D'abord annoncé pour la rentrée 2020 puis pour fin janvier 2021, le musical Les Producteurs a finalement connu sa grande première parisienne fin novembre 2021. Tout comme Starmania, Charlie et la Chocolaterie ou encore Le Roi Lion, la première de cette comédie musicale a du être reportée au vu de la situation sanitaire actuelle. Et, une fois n'est pas coutume, c'est le théâtre de Paris qui accueillera la toute première adaptation française des Producteurs, succès de Broadway, avec Alexis Michalik à la mise en scène. Un spectacle formidable, à nouveau prolongé, jusqu'au 26 juin 2022.

Les Producteurs est le musical le plus primé de tous les temps de Broadway avec 12 Tony Awards au compteur. Le spectacle musical Les Producteurs - créé à Broadway en 2001 et resté à l'affiche pendant 6 ans - est l'adaptation sur scène du film du même titre réalisé par Mel Brooks en 1967. Le réalisateur, primé de l'Oscar du meilleur scénario original, en a d'ailleurs cosigné le livret et la musique avec Thomas Meehan.

Dans Les Producteurs, Mel Brooks raconte l'histoire d'un producteur de Broadway en faillite, qui fait le gigolo pour soutirer de l'argent aux vieilles octogénaires fortunées. Avec son comptable tout aussi véreux que lui, ils ont l'idée de monter la comédie musicale la plus nulle possible afin de pouvoir bénéficier des assurances de spectacles en cas de flop. Mais, il va s'avérer que ce spectacle est finalement une réussite...

La comédie musicale Les Producteurs débarque donc pour la première fois en France, à Paris, et en français. Tâche était pour les auteurs de transcrire dans notre langue l'humour caustique et irrévérencieux de Mel Brooks. Alexis Michalik, qui, avec Les Producteurs, revient à ses premières amours, la comédie musicale, promettait un spectacle chorale dynamique (comme Edmond), avec une troupe de chanteurs, danseurs et comédiens.

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Dans la distribution des Producteurs, on retrouve Serge Postigo (acteur et metteur en scène de la version 2021 de Papy fait de la Résistance au théâtre de Paris), Roxane Le Texier (1789 : Les Amants de la Bastille, Belles de Nuit...), Andy Cocq (Les Faux British) mais aussi Régis Vallée (Le Porteur d'Histoire, Edmond...).

Côté équipe créative, le livret est signé Nicolas Engel (Chicago, Grease...), la direction musicale confiée à Dominique Trottein (Le Roi Lion, Chicago...) et les chorégraphies imaginées par Johan Nus (Ménopause, Noé la Force de Vivre...).

Notre critique :

La pari était osé, voire même un peu fou : adapter Les Producteurs en français. Un défi relevé très haut la main. Car si, en France, précédemment, on a pu voir des comédies musicales un peu cheap, force est de constater que le genre gagne ses lettres de noblesse et qu'en cette saison théâtrale les créateurs proposent des shows de haute volée. Et c'est aussi le cas des Producteurs, un spectacle musical qui nous met une grande claque.

Joué sans entracte et mené tambour battant par une joyeuse et talentueuse troupe d'une quinzaine d'artistes (comédiens, chanteurs, danseurs...), Les Producteurs nous transporte dans l'univers de Broadway. Et ce, dès le début, avec les musiciens (ici la musique est jouée en live) qui sont déjà présents sur scène dès l'entrée dans la salle, avant même le début du spectacle.

Les textes, dialogues et paroles, dans la langue de Molière, sont très drôles et truffés de références françaises (Le Roi Lion, La Comédie Française, Les Molière...). Parmi les pépites, on retient : "Un producteur peut de faire plus d'argent avec un four qu'avec un succès" ou encore "Je ne vais pas faire pipi, je vais faire carrière", dans la bouche du comptable Léo Bloom incarné par Benoît Cauden.

Les références sont partout : un grand escalier comme dans Chicago ou au Lido, une robe blanche comme dans 7 ans de réflexion pour Ulla (Roxane Le Texier). Beaucoup de clins d'oeil se cachent ça et là.

Dynamique, chorale, enlevé, le spectacle Les Producteurs offre des scènes visuellement très agréables. Les chorégraphies sont très inventives : un blues des comptables sur leurs tables à roulettes et une danse de vielles nymphomanes en déambulateurs font beaucoup rire, mais en mettent aussi plein la vue. Les décors, de Juliette Azzopardi, très beaux, hauts en couleur, amovibles et astucieux (descendant parfois du plafond) sont utilisés à très bon escient dans la mise en scène d'Alexis Michalik.

Mais le plus drôle, c'est certainement le musical choisi pour faire un flop, Des fleurs pour Hitler. Et c'est là tout le génie du spectacle : faire rire autour d'Hitler, un sujet pas aisé et touchy. Et, une fois encore, le spectacle, grâce à son équipe créative et ses interprètes, vise juste. Un "crétin de Teuton" en culotte bavaroise incarné avec brio par Régis Vallée, une bourrée nazie, des petites moustaches sur tous les visages, des danseuses dans des costumes de saucisses, bretzels et choppes de bières, un brassard rouge pailleté avec crois gammée... Le résultat est hilarant.

Bravo.

Un spectacle à voir de toute urgence.