19 - devrait également permettre de garder le contrôle de l'épidémie, notamment en empêchant la suroccupation des hôpitaux. L'été, avec ses températures chaudes qui offrent plus d'activités en extérieur, pourrait aussi empêcher la propagation de ce variant.

Les chercheurs ont également constaté que ce variant affecte plus les moins de 50 ans (dans 63% des cas) et les personnes non vaccinées (dans 66% des cas). « Moins de 10% d'entre eux ont un schéma vaccinal complet (2 doses, ndlr) qui, pour certains, ne date pas forcément de 15 jours (avant contamination, ndlr) », explique Didier Couteaud, qui insiste donc sur l'importance des vaccins face au virus et ses variants.

Le variant Delta se manifeste d'abord par un mal de tête, un mal de gorge, un écoulement nasal et de la fièvre. Ensuite surviennent les problèmes de toux et de perte d'odorat et de toux. Le plus souvent, ce virus nous donne l'impression d'avoir un mauvais rhume. Les personnes malades ne se méfient donc pas et continuent leurs sorties, facilitant la propagation du virus. En cas de doute, faites-vous tester rapidement et isolez-vous en attendant les résultats. 

Pourquoi le variant indien a-t-il été renommé "variant Delta" ? L'Organisation mondiale de la Santé a décidé, lundi 31 mai, de renommer les variants afin qu'ils soient plus précis scientifiquement, et moins discriminants. « Il y a une stigmatisation de ces territoires et de ces populations. Les personnes vont penser qu’un Britannique a plus de chance d’avoir le variant anglais qu’une autre personne dans le monde, ce qui n’a pas de sens », explique la chercheuse en sciences de gestion à l’École des hautes études en Santé publique Marie-Aline Bloch, dans 20 Minutes.

Ces nouveaux noms permettent de mieux identifier les variants (il y a par exemple deux variants détectés en Inde, qui portent désormais des noms différents) et ne reposent pas sur des "approximations géographiques". De plus, utiliser des termes grecs permet d'uniformiser le nom de ces variants pour tous les pays.

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