NO : le bonus de la semaine

Par · Publié le 7 mars 2013 à 12h17
Ce mercredi 6 mars, Gael García Bernal dit NO au gouvernement de Pinochet... Et nous on dit SI à ce nouveau film de Pablo Larrain.

Chili, 1988. Le gouvernement de Pinochet suscite de nombreuses contestations à l'international. Le général a pris la tête du pays en 1973 sans autre forme de procès qu'un putch évinçant ainsi Salvador Alliende, élu démocratiquement. Montré du doigt par l'ONU, il organise un référendum en 1988 destiné à ratifier son prochain mandat de huit ans. Profitant de cette opportunité, l'opposition s'allie pour mener une campagne publicitaire et inciter les gens à voter contre Pinochet. 

C'est le contexte historique dans lequel se déroule NO. René Saavedra (Gael García Bernal), jeune publicitaire talentueux est sollicité pour mener à bien ce projet. Pour la première fois, les anti-Pinochet accèdent aux médias et bénéficient, au même titre que le partie en place, du même temps de parole à la télé. Risquée autant qu'inespérée, cette campagne fait ressortir deux idéaux politiques : celui des employés se battant pour le non et celui des employeurs qui voteront oui pour préserver leur niveau de vie et faire naître des pressions pour la sécurité des membres de l'opposition et leurs familles.

Tourné en 3-4 UMATIC, le grain du film surprend parfois : aux images du film s'entremêlent des images d'époque. Pour assurer une continuité entre les deux matériaux, il a donc fallu à Pablo Larraín, réaliser un long-métrage au format des années 80. Un choix troublant qui confère à NO une esthétique singulière, donnant l'impression d'un vieux film de vacances contrastant pleinement avec la situation dans laquelle sont plongés les protagonistes. Le calme ambiant, la lumière, les paysages, offrent le visage d'un Chili tranquille et paisible. C'est l'inverse que le pays est en train de vivre.

Pour avoir une chance de secouer les consciences, René (personnage fictif) pousse son équipe à imaginer une campagne positive, anti-thèse du gouvernement de Pinochet, anti-thèse du non. Où ils auraient pu simplement dénoncer le despote de Pinochet et ses ravages humains : les morts, les disparus, les torturés, les exilés..., ils s'inscrivent dans une stratégie publicitaire apolitique, suivant les codes d'un spot traditionnel made in USA : musique, entrain, couleurs... Le non est vendu comme processus vers la démocratie, et la démocratie comme un produit intrinsèquement lié au bonheur. 

Démarche téméraire qui a valu au Chili de se défaire de l'emprise de Pinochet et nous offre aujourd'hui un film à la hauteur des enjeux de l'époque. 

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