Interview : amadou et mariam

Par · Publié le 4 février 2009 à 10h54
A l'occasion de la sortie de leur nouvelle album " Welcome to Mali ", nous avons rencontré Amadou et Mariam. Après le succès du "Dimanche à Bamako", ils étaient très attendus.
Votre nouveau disque s’appelle « Welcome to Mali ». Est-ce une invitation à venir visiter votre pays ?

Mariam - Oui, c’est une invitation à visiter le Mali. Les Maliens sont des gens très accueillants. On invite tout le monde à venir au Mali pour voir ce qui s’y passe.
Amadou - Oui, parce que le Mali est un pays à visiter, de par sa culture, sa civilisation, sa géographie, l’accueil des Maliens… Il y a plein de bonnes choses à voir au Mali.
Il y en beaucoup d'invités sur ce nouvel album. Est-ce que c’est parce que de plus en plus de gens s’intéressent à vous ou parce que vous êtes de plus en plus ouverts aux autres ?

Amadou - Je pense qu’on est très ouverts. On voyage beaucoup, on a des facilités pour rencontrer des gens. De par notre ouverture, nous aimons bien les mélanges, et les gens s’intéressent à notre musique. Les deux se conjuguent. Mariam - Oui, c’est les deux. Beaucoup de gens veulent chanter avec nous, mais nous aussi on veut chanter avec beaucoup de gens, d’ethnies, d’horizons, de pays…
L’album est ouvert par « Sabali », qui est un titre très electro, réalisé avec Damon Albarn. C’est vous qui lui avez dit de vous emmener aussi loin ?

Amadou - On a rencontré Damon en l’invitant sur un morceau qui s’appelle « Ce n’est pas bon ». Il a fait les claviers. Il a aussi trouvé que ça serait génial qu’il y mette du sien.
Mariam - J’ai composé la chanson « Sabali » sur sa musique et ça lui a plu. On l’a mise sur l’album. Les gens nous ont dit que ça leur plaisait.
Amadou - Nous aussi, ça nous a fait énormément plaisir parce que nous voulons ce genre de changement, ce genre de musique. Dans chaque album, nous voulons faire une différence du point de vue couleur.

Damon Albarn, qui est anglais, dit depuis des années qu’il aime la musique du Mali. Entre nous, est-ce qu’il connait bien la musique de Mali ?

Mariam — Oui, Damon Albarn connait très bien la musique du Mali. Il a été plusieurs fois au Mali. Il a aussi travaillé avec des Maliens, donc il connait très bien ce pays.
Amadou — Il est allé à de nombreuses reprises au Mali. Il a travaillé avec des musiciens comme Afel Bocoum et d’autres. Il aime bien la musique malienne et chaque fois qu’il en a l’occasion, il trouve des cassettes et écoute de la musique malienne. Il va à des concerts. On peut dire qu'il connait bien la musique malienne.
Comment s'est passée la rencontre avec Keziah Jones ?

Mariam — On a rencontré Keziah Jones à Nioc. On était allé rendre hommage à Fila. On a fait de la musique ensemble et ça lui a plu. On l’a invité au Mali pour le festival Paris Bamako et il est venu. Sa voix nous plait beaucoup. On l’a invité dans notre album et il a chanté avec moi sur « Unissons-nous ».
Amadou — Il est du Nigéria, il connait bien l’afrobeat et il a aussi fait de la guitare. En tant que guitariste on l’aime bien. On avait déjà écouté sa musique avant. On a un bon feeling.
Il y a un Français sur cet album, c’est -M-. Comment s’est faite la rencontre avec -M- ?

Mariam - On a rencontré -M- en 1997. On a voyagé avec lui, c’est le premier qui s'est intéressé à nous. Il a fait plein de choses avec nous. A l’époque, Polygram organisait des voyages et on est allé ensemble à Londres. Sa voix nous a beaucoup plu, on l’a donc invité sur l’album Wati. Il est venu jouer de la guitare avec Amadou. Cette année, on l’a invité et il est venu chanter. Il est sympa. Il fait du rock aussi, comme nous. C’est un bon mélange.
Amadou - C’est un bon guitariste. Il aime bien le blues. Il aime bien Jimmy Hendrix. Un courant d’amitié s’est tissé entre nous. J’aime bien ce qu’il fait à la guitare, et il aime bien ce que nous faisons. On a bien travaillé ensemble.
Justement, Keziah Jones et -M- sont tous les deux guitaristes. Quand vous vous voyez, est-ce que vous échangez des plans de guitare ?

Amadou - Quand on se rencontre, on prend les guitares. Je fais une partie de solo, -M- me répond. On se partage des bons moments comme ça. Sur certains morceaux, comme « Je pense à toi », je laisse le temps à -M- de faire un solo. On s’estime et on s’aime bien en tant que guitaristes. On a un très bon feeling.

Sur votre album, il y a une chanson contre la démagogie et la dictature, qui s’appelle « Ce n’est pas bon ». Comment cette chanson a-t-elle été reçue au Mali et en Afrique ?

Mariam - L’album n’est pas sorti au Mali mais je crois que cette chanson sera la bienvenue.
Amadou - Ça ne vise pas que le Mali. C’est un discours qui dit ce que sont la démagogie et la dictature, ça concerne beaucoup de pays. Partout où il y a des politiciens, il y a ces maux-là. Au Mali, les gens seront contents. Même les politiciens disent ne pas aimer la démagogie. Ils disent qu’ils sont là pour le peuple. C’est un morceau pour tout le monde. Les gens qui se reconnaitront pourront trouver des solutions pour faire le bonheur des peuples.
Votre album précédent « Dimanche à Bamako » a été un énorme succès international et un très gros succès en France. Est-ce que ça vous a un peu intimidés au moment de travailler sur cet album ?

Mariam - Non, ça nous a encouragés pour nous remettre au travail et faire cet album « Welcome to Mali ».
Amadou - Ça nous a réconfortés puisqu’on jouait notre musique mais elle n’était pas connue de beaucoup de monde. Avec « Dimanche à Bamako », beaucoup de gens ont pu écouter notre musique et nous voir sur scène. Partant de cela, on s’est dit qu’on était sur le bon chemin. Ça nous a donné le courage d’aller de l’avant, de faire un autre album qui puisse confirmer notre musique et dire que la musique est universelle. Je pense que « Welcome to Mali », comme son nom l’indique, montre que la musique est très variée. Ça parle du Mali et d’un peu partout. Ça nous a encouragés à faire des rencontres, à jouer avec beaucoup de gens et à être nous-mêmes. On rêvait de sonorités, de styles, depuis qu’on était jeunes. Cette fois-ci, on a eu l’occasion de faire du rock et c’était bien.
D’où vient cette énergie positive qui fait que vous continuez à chanter l’amour après toutes ces années ?

Mariam - On s’aime beaucoup, on est amoureux donc on veut le partager avec tout le monde.
Amadou - On se fait plaisir en chantant des chansons d’amour. On expose nos problèmes aussi. Au-delà de cela, les autres aussi en profitent. On essaie de partager ces moments avec tout le monde pour dire qu’il est possible qu’on puisse s’aimer, qu’il y ait de l’amour sur cette terre. On donne de l’espoir aux gens, on essaie de faire en sorte que la vie soit belle. On essaie de partager ces moments-là avec le public, ceux qui nous écoutent et ceux qui viennent nous voir. Je pense que l’amour est important dans la vie.
Vous avez fait pas mal de tournées en France. Vous allez reprendre une tournée française. Vous avez l’impression que le public est très différent à Paris et en province ?

Mariam - Oui, c’est un peu différent. On a beaucoup d’amis à Paris alors qu’en province on ne connait pas beaucoup de monde. Quand on fait des concerts ici, on invite les amis, la famille. Mais les gens sont aussi sympas. Ils applaudissent, ils chantent avec nous. C’est l’essentiel.
Amadou - En province les gens nous aiment bien parce que notre succès est venu des Transmusicales de Rennes. Je pense que nous devons notre succès au public français. Ce qui fait la différence, c’est qu’on a commencé à Paris donc on a beaucoup d’amis. Avant d’en arriver à ce stade, on a joué dans de petits endroits. C’est plus intime quand on joue à Paris. On dit « bonjour » à untel, « bonsoir » à unetelle… C’est comme jouer pour la famille quand on joue à Paris. Mais les gens nous aiment partout en France, et surtout en Bretagne.
Le public breton est particulier ?

Amadou - En Bretagne, ils aiment bien notre musique. Pendant les Transmusicales de Rennes, on a joué notre morceau au moins trois ou quatre fois. On a fait beaucoup de festivals en Bretagne et on a toujours été toujours soutenus.
Mariam - Oui, on a commencé à avoir du succès là-bas. On ne peut pas les oublier.
Interview réalisée par Tele-vision ®

Amadou et Mariam seront ce soir, lundi 26 janvier en concert très privé au Musée du Quai Branly.


Informations pratiques

Dates et Horaires
Le 26 janvier 2009

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    Lieu

    Quai Branly
    75007 Paris 7

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    Accès
    Métro ligne 9 station "Iéna"
    RER C station "Pont de l'Alma"

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