Selon la compositrice, le titre de son dernier album fait référence à ces îles du Pacifique dont la permanence n'est jamais assurée, que les marées peuvent entièrement submerger pour un temps, que les éruptions sous-marines tentent au contraire de reconstituer suivant d'autres contours, que pour ces raisons on ne nomme pas autrement que par des nombres.
Par tout ce qu'il embrasse, je vois également dans ce titre une tentative métaphorique, d'une belle modestie, pour rendre compte du travail compositionnel - navigation toujours périlleuse, ne pouvant se fier à aucun repère, périple trouvant en soi-même son unique justification, ainsi que l'affirmait l'ancienne inscription d'un monastère de Tolède : « Pèlerin, il n'y a pas de chemin, il n'y a que le cheminement. »
Suivant la saison et suivant le point de sa côte où l'on aborde, l'ile n°41 offre des aspects toujours changeants au voyageur curieux. (Lui s'émerveille de ne jamais la reconnaître et son désir de la revoir s'en trouve renforcé.) Pareillement, à chacune des quinze « escales », la harpe révèle ici des visages insoupçonnés jusque là, car l'instrument, plus qu'aucun autre, a été figé dans des postures caractéristiques suivant les répertoires qu'il a servis et glorifiés. Ainsi, le sens commun l'associe peu volontiers au jazz ; à l'inverse, il n'imagine pas que la musique « celtique » puisse s'en priver ni que le grand répertoire français - nous dirions : de Marie-Antoinette à Debussy, pour fixer les bornes de son élégance - ait pu en faire l'économie.
Extrait des propos de Dominique Druhen.
A partir de 20h.
15 euros