Gérard jugnot et gérard lanvin dans envoyés très spéciaux

Par · Publié le 14 janvier 2009 à 13h59
Franck Bonneville (Gérard Lanvin) et Albert Poussin (Gérard Jugnot) sont respectivement reporter et technicien pour la station de radio R2i. Dans son film "Envoyés très spéciaux", Frédéric Auburtin raconte en substance l'histoire d'une prise d'otage bidon, l'occasion de produire au cinéma, un duo qui fonctionne plutôt bien. Rencontre avec Gérard Jugnot.

Le 21 janvier, on va vous retrouver à l’affiche de « Envoyés très spéciaux ». C’est une comédie sur une prise d’otage bidon. Vous jouez le rôle d’un technicien de radio. Ce personnage de Poussin, est-ce qu’il pourrait être le cousin ou le frangin du personnage que vous jouiez dans « Tandem » ?


Gérard Jugnot : Oui, c’est Riveto, c’est le même personnage. Poussin est un technicien mais le film est plus moderne car ils sont dans une grande radio généraliste, qui pourrait être RTL, ou Europe 1. Lui est très balaise. C’est
un personnage moins désuet que le personnage de « Tandem », qui est un film que j’adore. Mais là on est dans une comédie. Ça serait « Tandem » qui rencontrerait « Pour cent briques tu n’as plus rien », dans lequel il y a une prise d’otage d’ailleurs. Ce genre de « buddy movies », films de potes ou films de couples, qui existent depuis Laurel et Hardy, Martin et Lewis, Weber, « Marche à l’ombre », j’en avais très peu fait. J’en ai fait un avec Auteuil. Il était temps qu’on se retrouve avec Gérard. On n’avait pas tourné vraiment ensemble. Ça me manquait. En plus le faire à nos âges, c’est un plus parce qu’on a le vécu. Si on avait fait ce film à la trentaine, il aurait été plus chimique, moins vécu, moins porté et moins senti. Alors que là, c’est une comédie et en même temps je pense qu’il y a de l’émotion dans les rapports de ces personnages. Evidemment, il y a le thème de ces types qui mettent le doigt dans un engrenage, ils se retrouvent couillonnés et sont obligés de bidonner. Ils ne le font pas par cynisme mais pour sauver leurs vies parce qu’ils ont commencé à mentir. C’est le principe des comédies. Quand on commence à mentir, il faut mentir encore. Il y a donc cet aspect là, avec une petite satire des médias et des journalistes, mais très légère. A mon avis, ce qui marche le plus dans le film, c’est le rapport entre les deux, l’éternel « le con et le moins con ». Finalement, le plus con est parfois le moins con… Les rapports s’interfèrent. Avec Gérard, on est rentré là dedans sans problème. Je trouve que Gérard a la carrure de Ventura. Il a le côté « mec qui encaisse ». Ce qui est épatant dans le film c’est qu’il a un secret. Il m’a un peu trahi avec ma femme mais je ne le sais pas. Je l’apprends par la suite. Il me supporte parce qu’il culpabilise d’avoir fait cette connerie. C’est d’autant plus jubilatoire. Je crois que la comédie repose sur la jubilation. C’est deux mecs qui ne doivent pas se rencontrer, qui vont se supporter et qui racontent une histoire de folie. Ils se retrouvent embringués dedans et ça se termine à Bagdad. Je trouve ça très excitant. Le plus difficile dans les comédies, ce sont les scénarios. Là, on a un scénario avec une histoire qui commence et qui se termine. Je suis admiratif, je n’arrive pas tout le temps à en écrire pour moi, des scénarios avec une mécanique implacable comme chez Feydeau.

Vous disiez Gérard qu’il y a « le con » et « le moins con ». Ça fait penser à l’emmerdé et l’emmerdeur. Est-ce que les personnages et l’univers de Francis Weber sont une référence pour vous pour ce film ?
Oui, bien sûr mais Weber n’a fait que reprendre ce qui existait avant lui. Je parlais de Dean Martin et Jerry Lewis, Laurel et Hardy, ce sont les duos et il y a toujours eu ça. Weber l’a magnifiquement transcendé avec Pierre
Richard et Gérard Depardieu. Mais Simon Michaël et Jacques Labib qui ont écrit le scénario, avaient déjà écrit « Les Ripoux ». Donc il y avait déjà ce duo entre Lhermitte et Noiret. Ils ont aussi écrit « Association de malfaiteurs »… Je trouve qu’on est dans cette lignée assez classique de la comédie « buddy movie », mais en même temps, on est totalement en prise avec l’époque. Ça parle de choses qu’on voit tous les jours à la télé. C’est ça qui donne l’originalité du film.

Votre personnage s’appelle Albert Poussin. Est-ce que c’est facile d’avoir des rêves de grandeur quand on s’appelle Poussin ?
Le personnage est attachant. C’est un technicien, un mec qui a existé puisqu’ils se sont inspirés d’un mec de RTL. C’est un petit bonhomme, un technicien, qui est tombé sur Valérie Kaprisky et qui s’est un peu vanté « Je
travaille à la radio… ». Elle s’est intéressée à lui et il l’a épousé. C’est un mec qui est très amoureux, il a une femme qu’il trouve très belle. Il a une espèce de culpabilité, il ne se sent pas à la hauteur. Du coup, cette aventure va le grandir, lui permettre de passer de « poussin » à « poulet ». Il va même épater sa femme. Il y a une très belle trajectoire dans ce personnage, qui est un personnage qu’on prend pour un couillon ou un naïf, le cocu de service, et qui va devenir le héros. Il va permettre aux deux de s’échapper. Il va souvent donner les bonnes idées malgré lui. C’est lui qui fait avancer les choses et il épate Lanvin. A la fin, il a ce geste d’héroïsme. Nous spectateurs on sait qu’il n’y avait aucun risque mais il a quand même fait un geste héroïque.

Est-ce que vous avez retrouvé un peu l’esprit du tournage de « Casque Bleu »? Il y a des petits ponts entre les deux films. C’était sur les Balkans et là c’est plus sur l’Irak.
Oui, c’est vrai qu’il y avait une prise d’otage. « Casque Bleu » est un film qui donne plus dans la compassion. Dans les films que je fais, j’aime bien mettre plus de sentiments. Je crois qu’on est plus proche de « Cent briques… », « Marche à l’ombre », ou « Le boulet », des films comme ça, ou des films de Weber. Des films de couple. C’est « L’emmerdeur ». Il y a eu plein de films comme ça. Gérard a fait beaucoup de duos. Moi j’en avais fait assez peu. J’en ai fait un avec Auteuil, un avec Morel. Sinon dans mes films, je suis souvent avec une femme, ou un groupe. Donc ce côté « buddy movie » me plaisait. Et surtout de le faire avec Gérard, qui est un acteur immense.

Justement, les Buddy Movies ne vous ont pas vraiment proposé ce genre de rôle jusqu’à présent ou c’est par choix ?
Non, on ne me l’a pas proposé. Si, il y a eu « Tandem ». Mais on me proposait des tandems avec des gens d’âges différents. J’ai fait un truc avec Noiret, avec Rochefort. Ça, c’était différent. Dans notre métier, on essaie de varier les plaisirs. Là c’était un vrai plaisir de jouer avec Gérard, Omar qui est très drôle, Anne Marivin que j’adore, Valérie Kaprisky… Il y a vraiment une belle distribution. C’est un film jubilatoire. Moi je l’ai vu et ma fiancée qui n’avait rien vu s’est marrée comme une folle. J’attends vraiment de voir le film dans des grandes salles avec le public, mais je pense que si les gens viennent pour s’amuser ils vont beaucoup s’amuser. C’est jubilatoire. C’est la mécanique implacable du Vaudeville, un mec qui ment et qui s’enferme.

A très bientôt, devant ou derrière la caméra ? Les deux peut-être ?
Je suis en train de mixer mon nouveau film qui s’appelle « Rose et noir ». C’est un film en costumes qui se passe il y a très longtemps et qui parle de choses contemporaines. Ça parle des fous de Dieu. Heureusement, ça n’existe plus...

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