Éric Lavaine sur Plancha : "ce que j'essaye de faire, c'est de créer un spectacle distrayant"

Par Julie de Sortiraparis, Nathanaël de Sortiraparis · Publié le 26 octobre 2022 à 12h44
Eric Lavaine, réalisateur du film Plancha (suite de Barbecue) qui sort au ciné ce mercredi 26 octobre 2022, revient sur cette nouvelle comédie et son amour du cinéma dans une interview accordée à Sortiraparis.com.

Après Barbecue sorti en 2014, l'ensemble du casting, à l'exception de Florence Foresti, est de retour pour des vacances qui ne vont pas du tout se passer comme prévu dans Plancha, à découvrir au cinéma dès aujourd'hui ! Éric Lavaine, son réalisateur, s'est confié au micro de Sortiraparis.com et nous parle de ses choix artistiques et de l'écriture de cette comédie à la fois drôle et émouvante, à ne pas manquer au ciné cette semaine.

L'interview d'Éric Lavaine, réalisateur de Plancha : 

 

Sortiraparis : Est-ce que vous pourriez commencer par présenter le film en quelques mots ? 

Éric Lavaine : Alors le film, c'est Plancha, c'est la suite d'un film que j'avais fait il y a quelques années qui s'appelait Barbecue. Donc on retrouve une partie de la bande d'amis qui étaient dans Barbecue et qui partent en vacances. Ils sont censés partir en Grèce mais le vol est annulé et du coup, ils se rapatrient chez Guillaume de Tonquédec, en Bretagne, qui a un manoir. Et ils vont expérimenter une partie des vacances sous la pluie, donc une sorte de confinement estival. Après, il fait très beau. La Bretagne est un beau pays. 

Pourquoi avoir fait une suite ? 

É. L. : J'ai fait une suite en fait, parce que j'avais plusieurs choses... L'intérêt de faire une suite, c'est que les personnages existent déjà, donc on n'est pas obligé de les représenter. Je trouvais intéressant aussi de voir l'évolution des personnages, puisque ça fait, on va dire que ce film il y a quatre ans ou cinq ans après Barbecue, donc ce sont les mêmes et ils ont quand même un peu évolué et j'avais envie de les confronter une nouvelle fois, puis avec des nouvelles problématiques puisque la première fois, on était sur une sorte de crise existentielle de Lambert Wilson et qui le faisait payer à tout le monde. Et là, on est sur quelque chose d'un peu plus soft. Mais Lambert est quand même toujours la crise et quelque part, il en fait pâtir un peu les autres. C'est un peu ce que je suis dans la vie. D'ailleurs, je m'en excuse auprès de mes amis, de temps en temps, je peux être de très bonne humeur et parfois être de moins bonne composition... Et donc voilà, c'est quelque chose que j'avais envie de rencontrer, de raconter. Je trouve ça intéressant ces groupes d'amis parce qu'il se passe toujours des choses. Et je me suis surtout aperçu d'une chose, c'est qu'on a... Quand on voit les amis, généralement, c'est que dans des bons moments, c'est-à-dire qu'on fait un dîner, on fait un déjeuner au soleil, on part en vacances, mais quand on part en vacances souvent il fait beau, donc on est à l'extérieur, on est moins les uns sur les autres. Et là, qui est à cause du mauvais temps au début du film, une vraie confrontation avec un peu d'ennui, avec donc des choses qui vont se dire, je trouvais que c'était un cadre très intéressant. 

Qu'est-ce qui le différencie des autres films de genre ?

É. L. : Des films choraux ? Mais en fait, ce qui les différencie, c'est que vous savez, c'est comme en musique, en guitare où avec trois accords, vous pouvez faire tout le répertoire des Beatles et pourtant aucune chanson ne se ressemble. Et là, je dirais que ce qui le différencie, c'est que je raconte autre chose. Je raconte l'évolution d'un groupe, il y a toute une partie sur les tests ADN puisqu'en fait maintenant tout le monde peut faire des tests ADN et on trouve ça toujours très drôle, mais on voit pas les dégâts que ça peut créer si vous vous apercevez qu'en fait un de vos enfants n'est pas le vôtre par exemple. Il y a des thèmes qui me sont chers parce que disons qu'on est plus dans une forme de... On a les thèmes habituels qu'on peut avoir de petites tensions entre amis, mais à notre époque, en 2022. Par exemple, il y a toute une histoire sur les groupes WhatsApp. Je sais qu'on est tous dans des groupes WhatsApp, mais quand vous apercevez que dans un groupe WhatsApp, vous n'en faites pas partie, ça peut être douloureux. De la même façon, je suis toujours étonné quand, dans un groupe WhatsApp, vous recevez un message : "Gérard a quitté le groupe" ce qui est hyper violent. Donc il y a tout. Ce sont des thèmes, j'ai envie de dire des thèmes éternels, de l'amour, la jalousie, l'angoisse de la mort, mais avec les problématiques de 2022 ou 2023. 

La réussite professionnelle. 

É. L. : Et la réussite professionnelle. Ça, c'est quelque chose qui m'intéressait beaucoup. C'est que Franck a divorcé de Florence Foresti parce que j'avais envie d'introduire quelque chose d'intéressant. C'est un couple dans lequel la femme est totalement la vedette, c'est-à-dire que très souvent, on est un peu encore - Sandrine Rousseau adorerait ce que je vais dire - on est encore dans une société un peu où dans les groupes d'amis, souvent, de temps en temps, les hommes ont la vedette alors qu'il n'y a pas de raison. Et Franck a décidé, donc s'est remarié avec une jeune fille un peu plus jeune que lui, qui visiblement travaille dans la même société, était sans doute son assistante ou une secrétaire. Et puis elle est tombée enceinte et il a dit : "Puisque je gagne suffisamment ma vie, tu vas rester à la maison." Sauf qu'à la maison, elle a eu un enfant, elle s'est occupée de son enfant. Elle a eu l'idée d'un site, une sorte de baby Vinted ou elle revendait les fringues de son enfant. Et elle a revendu son site et elle a fait fortune. Et d'un seul coup, ça devient un peu la vedette du groupe. Donc on a cet homme mâle blanc de 55-60 ans, Franck, qui a peur de perdre son job et qui était en fait une sorte de phénix et qui, d'un seul coup, voit sa femme passer devant lui. Alors, à la fois, on peut être très très heureux, mais en même temps, ça peut créer des jalousies. Et en fait, j'ai vraiment fait le contrebalancement de ce que les hommes peuvent être et ce que moi, par exemple, je suis dans ma famille. C'est ça que j'ai tendance, de temps en temps et je m'en excuse, à décider un peu pour tout le monde. Mais même quand vous décidez des trucs positifs, c'est ce que vous dites : "Je vous emmène. J'invite toute la famille en voyage", mais vous n'avez pas posé la question est ce que ça vous intéresse d'aller à tel endroit ou tel endroit ? Vous avez décidé vous-même sous prétexte c'est vrai que peut-être, c'est vous qui payez donc chacun doit faire comme vous le souhaitez, mais en fait, c'est extrêmement violent, comme truc. Et Caroline Anglade, la nouvelle femme de Franck, se comporte un peu comme ça. Elle a de l'argent et elle a par exemple décidé sans qu'il visite une maison, de changer de maison. Ça semble extrême, mais c'est une situation que j'ai connue et d'ailleurs, dans le film, il y a beaucoup de choses qui me sont arrivé. Par exemple ce cadeau d'anniversaire fait par la femme de Lionel Abelanski, Valérie Crouzet, qui, en gros, comme cadeau commun, décide de mettre une de ses œuvres et demande de l'argent à tout le monde. Moi, je l'ai vécu. Le problème, c'est qu'ensuite vous pouvais pas dire non mais au nom de quoi estime ton œuvre de 100, 200, 500, 1 000 € ? 

C'est drôle, puis assez touchant en même temps... Elle ne pense pas mal et elle a envie de bien faire. 

É. L. : Et c'est très touchant. Mais évidemment, c'est la particularité, ils sont tous très touchant. On a tous une phase dans ce qu'on est, on a un petit côté sombre, mais on a aussi un côté un peu plus lumineux. Et ils l'ont tous, même Lambert qui est assez, qui semble assez down a quand même un côté un peu flamboyant de temps en temps. 

Beaucoup d'images poétiques sur la Bretagne. Pourquoi la Bretagne ?

É. L. : La Bretagne ? Pour des raisons... Je suis très attaché à la Bretagne parce que j'y ai passé beaucoup de temps. Je me suis marié en Bretagne au siècle dernier, il y a très, très très longtemps. Je suis toujours avec la même Bretonne et j'adore la Bretagne parce qu'il y a un côté... Une grande partie n'est pas défigurée, quand on a la chance d'avoir du beau temps en Bretagne, c'est un pays absolument merveilleux. Et avec le réchauffement climatique, il fait de plus en plus beau et je trouve que ça fait partie de toutes ces régions françaises. J'ai eu la chance, moi, de tourner bah Barbecue dans les Cévennes, j'ai tourné, Retour chez ma mère dans le Midi où j'adore la région de Marseille. Comme je peux choisir, moi, je choisis les endroits que j'aime et les gens les endroits qui, en plus, cinématographiquement parlant, vont être beau. Moi, le granit, cette pierre noire, le manoir, cette alternance de soleil, de nuages, de pluie, je trouve que la Bretagne, ça a quelque chose de magique. Et j'en ai même rajouté une petite sauce avec les Contes et légendes de Bretagne qui tombe sur un terrain parano de Franck Dubosc qui voit des présages bretons absolument partout. 

J'ai entendu parler d'un prochain, peut être Wok en Thaïlande ?

É. L. : C'est ça, c'est tous les comédiens. C'est très égoïste, mais c'est un grand bonheur de retrouver tout le monde. Et on s'est dit "Tiens, on peut effectivement décliner les vacances entre amis dans d'autres endroits." Donc oui, après Barbecue dans les Cévennes, Plancha en Bretagne, Wok en Thaïlande, pourquoi pas, ou Raclette ou Pierade à la montagne ? C'est seulement si j'ai un bon sujet, parce qu'encore une fois, voilà, il faut...Mais j'adorerais peut-être que dans quelques années, on fera ça. 

Qu'aimez-vous particulièrement dans Plancha et que vous aimeriez transmettre aux spectateurs qui pourraient aller voir le film ?

É. L. : Moi ce que j'aime dans Plancha vous voyez par exemple, il y a toute une chose... Lionnel Abelanski fait tout un discours sur le classement qu'il y a à l'intérieur du groupe d'amis. C'est qu'en fait, dans les groupes d'amis, vous apercevez en fonction du groupe où vous êtes, vous avez une note. C'eest-à-direque vous vous apercevez d'une chose par exemple dans un groupe d'amis quand il y a un mec, le mec pas drôle, tristus, s'il sort une bonne vanne, peu de personnes rient. Par contre, le mec est considéré comme drôle, il sort un tout petit truc, tout le monde est mort de rire et on a tous une image, un classement. Il y a la fille, l'éternelle célibataire, le gaffeur, celui qui a une grosse réussite professionnelle et on a ce cclassement-là Et je trouve ça intéressant de le dire et de le formuler. Donc je le formule dans le film parce que c'est un truc dont on ne parle jamais. Donc, à l'intérieur de ces groupes d'amis, en fait, le problème des amis, c'est un peu comme la famille. On ddit, onne choisit pas, on ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis. Le problème, c'est qu'au bout de 20 ans, les amis, ça devient comme une famille, donc avec à la fois beaucoup d'aamour, maisaussi des petites jalousies. Et il faut faire avec... Et donc en fait, le truc, ce que j'essaye de faire, c'est de créer un spectacle distrayant. C'est pour ça que s'il y a des choses, c'est une forme de comédie. Il y a quand même des choses drôles, mais ou les gens se retrouvent et c'est assez proche. Quand j'ai fait Retour chez ma mère, tout le monde se reconnaissait, les petites jalousies intrafamiliales. Et là, on retrouve aussi les petites tensions qu'il y a dans les groupes d'amis. 

Justement, qu'aimeriez-vous que les spectateurs ressentent en regardant le film ?

É. L. :  Ce qui me plaît beaucoup, c'est quand les gens ne se reconnaissent pas, mais ils connaissent très bien les autres, mais ils ne se voient jamais, donc ça me fait toujours plaisir. Je parle de Retour chez ma mère, mais une fois que j'avais été à la fin d'une projection, il y a une femme qui vient me voir, qui est me dit : "c'est incroyable ! Mathilde Seigner, dans le film - Mathilde était assez méchant dans le film - Mathilde Seigner, c'est exactement ma sœur." Et puis il y a une autre bonne femme, qui arrive et qui me dit "Oh là llà, maisc'est iincroyable, maisMathilde SSeigner, cest exactement ma sœur" et en fait les deux qui me parlaient, c'éétaientdeux sœurs. DDonc, voilà c'est ça qui me plaît, c'est qu'on a tendance toujours à se voir un peu plus rose, que l'on est !

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