Sur ce plateau, comme un gynécée, comme une arène ou comme un doux jardin japonais, une foule de femmes.
Leurs corps, leurs âmes, leurs totems, leurs démons.
Ça fait du monde!
Miroir en contre jour d’une scène de bain au Harem qu’aurait pu peindre Eugène Delacroix, on y hume les effluves d’une douceur totale, irréversible. Le récit de la vie au petit matin sur l’Ile endormie et le chant suspendu du quotidien quasi immatériel de Stella Loko (comédienne), l’intimité pudique mais jubilatoire des vers de Baudelaire habités par Marie-Paule Laval (comédienne), la tendresse et le cadeau fait à l’âme par la voix de Chico Antonio (musicien, chanteur), le sentier évanescent tracé par un Bebson Elemba (musicien, chanteur) épicène.
Puis, encore, comme si l’on s’immisçait dans la chambre de Sardanapale, derrière, à côté, au-dessus, avant ou après.
La Brutalité. La Sauvagerie parfois. Celle des désirs mais aussi celle des angoisses qui rongent, qui hantent, qui soulignent l’humanité et la percute de plein fouet. L’obsession morbide hurlée par Eronia Malate (comédienne), la peur au ventre exhumée par Yoko Higashi (musicienne), la honte détrônée et rendue ridicule par Big Sandra (comédienne) et le poids monstrueux des infimes langueurs du quotidien porté par Assucena Manjate (comédienne).
Et puis la circulation. Incessante. Les ballades de cour à jardin, les retrouvailles au centre du plateau, les moments de doute à la lisière du ring décidé par Bill Kouélany (scénographe).
Jamais dehors, pas vraiment dedans.
La propagation aussi. Imperturbable. Lignes électroniques en boucle, saxophone en transmission de pensée, airs de jazz déchirés et réinventés par Guy Villerd (compositeur, musicien).
La révolution enfin. Inévitable. Ecrits, palabres, sons et destins en rotation à l’infini dans l’espace clos et immense d’une pièce de théâtre. Comme un divin réceptacle.
Du 5 au 21 novembre,
le lundi, mercredi, samedi à 19h30,
le mardi, jeudi, vendredi à 21h00.
21 euros